Depuis quelque temps, le torchon brûle entre Apple et Goldman Sachs. The Information revient sur les raisons qui pousseraient la banque à chercher à se débarrasser de l’Apple Card. Pour rappel, la banque s’est associée à Apple pour lancer cette carte de crédit en 2019, mais elle aurait perdu beaucoup d’argent à cause de ce service et chercherait désormais à refiler la patate chaude à un autre acteur du marché. Reste à savoir qui serait assez fou pour se lancer, car si l’on en croit les informations rapportées par le site en général très bien renseigné, ce n’est pas une position particulièrement enviable.
Dès le départ, l’association de ces deux entreprises si différentes aurait posé quelques problèmes. Les sources des journalistes suggèrent que les dirigeants d’Apple et de Goldman Sachs auraient mal évalué la difficulté à combiner la culture de la Silicon Valley avec celle d’une banque traditionnelle de la côte est des États-Unis. D’un côté, on mettrait la priorité sur l’innovation, la qualité des interfaces ou encore le service client. De l’autre, le respect strict de la législation et surtout la rentabilité primeraient davantage.
L’entreprise californienne avait des exigences inhabituelles pour un tel service et la banque d’investissement new yorkaise aurait eu du mal à les satisfaire. Cela irait du design de la carte elle-même, en titane et avec le minimum d’inscriptions, jusqu’au souhait d’Apple de proposer des rapports financiers au début de chaque mois calendaire. Le processus de validation des clients mis en place par Goldman Sachs aurait aussi posé quelques problèmes.
Tim Cook en personne aurait reçu un refus, non pas en raison de ses moyens financiers comme on peut s’en douter, mais parce que la banque suspectait un faux compte. Une exception aurait été nécessaire du côté de Goldman Sachs pour que le CEO d’Apple puisse tester son propre service. Au-delà de cette anecdote, le processus de vérification aurait donné du fil à retordre au partenaire de la pomme, avec un nombre plus élevé qu’estimé de transactions refusées et même une polémique dans les premiers mois sur le sexisme du service. Goldman Sachs avait fini par prouver son innocence, mais l’affaire aurait entaché les relations déjà compliquées entre les deux entreprises.
Apple Card : on fait le point sur la carte de crédit d'Apple
Tous ces désagréments au lancement auraient été faciles à oublier si l’Apple Card était rentable, mais ce n’est manifestement pas le cas. The Information croit savoir que la banque a signé un accord qui lui était bien peu favorable sans en avoir nécessairement conscience. Goldman Sachs voulait à l’époque se lancer sur le marché de la banque grand public et trouvait l’idée de s’associer avec Apple parfaite pour se faire un nom rapidement. Sauf que le contrat signé avec son partenaire serait nettement plus défavorable que la moyenne, en raison du faible nombre de frais qu’elle pourrait prélever.
Ces frais sont en général la méthode de prédilection des banques pour gagner de l’argent. Goldman Sachs ne récupèrerait rien sur les transactions, les frais payés par les commerçants iraient entièrement à Apple. Du côté des clients de l’Apple Card, le service est gratuit si bien que la banque n’obtient aucun frais mensuel ou annuel. Elle ne peut pas non plus faire payer les paiements en retard ou ceux à l’étranger d’après le site. Les revenus seraient ainsi limités à quelques sources directes : une part du Daily Cash payé par Apple et des investissements permis par les paiements en plusieurs fois.
Ces revenus seraient bien trop faibles pour faire de l’Apple Card un produit financier rentable et puis Goldman Sachs souhaiterait se concentrer à nouveau sur le marché des entreprises et s’éloigner du grand public. Le problème, c’est que le contrat signé avec Apple rendrait la carte bien peu pertinente pour les autres banques qui pourraient être intéressées. L’une des clauses évoquées par The Information obligerait la banque à maintenir la carte sur le réseau Mastercard jusqu’en 2026 au moins, ce qui coupe court à toutes discussions avec American Express.
Peu d’acteurs du monde bancaire seraient prêts à accepter les conditions d’Apple, ce qui semble d’autant plus logique si le service ne peut même pas être rentabilisé. Une piste serait que la firme de Tim Cook en fasse davantage elle-même, en gérant les abonnements, la lutte contre la fraude et le service client, mais établir toute cette infrastructure prendrait du temps. Ainsi, The Information envisage que la rupture entre Apple et Goldman Sachs prenne autour de 18 mois avant d’aboutir.
Apple voudrait multiplier les services financiers avec sa propre infrastructure
Source : MacRumors