Numericable et SFR : peines maximales pour des retards de paiement

Stéphane Moussie |

Numericable et SFR ont tous deux été condamnés à une amende de 375 000 € pour des retards de paiement. Il s'agit de la peine maximale qui peut être décidée par la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).

Numericable et SFR ont été sanctionnés pour « des retards significatifs et répétés dans le paiement des factures de [leurs] fournisseurs ». Selon le code du commerce, les délais de paiement ne doivent pas dépasser 60 jours à compter de la date de la facture, ou 45 jours fin de mois.

mroach CC BY-SA

La DGCCRF explique que « [les retards] sont gravement préjudiciables à la rentabilité des entreprises créancières parce qu’ils leur imposent d’obtenir des financements de court terme auprès de leur banque. »

Les condamnations de Numericable et SFR ne sont pas vraiment une surprise. À la suite de l'acquisition du second par le premier, de nombreux fournisseurs se sont plaints de retards et de renégociations surprises. Le journal Les Échos rapportait en début d'année que pour chaque contrat, le tarif de base était revu à la baisse de 20 à 40 % (lire : Patrick Drahi impose une cure d'austérité à SFR-Numericable & Projets à l’eau et réorganisation houleuse : SFR, le bateau ivre ?).

En juin, Patrick Drahi, le patron d'Altice, la maison-mère du groupe Numericable-SFR, avait assuré qu'il n'y avait pas de problème de fond. « Il n'y a aucun impayé [...] Il arrive qu'il y ait un retard de paiement sur certaines choses car on n'a pas eu le temps d'étudier l'affaire », avait-il déclaré devant l'Assemblée nationale.

Le discours du président de SFR lors de la dernière conférence de presse du groupe a été d'une toute autre nature. Michel Combes a fait part de sa volonté de retrouver des relations sereines avec les fournisseurs et leur a fait miroiter la possibilité d'accompagner Altice sur ses nouveaux marchés, notamment les États-Unis.

avatar geo44270 | 

C'est bien de construire un empire à crédit en achetant tout et tout le monde. Il faudrait peut être penser à payer les petites mains qui permettent de le faire tourner.

avatar Vanton | 

De toute façon vu les remises consenties le couteau sous la gorge par les fournisseurs, cette amende ne représente pas grand chose... Drahi gagne quand même.

avatar Geoteck | 

Sur le sujet, il y avait un bon reportage de Vox Pop sur Patrick Drahi dimanche soir sur Arte.
A revoir sur ARTE +7 : http://www.arte.tv/guide/fr/060827-009-A/vox-pop?autoplay=1

avatar SugarWater | 

Le monde a changé et les peines ne sont plus dissuasives pour les grosses entreprises. Elles prennent leur calculette et prennent leur décisions... Il faudrait changer la loi pour avoir des mesures punitives envers les décideurs.

avatar arekusandoro | 

375K en tout ou pour chaque retard ? Car si c'est en tout...il s'en sort pas trop mal après avoir mis la pression sur certains qui n'ont pas forcément tous les moyens financiers d'un EDF (de mémoire)

avatar dumas75 | 

La pire des choses à faire !
Être abonné à SFR !!! :(
Beurk

avatar Mathias10 | 

C'est assez légion dans les grands groupes.

On retard au maximum les délais de paiement des fournisseurs et on réduit celui des clients.

L'objectif est d'optimiser les flux de trésoreries et le besoin de fond de fond de roulement(BFR).
Exemple :
•Fnac doit payer 200k euros à SFR dans 60j
SFR doit payer 200k euros à Microsoft(fournisseur) dans 30j
->sfr doit mobiliser 200k euros pendant 30j à un taux variable selon sa banque ou à un "coût d'opportunité" qui est l'argent que SFR aurait gagné en plaçant l'argent dans un autre investissement
**Optimisation...**
•Fnac paie 200k en 30j
SFR 200k à Microsoft dans 60j
SFR dispose de 200k en tresorerie qu'elle va investir et faire fructifier.

Dans la même veine Illiad (Free) réduit ses stocks de box au strict minimum et ramène à 60j ses dettes fournisseurs.

C'est de l'optimisation financière en interne et cela permet une plus grande performance dans les processus interne et réduit les coûts indirects , mais ça ne sauve hélas pas les emplois car les actionnaires en demande toujours plus et accessoirement cela met à mal les emplois chez mes fournisseurs. Chez un Microsoft cela n'est pas grave, chez un petit éditeur c'est catastrophique.

avatar ysengrain | 

Le délai de paiement des hôpitaux publics dépasse en moyenne 20 mois, je dis vingt mois.

avatar elbibou | 

@ysengrain :
Absolument. Dans le cas de Drahi on était pas loin des 300 jours

avatar NoxDiurna | 

Déjà à l'époque de Numericable, l'acheteur proposait un paiement sous 18 mois. Ce n'est pas une plaisanterie.

Naturellement, on a refusé de travailler avec eux.

avatar Ultranova | 

Et s'il n'y avait QUE numéricable/SFR dans ce cas, on pourrait en rire !!!

avatar tbr | 

Et pendant ce temps, l'Administration publique paie en temps et en heure (selon sa propre appréciation)...

avatar marc_os | 

Beaucoup d'entreprises françaises sont de très mauvais payeurs. Et plus l'entreprise est grosse, pire c'est. En 1996 j'ai travaillé sur un projet de CD-ROM produit par le groupe d'alors et qui n'exsite plus sous cette forme, donc je peux les nommer, HFG, Hachette-Fillipacci-Grolier. Pour moi qui venait d'une SSII, ou plutôt pour mon patron, pas de problème. Mais pour tous les autres, graphistes, DA, pigistes, etc c'était la croix et la bannière pour se faire payer.
- Allo, ça fait deux mois que je n'ai pas été payé. C'est normal ?
- Ah, je regarde. Ah désolé on ne trouve pas votre facture. Vous pouvez nous la renvoyer ?
C'était SYSTEMATIQUE. À chaque fois ils "perdaient" les factures. Une fois, ok, mais 2, 3 ou quatre fois, c insupportable, surtout quand la facture c'est le salaire ! Un jour le DA à dû menacer physiquement le "chef de projet" pour être payé !
Par contre, en Belgique c'est très différent. Les patrons belges sont bcp plus honnêtes que les français où même l'Etat et ses administrations montrent souvent le mauvais exemple en étant mauvais payeur.

avatar Orus | 

Retard de paiement ? Normal le magouilleur Patrick Drahi n'as pas de cash.

On sait tous comment cela va finir; c'est toujours le même scénario.

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