Orange a voulu se rapprocher de l'opérateur britannique Vodafone

Félix Cattafesta |

Finalement, le grand projet d'opérateur européen de Stéphane Richard ne verra pas le jour. BFM Business nous apprend qu'Orange a tenté de se rapprocher de l'opérateur britannique Vodafone avant que le projet ne soit stoppé net par l'État. Des discussions ont eu lieu entre les deux groupes pendant plus de 6 mois fin 2020 dans le but de créer un leader européen des télécoms. Mais finalement, le projet porté par le PDG d'Orange a capoté, en partie à cause de son implication dans l'affaire Tapie.

Stéphane Richard en 2013. Image LeWeb (CC BY).

Le verdict de l'affaire (dans laquelle le PDG d'Orange est impliqué) a participé à décourager l'État. S'il n'était pas encore sorti au moment des négociations, le gouvernement a eu le nez creux : la cour d'appel de Paris a sanctionné le patron de l'opérateur à un an de prison avec sursis et 50 000 euros d'amende pour détournement de fonds publics. De quoi faire une bien mauvaise publicité à l'éventuelle fusion.

Évidemment, ce n'est pas la seule raison : BFM explique que l'État (actionnaire à 23 % d'Orange) a également arrêté les négociations pour des questions politiques. « Vodafone ne voulait pas lâcher la gouvernance […] Il était hors de question que le siège d’Orange parte à Londres », confie une source proche du dossier. Il semblait en revanche plus intéressé par l'idée d'un siège dans un pays neutre, comme aux Pays-Bas.

Sur le papier, ce projet aurait pu permettre la naissance d'un géant européen qui aurait dépassé le leader actuel Deutsche Telekom. Si Orange se débrouille bien en France, en Belgique, en Pologne et en Roumanie, Vodafone a de l'avance en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Italie et en Hongrie. Une majeure partie de l'Europe aurait donc été couverte, avec cependant quelques difficultés en Espagne où les deux opérateurs se livrent à une féroce concurrence. Ils auraient sans doute dû faire quelques concessions pour obtenir le feu vert des régulateurs, comme par exemple céder des parts de marché.

L'Afrique était également dans le viseur du PDG d'Orange. L'opérateur français y est déjà leader dans 18 pays d'Afrique francophones (Mali, Cameroun…) là où Vodafone l'est dans huit pays anglophones (Afrique du Sud). Une fusion des filiales africaines avait été mise sur la table afin d'envisager un rapprochement plus vaste à l'avenir.

Le projet était facilité par le fait que les deux entreprises avaient alors des valorisations proches (autour de 30 milliards d'euros chacune), ce qui a permis d'amener les négociations « au plus haut niveau ». Ce n'est pas la première fois qu'Orange tente de se rapprocher d'un opérateur au poids équivalent : Stéphane Richard avait essayé une manœuvre similaire avec le groupe allemand Deutsche Telekom entre 2014 et 2016 quand le groupe pesait à peu près le même poids.

avatar heero | 

Au passage Orange BE va racheter le câble-opérateur wallon VOO (valeur: 1,8 milliard)

https://www.orange.com/fr/newsroom/communiques/2021/orange-belgium-entre-en-negociation-exclusive-avec-nethys-pour

avatar marc_os | 

« dans le but de créer un leader européen des télécoms »

On pourrait aussi écrire "dans le but de créer un monopole des télécoms".
Même si « ce projet aurait pu permettre la naissance d'un géant européen qui aurait dépassé le leader actuel Deutsche Telekom ».
Ah que c'est beau le capitalisme !
Heureusement qu'il y a quelque gendarmes, même s'ils agissent pour de "mauvaises raisons "(ici politiques) car ces voyous n'ont aucune limite. (Le capitalisme ne peut pas fonctionner sans croissance - et la planète et les pauvres dégustent.)

avatar Jakup | 

Non il n'y aurait pas eu de monopole européen, car en dehors de l'Espagne et de la Roumanie (où l'un des deux auraient du céder sa place à un opérateur tiers), Orange et Vodafone opèrent dans des pays différents.

Outre ces deux pays, le premier opère en France, Pologne, Slovaquie, Belgique, le second en Allemagne, Grande Bretagne, Irlande, Italie, Hongrie, Grèce (et pas mal d'autres)...

Et ce ne sont que des marchés séparés. Et la Commission Européenne veille à ce qu'au moins 3 opérateurs continuent de se faire concurrence sur chaque marché, pour éviter un duopole.

L'idée est de réaliser des économies d'échelle au niveau européen pour être plus compétitif et se mesurer aux GAFAM.

Perso je pense que c'est une excellente idée sur un plan économique et industriel, tout en garantissant le même niveau de concurrence.

Mais l'Etat actionnaire prétenduement stratège en a décidé autrement, pour des considérations d'un autre ordre.

avatar Korell | 

@Jakup

N’oublions pas non plus le leadership d’Orange en Afrique où de nombreux pays seront un vecteur de croissance pour les prochaines années.

avatar xfce | 

@Korell

Vecteur de croissance pour qui ?
Les grosses boites ? La Chine ? Les deux ?

avatar JLG47_old | 

Et si Orange faisait déjà bien ce qu’elle doit faire ici.
Combien de câbles qui traînent au sol!
Combien de câbles si mal fixés qu’il menacent la rupture!
Combien d’installation en attente de finition à cause de sous-traitants mal informés!
Le réseau cuivre comme fibre est dans un tel état qu’il menace ruine partout.

avatar Soner | 

@JLG01

Ah ça quand on veut des forfaits avec tout inclus pour 10€ y’a un moment ça passe plus. Mais bon j’espère y’a les français sont conscients de leurs chances.

avatar Dodo01 | 

@Soner

Oui tu as raison c’est encore trop cher.

avatar Jakup | 

Bref, le consommateur français aurait bien plus à perdre avec un retour à 3 opérateurs en France qu'avec une fusion Orange - Vodafone qui n'aurait pas affecté le marché domestique.

avatar Abd Salam | 

@Jakup

Pourquoi ne pas repolitiser le politique ?

Et que ce soit en tant que citoyen que l’on exige et/ou débatte ! organise la société (et donc entre autres les prix) ?

avatar onclebobby | 

Ouf, on a évité un malheur!

avatar victoireviclaux | 

"Il semblait en revanche plus intéressé par l'idée d'un siège dans un pays neutre, comme aux Pays-Bas."
Hmmm pour des raisons fiscales ? 🧐

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