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Test du BlackBerry Torch

jcvignes

mercredi 05 janvier 2011 à 18:10 • 16

Matériel

Dans notre quête du smartphone idéal avec un clavier utilisé en complément d’un iPhone, suite au test du Droid de Motorola, nous avons passé deux mois avec un BlackBerry Torch. http://static.igen.fr/img/2010/12//skitched-20110105-143417.jpg La suprématie des produits RIM en entreprise a longtemps été incontestable : distribués par centaines dans les entreprises pour leur système de messagerie propriétaire et leur solidité, ils se distinguent surtout par leurs claviers physiques hors pair, au point même que certains tapent plus vite sur ceux-ci que sur leurs ordinateurs. Des atouts indéniables qui ont sans doute poussé le constructeur canadien à s’endormir quelque peu sur ses lauriers : on a d’ailleurs appris récemment que la sortie du premier iPhone avait en son temps fait l’effet d’une bombe (lire : RIM : un vent de panique à la sortie de l'iPhone). Pendant ce temps, les smartphones Android et iOS grignotaient des parts de marché (lire : iPhone : 23 % des smartphones en entreprise) chez les cadres lassés de l’interface austère et sensibles aux sirènes du multi-touch (lire : Les BlackBerry en difficulté en entreprise). S’il n’est pas encore le produit de la dernière chance, le Torch doit donc relever ce double défi : préserver les points forts de RIM auprès des entreprises – un produit à l’interface « efficace » et taillé pour l’email – tout en se dotant d’un écran tactile comparable à ceux de la concurrence et d’un navigateur web enfin à la hauteur. À première vue, le Torch semble remplir ce cahier de charges. Côté matériel d’abord, avec un clavier physique qui reprend le format du 9700 – le haut de gamme de BlackBerry – allié à un écran tactile enfin réellement multi-touch qui fait oublier la catastrophe qu’était le Storm (lire : RIM lance son Storm sur l'iPhone). Côté logiciel, la nouvelle version 6.0 du système met l’accent sur la messagerie sous toutes ses formes – y compris Twitter et Facebook – et intègre un navigateur Webkit partageant donc les mêmes fondations que Safari Mobile sur iOS. Malheureusement à l’usage, ce pedigree ne suffit pas et la flamme tant attendue s’éteint bien vite. Prise en main décevante Tout le monde ne peut pas être Jonathan Ive, mais l’aspect tout en plastique de ce produit qui se prétend le compagnon de dirigeants d’entreprises est difficilement compréhensible. On ne sera pas fier d’exhiber le Torch comme on a pu l’être d’un iPhone 4 ou même de l’ancien Blackberry Bold au revêtement en cuir… En outre, si on peut lui pardonner son épaisseur et son poids liés au mécanisme à glissière (« slider »), on admet moins l’aspect presque fragile de cette dernière, et on regrette que la fermeture du téléphone ne permette pas non plus de raccrocher un appel – comme c’est pourtant le cas sur tous les téléphones non monobloc. Fermé, le téléphone est moins haut que l'iPhone 4, et seulement un peu plus large, c’est un bon point. Dans cette position, c’est l’écran qui prend toute la place, seulement orné des boutons classiques (décrocher/raccrocher, menu et retour) et d’un trackpad qui a de quoi surprendre sur un outil supposé tactile. http://static.igen.fr/img/2010/12//skitched-20110105-144805.jpg Autre symbole, l’écran de 3.2" qui ne dispose que d’une résolution de 480x360. C’est suffisant pour la plupart des tâches bureautiques et de navigation – on ne voudrait pas regarder de film HD sur ce smartphone quoi qu’il en soit –, mais c’est surtout une illustration supplémentaire du retard pris par RIM quand l’iPhone 4 arbore son écran Retina Display ou que le Dell Venue Pro – qui reprend le même principe de clavier slider – propose un écran AMOLED de 4.2" avec une résolution de 800x480. De même, si la course aux Gigahertz a encore moins de sens dans un téléphone qu’elle n’en avait dans un ordinateur, force est de constater que les 600 MHz du processeur du Torch sont sous dimensionnés pour ce que RIM prétend lui faire faire. Le « sablier » apparaît souvent et, pire, nous tapons parfois plus vite que ce que l’écran peut afficher ! Les mauvaises langues diront que c’est la rançon du vrai multitâche que BlackBerry supporte, lui, depuis des années, mais cela n’en est pas moins frustrant. La partie purement téléphone est bien meilleure : avec une autonomie de plus d’une journée en utilisation intensive (mail en push, WiFi, Bluetooth), le Torch est un auxiliaire efficace. Les tests sont toujours un peu empiriques, mais il nous a semblé beaucoup mieux accrocher le réseau (et le garder) que notre iPhone. Le son est bon en communication, y compris en main libre. Seule la gestion d’un kit Bluetooth est faible, mais devrait être corrigée par une mise à jour de l’OS. Un OS encombré Un peu enveloppé et assez lent, le Torch n’est donc guère séduisant au premier abord. C’est pourtant ce produit que le constructeur de Waterloo a désigné comme ambassadeur de la nouvelle version de son système d’exploitation. À l’heure où iOS 4 et Android 2.3 sont des évolutions très matures de leurs concepts respectifs vieux de quelques années, OS 6 de BlackBerry est le dernier avatar d’une progression de près de dix ans. Pas de révolution donc, pour ne pas brusquer les millions d’utilisateurs existants, mais quelques changements bienvenus. Ainsi, l’une des nouveautés phares de cette version est l’application « flux sociaux » qui a la bonne idée de regrouper les informations Facebook, Twitter, RSS et les conversations de messageries instantanées de l’utilisateur. Toutes ces informations restent cependant proposées dans autant d’applications séparées, avec chacune son icône qui arborera aussi sa propre notification de nouveau message… On a donc deux moyens différents d’accéder au contenu souhaité et des notifications séparées – qui font assez vite ressembler l’écran à un arbre de Noël – uniquement pour satisfaire aux canons anciens de l’interface BlackBerry. http://static.igen.fr/img/2010/12//skitched-20110105-145514.jpg De même, si on peut trouver le lanceur de l’iPhone trop rigide et celui d’Android trop fouillis, on reprochera encore à RIM de ne pas choisir ! Depuis longtemps en effet, l’écran d’accueil de l’OS BlackBerry affichait en permanence les quatre premières icônes de la liste d’application. Il suffisait donc d'en déplacer une en tête pour qu’elle soit affichée en permanence sur l’écran d’accueil, c’était rigide, peu sexy et clair, dans la plus pure tradition BlackBerry. Avec OS 6, RIM a voulu faire mieux et propose des catégories qu’on balaie de droite à gauche (tous, fréquent, téléchargement…), mais qui font que la même icône peut se retrouver dans trois ou quatre listes différentes ! http://static.igen.fr/img/2010/12//liste_d_applications-20110105-150529.jpg Autre incompréhension, alors que l’OS propose une vue « today » plutôt efficace – qui regroupe les rendez-vous du jour, les appels manqués, les courriers… – elle n’est accessible qu’en cliquant sur les icônes de notification en haut de l’écran, quand elles apparaissent, et pas dans l’écran de veille qui, au mieux, affichera une pendule…
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Applications : du choix et des canaux Avec un BlackBerry la notion de « communauté » n’est pas galvaudée. Les utilisateurs – qui se sont souvent vus imposer le téléphone par le service informatique de l’entreprise – s’entraident pour tirer le meilleur parti de la plateforme et on trouve des jeux, des interfaces différentes (malheureusement encore peu nombreuses sous OS 6) et une multitude d’utilitaires pour augmenter les capacités du produit. À ce sujet, citons par exemple AstraSync et NotifySync, deux applications différentes qui servent de clients ActiveSync complets et permettent au BlackBerry d’être pleinement compatible Exchange sans utiliser la solution lourde et propriétaire de RIM. Dans ce contexte, la question d’un App Store est moins pertinente : le constructeur canadien propose effectivement depuis peu une solution intégrée qui permet de chercher et télécharger des applications (avec un paiement par PayPal), mais cet App Store n’est qu’un moyen supplémentaire – et peu utilisé – de trouver des logiciels (lire : BlackBerry App World : 10.000 applications). http://static.igen.fr/img/2010/12//skitched-20110105-155130.jpg La plupart des applications seront de toute façon disponibles sur le site Web de leur éditeur respectif et téléchargeables directement sur le BlackBerry en entrant une adresse de type http://m.MonApp.com dans le navigateur. En outre, le nombre d’utilisateurs actifs fait que la plateforme BlackBerry est reconnue par les grands éditeurs, qui n’ont pas non plus besoin d’un App Store. On trouve ainsi une application Kindle, un lecteur SlingBox et deux douzaines de clients Twitter… Multimédia, mais pas trop Même si RIM est fidèle à ses vieilles recettes, il n’a pas échappé aux ingénieurs de Waterloo que leurs produits étaient utilisés par une population plus diversifiée que le « costard cravate ». C’est sans doute pour satisfaire ce nouveau public que la société propose un appareil photo 5 MP – qui, malheureusement, prend des photos plus que moyennes, surtout de nuit – et surtout un lecteur multimédia assez complet. Les chansons et les vidéos au format MP4 sont parfaitement reconnues pour peu qu’elles soient sans DRM. La taille réduite de l’écran fait paradoxalement merveille sur les vidéos qui apparaissent nettes et vives, dans des formats variés : MP4 donc, mais aussi MPEG, MOV et AVI. On peut aussi importer des photos dans la plupart des formats classiques et les utiliser comme diaporama dans le Dock fourni avec le téléphone. http://static.igen.fr/img/2010/12//skitched-20110105-155707.jpg Ce dock fait office de station de synchronisation et présente l’appareil à l’horizontale pour permettre de profiter de son écran tout le rechargeant. Par ailleurs, en installant le logiciel de synchronisation de RIM (lire : BlackBerry Desktop 2.0 : synchronisation Wi-Fi, photos et vidéos), on peut synchroniser en WiFi le contenu de sa bibliothèque iTunes, ou de sa photothèque iPhoto, ce que l’iPhone ne fait toujours pas. Une vraie réussite, même si la configuration est assez complexe. http://static.igen.fr/img/2010/12//BB_Desktop-20110105-151202.jpg L’autre grand apport de l’OS6 est bien entendu son navigateur basé sur WebKit, le moteur qui équipe déjà Safari et Safari mobile. Dans ce domaine le retard de RIM était patent et on ne peut que se réjouir de voir BlackBerry adopter ce qui est peu à peu devenu un standard de fait. Dans ce contexte la comparaison avec l’iPhone est bien entendu tentante. À l’usage, le navigateur nous a paru un peu moins rapide dans le chargement des pages, mais le rendu est très correct, le navigateur étant bien détecté comme un navigateur « mobile » (macg.co nous proposant d’ailleurs d’utiliser la version web optimisée iPhone). Le zoom par pincement est supporté et fonctionne bien, mais malheureusement le double tapotement pour recadrer un texte donne parfois des résultats catastrophiques en essayant de découper le texte en colonne (cf capture d'écran). Le navigateur de l'’iPhone reste souvent plus agréable à lire, même si celui du Torch est tout de même à classer dans les meilleurs de sa catégorie. http://static.igen.fr/img/2010/12//Safari_double_tap-20110105-151335.jpg Tout pour l’email ? Le BlackBerry a longtemps régné sans partage sur l’univers du « push mail » qui permet de recevoir des emails automatiquement. Cependant, l’iPhone comme les smartphones sous Android proposent une fonction similaire avec des comptes MobileMe, Yahoo, Gmail ou même Exchange. Pire, les produits de RIM nécessitent des modifications au niveau du serveur d’email de l’entreprise souvent soumis à une coûteuse licence supplémentaire, alors que ses deux concurrents s’accommodent des services existants. Vous pouvez aussi utiliser le service BlackBerry de votre opérateur téléphonique, mais dans ce cas les contacts et l’agenda ne sont pas synchronisés. Malgré tout, on constate toujours un vrai savoir-faire dans la gestion même des mails. De la gestion des drapeaux d’« indicateurs de suivi » qui est toujours inexplicablement absente d’iOS à la possibilité de téléphoner à l’expéditeur d’un email en un seul clic, la vraie force du BlackBerry est bien là. Le fait que certaines applications soient directement distribuées par RIM renforce aussi cette idée de cohésion : un message Facebook par exemple sera ainsi reçu directement dans la boîte aux lettres universelle, ce qu’Apple refuse toujours. Ces fonctions sont bien entendu épaulées par le clavier physique, vraie marque de fabrique du BlackBerry. Nous devons avouer être quasi incapables de taper un e-mail digne de ce nom sur notre iPhone et trouver les claviers horizontaux des smarthpones Android assez difficiles à manier. Le format portrait du Torch avec de vraies touches reprenant la forme habituelle de celles des meilleurs mobiles de la marque est très proche de la perfection. Malheureusement, le clavier pâtit lui aussi du format particulier du produit. D’une part le mobile est relativement imposant une fois « déplié » mais surtout, pour pouvoir se glisser sous l’écran en position fermée, les touches sont beaucoup plus enfoncées ce qui rend la frappe assez douloureuse et en tout cas moins précise. Le rang supérieur (AZERTY et les chiffres) bute en outre souvent contre le bas de l’écran. Cependant, ces défauts-ci ne nous semblent pas rédhibitoires et nous tapons toujours beaucoup plus vite sur ce clavier que sur un clavier virtuel, y compris d’ailleurs celui du Torch qui nous semble pour le coup bien pire que celui de l’iPhone.
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Ce dernier point illustre d’ailleurs le plus gros problème du Torch. On achètera ce produit pour profiter d’un clavier physique et d’un écran tactile, mais une fois le clavier physique apparent, il est moins intuitif d’utiliser l’écran tactile ! Les doigts posés sur le clavier rendent l’utilisation du trackpad plus évidente et on oublierait presque que l’écran est multi-touch. À l’inverse, on sera tenté d’utiliser l’écran en position fermée (pour lire un mail en le sortant de sa poche par exemple), mais nous nous sommes surpris à ouvrir le clavier presque à chaque fois tant le multi-touch peut être lent et imprécis… Retour à la case départ. En conclusion http://static.igen.fr/img/2010/12//BlackBerry_9800_BB-101-20110105-161846.jpgEst-ce parce que le design rappelle celui du Palm Pre ? Avec le Torch, RIM invite désespérément à la comparaison avec Palm : une société avec des millions de fidèles, sûre de ses acquis, mais qui semble incapable de se remettre en question à temps. Le Torch n’est pas un mauvais smartphone, c’est même un très bon BlackBerry : le clavier est toujours aussi efficace, les emails et le web fonctionnent sans accroc et le format physique du terminal a de quoi séduire. Si votre entreprise ne jure que par cette plateforme, ce n’est donc pas un mauvais choix, même si pour l’instant l’aspect tactile n’est pas assez mis en valeur et que le BlackBerry 9780 est plus rapide et profite lui aussi d’OS 6. En revanche, si on le compare à un iPhone, un Android ou même un Windows Phone 7, il devient difficile de recommander le Torch. En effet, tous ces concurrents proposent aujourd’hui des fonctionnalités similaires et font presque aussi bien sur les points clés, avec un avantage déterminant : eux regardent vers l’avenir.

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