La loi « anti-Amazon » définitivement adoptée

Anthony Nelzin-Santos |

Malgré les protestations de Bruxelles, le Parlement a définitivement adopté la loi « anti-Amazon », par un vote à l’unanimité au Sénat. Le texte, qui amende la loi Lang sur le prix unique du livre, interdit le cumul de la remise de 5 % et de la gratuité des frais de port.

Un entrepôt Amazon. Image Amazon.
Un entrepôt Amazon. Image Amazon.

Déposé par des députés UMP, le projet de loi « anti-Amazon » avait recueilli l’assentiment de l’ensemble des parlementaires de droite et de gauche, inquiets des conséquences du « dumping » d’Amazon sur les libraires français. Avec plus de 3 000 librairies, dont un cinquième sont indépendantes, la France dispose en effet d’un des réseaux les plus denses du monde.

Un réseau qui souffre de la baisse des ventes (-2 à -3 % en valeur entre 2010 et 2012) et doit multiplier les mesures d’économie. Alors que les librairies de quartier réduisent leurs stocks, Amazon propose près d’un demi-million de références en français, avec livraison rapide et gratuite. Naturellement, les ventes en ligne se multiplient, jusqu’à représenter 17 % du total — mais toutes celles qui sont réalisées chez Amazon sont déclarées, et donc imposées, au Luxembourg.

Cette nouvelle disposition légale n’encouragera malheureusement pas les libraires à poursuivre (ou ne serait-ce qu’entamer) la réflexion sur la nécessaire mutation de leur modèle économique, de leurs pratiques et de leurs services. Pire, elle concernera au premier chef un acteur français : la Fnac, dont l’entrée sur le marché de la librairie avait d’ailleurs motivé la création du prix unique du livre.

Amazon pourra en effet se réfugier derrière son service de livraison Premium (qui est bien payant), et sinon ne facturer la livraison qu’un centime symbolique. La Fnac a certes adopté une tactique similaire de contournement, elle qui a récemment lancé son service Fnac Express+, mais elle n’a pas la même capacité à soutenir une activité de livraison largement déficitaire.

La loi, expliquée par la communication du Sénat. Les livres devront être vendus à 100 % de leur prix sur internet (si la livraison est gratuite), alors qu'ils peuvent l'être à 95 % en librairie. Seuls les frais de port pourront être abaissés de 5 % : même avec des mesures de contournement de la part des distributeurs, les livres seront vendus plus cher sur internet qu'en librairie.
La loi, expliquée par la communication du Sénat. Les livres devront être vendus à 100 % de leur prix sur internet (si la livraison est gratuite), alors qu'ils peuvent l'être à 95 % en librairie. Seuls les frais de port pourront être abaissés de 5 % : même avec des mesures de contournement de la part des distributeurs, les livres seront vendus plus cher sur internet qu'en librairie.
avatar Jackdu59 | 

Toujours plus pour l'état, toujours moins pour nous, vive la gauche !

avatar Anthony Nelzin-Santos | 
@Jackdu59 : « Déposé par des députés UMP, le projet de loi "anti-Amazon" ». Voilà voilà.
avatar colossus928 | 

et voté par ?

avatar Anthony Nelzin-Santos | 
@colossus928 : «  avait recueilli l’assentiment de l’ensemble des parlementaires de droite et de gauche ». Voilà voilà.
avatar colossus928 | 

ah bah on est d'accord, je pensais qu'on retournait la situation ;)

avatar béber1 | 

Anthony Nelzin

:-))

avatar oomu | 

ce n'est pas de l'argent qui va à l'Etat.

c'est l'interdiction à amazon de ne pas facturer la livraison au client.

avatar FraGalm | 

On aurais pus travailler sur les marges des libraires qu'il faudrait augmenter pour leur permette d'être un peux plus agressif et combattre avec de vraix armes. Mais une réflexion de fond sur le prix du livre c'était plus compliqué. Un peux comme demander à amazon de payer ses impôts en France....
Dommage dommage......

Ps: pour être efficace sans trop de forcer il fallait interdire le rabais de 5% en ligne.

avatar oomu | 

vous ne pouvez pas augmenter les "marges" des libraires sans augmenter celles d'Amazon aussi

vous auriez voulu en gros qu'un éditeur facture moins cher les livres aux librairies mais + cher à amazon ? et quid de la fnac ?

et cela serait discriminatoire ENTRE entreprises privées. Inacceptable et Amazon aurait vite fait sauter une telle loi en portant plainte.

"Mais une réflexion de fond sur le prix du livre c'était plus compliqué. "

elle existe, elle a été faite lors de la mise en place du prix unique
puis elle a été refaite avec l'arrivée des epubs, puis le débat lors de la loi DADVSI avec depuis la remise à plats des contrats des écrivains et les négociations sur les droits voisins

autrement dit: CA BOSSE TOUS LES JOURS, mais on vous dit pas tout (on vous téléphone pas chaque matin: vous avez votre propre boulot aussi à penser)

L'industrie de l'édition n'en est qu'au début de sa mutation. Parlez en à des amis auteur, ou pire des amis auteur de bd.

avatar danny | 

le projet de loi « anti-Amazon » avait recueilli l’assentiment de l’ensemble des parlementaires de droite et de gauche
Voilà voilà

avatar oomu | 

sur la plupart des enjeux industriels et stratégiques de la France (nucléaire, agriculture, culture, armes), l'ensemble des partis dits "républicains" ne votent que pour l'intérêt immédiat du pays. Oui, c'est la même politique.

Cela dit, qu'on le veuille ou non, quand on compare la France à d'autres pays même européens, notre industrie culturelle sont réseaux de distribution est VIVANTS.

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Je sais que vous êtes tous infiniment convaincus de vivre dans un dépotoir géant octogonal où le Vide se dispute au Néant

mais l'article lui même le rappelle, la France a un des réseaux les plus denses de librairies (on pourrait aussi parler des cinémas), ce n'est PAS SANS RAISON (ça rapportait pas mal) ni sans CAUSE (la politique culturelle implacable et mordicus imposée par la France, tout comme la politique agricole est non-négociable).

Nous pourrions parler des intermittents du spectacle, toujours à deux doigts de tomber en précarité, mais qui ont au moins des débouchées en France,
de la production de films dans les studios et entreprises de post-prod en France
du jeux vidéo français
etc
tout cela embauche et rapporte.

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Bref, seul des fous furieux avec l'écume à la gueule qui se feraient élire par les Aigris Unis De La Vie pourraient décider d'une politique totalement contraire. (ça ne s'est jamais vu depuis 30 ans).

Parce qu'elle tient bon Malgré la pression du Monde (USA en tête).

avatar Wolf | 

@oomu : Un bouquin est un produit comme un autre. C'est l'offre et la demande. Qu'on l'achète en ligne ou chez un libraire voir même au tabac du coin on s'en tape.
Ça devrait être la même chose pour le cinéma et le fameux fond qui permet de sortir des bouses visualisées par 3 personnes sous prétexte de culture.

avatar béber1 | 

logique de "tout est produit"
blabla libéral

avatar fredseg | 

Erreur dans l'article : il ne sera plus possible d'avoir les 5% de remise en ligne même si les frais de port sont payant. Donc les premium devront quand même payer 5% de plus puisque cette remise sera interdite.

avatar Anthony Nelzin-Santos | 
@fredseg : il n’y a pas d’erreur, je crois plutôt que nous ne nous comprenons pas (regardez ce que je dis dans la légende de la derni!re image). Dans le cadre d’une vente sur internet, la remise de 5 % ne peut plus être appliquée sur le prix du livre — mais elle peut être appliquée sur les frais de port. Je m’explique : - l’éditeur fixe le prix du livre à 10 € ; - il est vendu à 9,50 € en librairie (rabais de 5 %) ; - il est vendu à 10 € en ligne (pas de rabais), plus des frais de port sur lesquels les 5 % peuvent s’appliquer. Dans tous les cas, le livre est plus cher en ligne qu’en libraire. Mais Amazon et la Fnac peuvent limiter au maximum ce surcoût avec leurs services premium, en arguant que le client a payé des frais de port en s’abonnant à ces services. Mais le livre sera quand même 5 % plus cher.
avatar fredseg | 

@Anthony :
On est d'accord sur cette nouvelle version de l'article. A part peut être le chapeau qui dit que la loi Amazon interdit "cumul" de la remise de 5 % et gratuité des frais de port. En fait elle ne permettra ni l'un, ni l'autre.

avatar Mr Eddy (non vérifié) | 

C'est fou comme ça me rappelle la guerre des prod contre le grand méchant internet source de piratage...
Bref, pas bien grave, j'achète ni sur Amazon et surtout pas en librairie mes livres :-)

avatar capy | 

Trouveront bien un trucs pour que cette livraison payante soit déduite par autre chose ... Et si c'était a ceux qui ont voté cette lois, qu'on reprenait sur leur salaire pour combler ? Ne changerai t il pas d'avis tous ces messieurs ? ...

avatar Pancrasse | 

Je ne sais encore ce que ça va donner... Amazone va-t-il trouver une entourloupette ?

De toute manière, je salue cet effort qui défend les librairies de quartier contre le monstre Amazone & contre la vente de gros par Internet.

Je ne suis pas contre la vente par correspondance, mais j'affirme que la vente de quartier est bien meilleure parce que plus humaine.

Le libraire qui tient bien sa librairie ajoute une valeur à sa marchandise par son conseil et son expérience.
La vente au détail par le petit commerçant du coin est un modèle en-train de disparaitre : il faudra s'y faire. Entretemps, je ne peut que féliciter & encourager toute mesure qui retarde sa disparition.

avatar fredseg | 

@Pancrasse :
Il y a quelques rares libraires qui font du bon boulot et ceux là n'ont pas besoin de loi anti Amazon car ils gagnent bien leur vie. Pour les autres cette loi ne les rendra pas meilleurs et ne les sauvera pas. La meilleure loi anti Amazon aurait été à mon avis de renforcer l'obligation de formation des libraires pour qu'ils acquièrent les compétences nécessaires pour les différencier de marchands de soupe.

avatar béber1 | 

"Il y a quelques rares libraires qui font du bon boulot et ceux là n'ont pas besoin de loi anti Amazon car ils gagnent bien leur vie."

phrase quasi générique qui ne tient pas compte de la diversité ni de la complexité des cas.

avatar aimstar | 

Pff merci le lobbying des libraires...

Donc les libraires ne savent pas sadapter alors qu'amazon a developper un system meilleur pour le consommateur donc amazon est puni et le consommateur aussi :s

Merci chers politiques qui vous préoccupez de notre bien etre mdr

Sinon pourquoi ne pas obliger amazon a payer ses impots en france comme dis plus haut..?!!

avatar macbookeur75 | 

La FNAC a toujours offert 5% sur les livres et la livraison gratuite et aucun gouvernement n'a jamais rien dit

Étrangement le gros méchant américain serait en tord mais pas le petit pouces français

Moralité les entreprises étrangères ne devraient plus investir en France...

avatar béber1 | 

méchante France

avatar strix80 | 

Pensez aussi , quand c'est possible , de comparer les prix comme ceux pratiqués par le Livre de poche ( bien moins chers )

avatar Orus | 

La maison de retraite du Sénat à donc votée avec une majorité toute soviétique pour la sauvegarde des privilège de leurs amis libraires. Amis qui pour la plupart sont des membres de leurs familles, des amis de 30 ans, des adhérents à leur partis, des gens de leur caste, des nantis comme eux.
Triste France.

avatar béber1 | 

Triste France

avatar iRobot 5S | 

Personnellement je préfère acheter un livre en librairie, ça me permet aussi de laisser traîner les yeux sur d'autres potentiels achats plutôt que de choisir sur je net.

avatar jefrey | 

Petits arrangements entre amis pour une offre culturelle réservée aux privilégiés…

avatar béber1 | 

Elitiste France

avatar mirando | 

C'est quand même grave ce contrôle des prix. Est-ce au bénéfice de la culture?
Quid du livre électronique ?
Soumis à la même loi?

C'est vraiment un refus de voir le monde changer.
Pourquoi l'état n'accorde t il pas le monopole de l'accès internet à France Telecom.
C'est mieux pour tout contrôler

avatar béber1 | 

Fixiste France

avatar oZen | 

Bon c'est bien sympa ça, mais comment va faire ma grand mère de 91 ans dans sa Creuse natale, à Tercillat, 164 âmes en 2001, surement moins depuis, ou seul un service postal est encore assuré.
Bon l'exemple est un peu trivial puisque de toute façon elle est atteinte de troubles apparentés à la maladie d'Alzheimer mais tout de même, quid des "zones blanches" du réseau des libraires ?

avatar trollol0l | 

"quid des "zones blanches" du réseau des libraires ?"

Elles n'aident en rien à l'enrichissement des libraires donc ils s'en contrefoutent royalement.

avatar béber1 | 

oublieuse France

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