Validation App Store : Apple permet aux développeurs de contester une règle des guidelines

Mickaël Bazoge |

Apple en a entendu des vertes et des pas mûres la semaine dernière, après que la Commission européenne a lancé officiellement une enquête sur les pratiques de l'App Store, suivie immédiatement après par la controverse autour de l'application HEY (lire : La fronde des développeurs contre les pratiques d'Apple). Le contentieux est désormais clos avec Basecamp, l'éditeur de l'application d'e-mails et Apple ayant trouvé un compromis acceptable pour les deux parties. Mais cela n'enlève rien à la pertinence du débat qui continue de secouer la communauté de développeurs.

Dans l'app App Store d'iOS 14, il y a du nouveau dans Game Center : le panneau propose des suggestions d'amis.

Dans un communiqué de presse relatif aux nouveautés pour les développeurs, Apple met de l'eau dans son vin sur deux points. Le premier changement concerne le processus de validation des apps. Lorsque l'équipe de validation estime qu'une application enfreint une règle des fameuses guidelines, le développeur a la possibilité de faire appel de la décision auprès du fameux et toujours aussi opaque App Review Board. Rien ne change ici.

Ce qui est nouveau, c'est que le constructeur installe un nouveau mécanisme qui permettra de contester la règle elle-même. C'est une manière d'associer le développeur à l'évolution des guidelines, ce qui est plutôt malin — et finalement assez juste — de la part d'Apple. Par ailleurs, et c'est le deuxième changement important, même quand une app enfreint les guidelines, l'App Store ne bloquera pas une mise à jour de correctifs, sauf si cette mise à jour est liée à l'infraction elle-même.

Voilà qui permettra de boucher une faille de sécurité rapidement, sans attendre que le développeur s'occupe d'abord de l'infraction. Ces nouveautés seront mises en place cet été.

avatar pim | 

Apple joue son va tout pour éviter les vagues et l’énorme amende pour position dominante, voir même l’injonction de faire cesser une telle pratique.

En effet, en prouvant qu’un processeur d’iPad peut faire tourner un système d’exploitation macOS permettant d’installer n’importe quelle app, Apple prouve elle-même que limiter le téléchargement des apps à l’AppleStore, avec des règles unilatérales, est un abus de position dominante. En associant les développeurs aux règles, elle essaye de louvoyer pour éviter une condamnation trop lourde.

Imaginez un peu, une condamnation d’Apple avec injonction de libérer l’iPad et l’iPhone. C’est vertigineux, des PC surpuissants qu’on a tous dans la poche, le nombre de choses que l’on pourrait faire avec !

avatar gwen | 

@pim

Attention, une puce ne fait pas tout. Il y a une architecture autour. La puce c’est juste le moteur principal qui donne de la puissance aux éléments. Le système d’exploitation est un de ces éléments. Techniquement il serait possible de mettre n’importe quel système ou logiciel sur n’importe quelle architecture. Mais ça ne tournera pas forment de manière optimale. C’est la force de la symbiose du matériel et du logiciel qui permet d’avoir Mac OS et IOS tél qu’ils sont aujourd’hui.

avatar en chanson | 

@gwen

C’est quoi cette symbiose? A part la communication de Apple, il veut dire quoi ton discours ?

avatar zarghol | 

@gwen

Il veut dire que ok tu pourrais faire tourner un Linux sur ton iPhone, mais que ça aura pas vraiment d’intérêt parce que c’est pas adapté à la plateforme, et que comme c’est pas optimisé pour ce matériel, ce sera plus lent, moins pratique. D’un autre côté ça veut aussi dire que le matériel et le logiciel s’imbriquent parfaitement, je te vois mal installer ton bon Windows / android et prendre en charge un composant spécifique fait par Apple comme la Secure Enclave, ou même l’"appareil photo" avant avec tout les composant Face ID...

avatar Rez2a | 

@pim

Je ne vois pas le rapport avec le processeur, on savait déjà qu’il est matériellement possible d’installer tout et n’importe quoi en dehors de l’App Store.

Une question peut-être bête : vous considérez que le problème est le même sur une console de jeux ?
Je veux dire, une Nintendo Switch, il doit y avoir moyen de faire plein de trucs chouette avec, mais le seul moyen d’installer des logiciels dessus reste de passer par le Store de Nintendo qui approuve tout ce qu’il y a dessus et qui doit prendre sa commission sur chaque vente.

C’est exactement le même cas que l’App Store pourtant ça ne viendrait pas à l’idée de la plupart des gens de contester cet état de fait.

avatar dodomu | 

@Rez2a

Je pense que c’est effectivement la même situation, mais que de cet autre côté personne ne se plaint encore, peut être que les règles sont plus juste ?

avatar pocketjpaul | 

Fun fact à propos de la Switch : il est totalement possible (et assez facile) de faire tourner une distribution Linux dessus : https://gbatemp.net/threads/quick-tuto-how-to-boot-linux-on-your-switch.501918/

Et la découverte la plus étonnante là dedans, c'est qu'on a découvert que c'est une plateforme très standard (au sens ou Nintendo n'a pas cherché à réinventer la roue avec du matériel et des pilotes propriétaires) et que du coup quasiment tout (wifi, bluetooth, son, écran et même l'accélération GPU), fonctionne "out of the box" (sauf les joy-con qui n'ont pas (encore ?) de drivers Linux.

avatar Sherlock51 | 

Je ne pense pas que la comparaison avec une console de jeu soit 100% effective ne serait-ce que par le public qui est adressé par les deux entités :

* La console s'adresse exclusivement au grand public, avec un store dédié qui permet la distribution a une typologie unique de clients.
* Un smartphone est un hardware utilisé à des fins personnelles ou professionnelles (comme un PC) sur lequel tu veux pouvoir ajouter un certain nombre d'applications. En tant que développeur tu n'as pas dans tous les cas besoin de l'exposition offerte par Apple sur le store (qui justifie d'ailleurs selon eux la valeur de la commission prise sur les ventes), tu as juste besoin de pouvoir déployer ton App sur un Device utilisé par tes clients ou partenaires, démarchés par tes soins par ailleurs. Ce cas n'existe pas sur une console de jeu.

Aujourd'hui Apple s'immisce dans le processus de distribution d'applicatifs juste parce qu'il tient le Hardware, quelques soient les alternatives de distribution possibles... puisqu'il les interdit. Et, bien sûr, s'ajoute au sujet les potentiels distorsions de concurrence avec certains développeurs qui proposent des produits similaires à Apple. L'argument qui consiste à dire "s'ils ne sont pas contents, les devs n'ont qu'à aller voir ailleurs" est un peu court. En tant que développeur je ne maitrise pas le hardware choisi par mes clients et pourtant j'ai besoin de les servir pour que, quelque soit leur Device, ils disposent tous du même service.

avatar Paul_M | 

@pim

En effet, en prouvant qu’un processeur d’iPad peut faire tourner un système d’exploitation macOS permettant d’installer n’importe quelle app, Apple prouve elle-même que limiter le téléchargement des apps à l’AppleStore, avec des règles unilatérales, est un abus de position dominante.

Pourquoi ? L'argument d'Apple n'a jamais été qu'il est impossible techniquement d'installer des apps d'ailleurs que sur l'App Store (d'ailleurs ça l'est), le A12Z ne prouve rien du tout je trouve. Apple impose des règles sur sa plateforme, point barre, et leur argument sous-jacent est que les développeurs peuvent toujours aller voir ailleurs si ils ne sont pas contents.
A mon avis la base des débats pour l'UE et les US va être de déterminer si Apple est en position dominante ou pas, ce qui est dur à quantifier. Si ils sont en position dominante, leurs règles sont clairement abusées, il me semble. Si on considère qu'ils ne le sont pas, ben... ils font ce qu'ils veulent.
Par ailleurs pour un va-tout comme tu dis autoriser la contestation c'est assez timide 😀 ils auraient pu à minima s'ouvrir à des systèmes de paiement in-app tiers (système qui est un peu au coeur des litiges avec la plupart des devs, au final). Ils ont encore beaucoup de cartes à jouer avant d'ouvrir complètement leur OS.

avatar pocketjpaul | 

La question de la position dominante va totalement dépendre du point de vue et des critères du marché considéré par le législateur.

Par exemple, Apple n'est pas dominante sur le marché des Smartphones mais l'est à 100% sur la distribution des binaires iOS. La différence est technique mais pourtant extrêmement importante .

Elle est importante parce qu'elle fait sauter l'argument "les développeurs peuvent toujours aller voir ailleurs". On ne le voit pas forcément en tant qu'utilisateur final, mais une appli Android et une Appli iOS du même nom sont souvent deux produits totalement différents, avec des techniques différentes, des équipes différentes qui bossent dessus etc ...

Si t'as dépensé XXXk€ dans le développement d'une appli iOS, tu ne peux clairement pas "aller voir ailleurs" sans tout jeter. D'autant que si tu ne peux pas feindre la méconnaissance du contrat à la première publication de ton appli, les règles peuvent évoluer en ta défaveur selon le bon vouloir d'Apple, à tout moment, et tu es totalement coincé.

avatar XiliX | 

Perso je pense que c'est plus compliqué que ça.
La grosse différence entre Apple et Microsoft et Google, est que Apple impose ses règles sur "ses" matériels.

Peut-on demander/obliger à Samsung, Sony, Thomson...etc d'installer d'autres logiciels sur leurs smart-téléviseurs ?
Peut-on demander/obliger à Ferrari, Aston, Ford, Renault, Citroen...etc d'installer d'autres logiciels sur leur plateforme embarquée ?

Il me semble lorsqu'on achète un matériel, quelque soit la marque, ou un logiciel, quelque soit le logiciel, la CGU indique l'on n'est pas propriétaire. On a juste le droit de l'utiliser.

avatar marenostrum | 

Sur les appareils informatique, ça veut dire un truc qui te sert Produire et pas seulement consommer ou un service ( une console de jeu, TV, frigidaire, machine à laver, etc) on peut installer en dehors de leur Store sur tous les appareils des marques que t’as cité.

avatar Krysten2001 | 

@marenostrum

Je n’ai jamais eu d’autres stores sur PlayStation

avatar marenostrum | 

On peut installer des apps en dehors de PlayStation il me semble. D’avoir plusieurs boutiques d’applications sur son smartphone et installer des apps par d’autres biais c’est pas la même chose.

avatar Krysten2001 | 

@XiliX

Ben oui voilà. Apple utilise à elle seul iOS. Alors que chez Google par exemple, d’autres constructeurs avaient Android et leurs interdirent d’installer tel ou tel chose c’est du monopole.

avatar LoossSS | 

Thomson ?! C'est vraiment la marque du top 3 qui te vient en tête ?? 😅

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