Les groupes extrémistes américains privés de Parler depuis son interdiction des boutiques d'applications (et privé d'hébergeur), ont pour un certain nombre d'entre eux trouvé refuge sur Telegram.
Contrairement à Parler, la messagerie instantanée n'est pas un réseau social, mais sa fonction Canal permet de créer des groupes de 200 personnes et plus, il suffit passé ce seuil d'en faire la promotion publique. Largement suffisant pour déverser sa bile et organiser des actions violentes, alors que l'investiture de Joe Biden approche et avec elle, les risques d'une nouvelle émeute au Capitole de Washington.
La semaine dernière, Telegram a bloqué et supprimé des centaines de ces appels à la haine, annonce Pavel Durov, cofondateur de l'application. « Telegram accueille les débats et les manifestations pacifiques, mais nos conditions d'utilisation interdisent les appels publics à la violence », écrit-il. Durant ces dernières années, la messagerie a appliqué cette règle dans plusieurs pays, du Bélarus à l'Iran, en passant par Hong Kong et la Thaïlande. Cette fois, ce sont les États-Unis qui sont ciblés, quand bien même le pays ne représente que 2% de la base utilisateurs de Telegram.
L'équipe de modération continue son travail de surveillance, en supprimant de manière proactive le contenu qui incite à la violence. Cette communication de Pavel Durov intervient alors que la Coalition for a Safer Web a porté plainte contre Apple ; l'organisation américaine sans but lucratif et non partisane reproche au constructeur de n'avoir pas retiré l'application Telegram de son App Store (une plainte est aussi prévue contre Google).
La Coalition déplore le rôle de Telegram dans l'hébergement de contenus dangereux proférés par des suprématistes blancs et des néo-nazis. Ce qui va à l'encontre des règles de la boutique d'Apple, observe-t-elle. Son président Marc Ginsberg, ancien ambassadeur américain au Maroc, explique que Telegram agit comme un diffuseur massif de discours haineux, « même en comparaison de Parler ». Il estime qu'en tant que propriétaire d'iPhone, il a toute légitimité à porter plainte contre Apple.
Le fait que Telegram ait pris les choses en main en supprimant le contenu délictueux montre que le service a mis en place une politique de modération, ce que Parler s'est toujours refusé à faire en arguant la liberté d'expression totale. Tim Cook a fait savoir que le réseau social pourrait revenir dans l'App Store si une modération était mise en œuvre, mais cela irait à l'encontre du principe même de Parler (lire : Tim Cook laisse la porte ouverte à un retour de Parler sur l’App Store).
Apple a déjà eu l'occasion de demander à Telegram de faire le ménage, c'était au moment des manifestations en Biélorussie.