Mise à jour le 25 mars : Apple a transmis une courte déclaration à 9to5mac qui vient mettre en porte-à-faux les propos d'Andy Yen, le fondateur de Proton.
Dans son billet publié le 23 mars, Yen se plaignait qu'une mise à jour de son VPN avait été bloquée chez Apple au vu de la présence d'une phrase jugée litigieuse dans le descriptif de l'app sur le Store. L'équipe de validation d'Apple lui a transmis cette explication dans un mail daté du 18 mars.
Toutefois, Apple présente un autre calendrier, quant au descriptif « Qu’il s’agisse de défier les gouvernements […] », il est toujours là, du moins dans certains pays comme la France ou l'Espagne mais pas aux Etats-Unis, en Italie ou au Royaume-Uni.
Apple explique d'abord que toutes les apps de Proton restent accessibles depuis la Birmanie. Ensuite, que la plus récente version de ProtonVPN a été validée le 19 mars, au lendemain donc du mail envoyé à l'éditeur. Mais une fois l'app acceptée, Proton a choisi de ne la rendre disponible que deux jours plus tard et de publier son billet courroucé le 23 mars.
All apps made by Proton, including ProtonVPN, have remained available for download in Myanmar. We approved the most recent version of ProtonVPN on March 19. Following this approval, Proton chose to time the release of their update, making it available on March 21st, while subsequently publishing their blog post on March 23rd.
Article du 23 mars
Les beaux discours d'Apple sur les droits humains ont parfois du mal à franchir le mur des réalités. On l'a vu en 2019, lorsque Tim Cook a assumé la suppression de l'application HKMap qui permettait aux manifestants pro-démocratie de Hong-Kong de s'organiser. Cette fois, c'est ProtonVPN qui monte au créneau.
Les développeurs de cette solution VPN — les mêmes à l'origine de Proton Mail — ont reçu la semaine dernière un courriel d'Apple leur demandant de retirer un passage dans la description de l'application contraire à la règle 5.4 des guidelines. Il s'agit de ce passage : « Qu’il s’agisse de défier les gouvernements, d’éduquer le public ou de former des journalistes, nous contribuons à développer la liberté en ligne pour toujours plus de personnes ». L'App Store demande à ProtonVPN de ne pas présenter l'application comme un moyen de contourner les restrictions géographiques et les limitations de contenus.
Or, c'est aussi une des fonctions des VPN. Proton rapproche cette demande des événements qui se déroulent actuellement au Myanmar, où la junte militaire tente de reprendre brutalement la main sur le pays. « Aujourd'hui, des applications comme ProtonVPN sont des bouées de sauvetage pour beaucoup de monde, et pour le peuple du Myanmar qui est massacré », explique l'éditeur. « En nous empêchant d'informer les utilisateurs que ProtonVPN peut être utilisé pour contourner les restrictions sur l'accès internet, Apple rend encore plus difficile pour les individus de trouver cette bouée de sauvetage ».
Les actions d'Apple sont hypocrites. Apple n'a aucun problème pour défier les gouvernements quand il s'agit de protéger ses propres intérêts (par exemple en évitant l'impôt en Europe ou en éludant les plaintes antitrust). Cependant, quand Proton le fait pour la défense des droits humains, soudain c'est contraire à la politique d'Apple.
La priorité d'Apple est de préserver son accès aux marchés et de maintenir ses profits, et pour y parvenir l'entreprise ne conteste jamais les politiques des dictateurs et des régimes autoritaires. En cédant aux tyrans, Apple ignore les droits de l'Homme et empêche des organisations comme Proton de défendre ceux qui en ont besoin.
Apple réclame la suppression de cette phrase dans toutes les langues et pays où l'app est disponible. À l'heure actuelle, elle y est toujours présente, et cela bloque des mises à jour importantes de sécurité (la dernière mise à jour de l'app remonte pourtant au 21 mars). Peut-être s'agit-il d'une boulette de la part d'un employé un peu trop zélé de l'équipe en charge de l'examen des apps. La publicité faite par Proton autour de cette affaire pourrait faire bouger Apple.