Apprendre le français à Alexa n'a pas été chose facile pour Amazon
Depuis hier, Alexa s'est officiellement mise au français. La voix à tout faire d'Amazon, concurrente de Siri et de Google Assistant, est intégrée dans les enceintes Echo et dans d'autres produits compatibles (c'est effectif à partir d'aujourd'hui pour les Sonos One via une option dans l'app du fabricant et l'installation de l'app Alexa).
Wired revient sur le challenge qu'a dû relever Amazon pour adapter son assistant aux spécificités de la langue française. Ce n'était pas le premier voyage d'Alexa 1 en dehors des États-Unis puisque l'assistant fonctionne déjà en Allemagne et au Japon, mais c'est à chaque fois une nouvelle culture et donc une nouvelle aventure.
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, Amazon n'a pu s'appuyer sur une précédente expérience francophone. Au Canada, les Echo sont en vente, amplement décrites en français dans les pages produits sur le site de leur fabricant, mais Alexa n'y fonctionne qu'en anglais.
Chaque langue a ses singularités et le français, comparé à l'anglais, ne fait pas exception. Notre langue est décrite comme plus musicale, avec des transitions plus fluides entre les mots, sans oublier l'usage du tutoiement et du vouvoiement — là où l'anglais regroupe tout derrière un "You" uniforme — et la multitude des accents.
Tout le monde dans le milieu des assistants électroniques dispose d'un moteur logiciel pour comprendre telle ou telle langue, explique un spécialiste en linguistique de l'université de Carnegie Mellon, Alex Rudnicky, mais il y a loin entre ce qui n'est à la base qu'un matériau brut et la pierre que l'on va tailler et qu'il faudra parfaire sans cesse : « C'est lorsqu'il faut essayer de comprendre comment les gens vont parler à quelque chose que cela devient tout de suite plus délicat ».
Comme on l'avait dit en novembre, Amazon a commencé par distribuer des Echo à ses employés en France, ceux par exemple qui travaillent dans ses centres de distribution (Apple, au même moment, s'est attachée les services de nombreux salariés des Apple Store pour tester Siri en français sur des HomePod).
En février on nous avait parlé d'un cercle de bêta-testeurs d'Alexa élargi au moyen de parrainages et même de clients d'Amazon qui avaient reçu, comme ça, une invitation pour apporter leur contribution.
Ces tests n'étaient pas dirigés, de façon à prendre la température et voir quelles questions revenaient le plus souvent. La thématique de la cuisine est sortie en tête mais Amazon fut plus surpris du volume important de requêtes autour des programmes télé. Un intérêt qui a conduit l'entreprise à nouer des partenariats avec les titres spécialisés pour avoir des skills prêts le jour J (n'importe quel développeur d'app ou éditeur de contenus peut créer des Skills).
Rohit Prasad, qui travaille sur l'intelligence artificielle d'Alexa, a vu dans ce bêta-test l'occasion de confronter son système à la myriade d'accents existant en France : « Il est très difficile de dire combien il y en a », cela va bien au-delà du cliché qui verrait une séparation entre l'accent du nord d'un côté et de l'accent du sud de l'autre.
Il faut tenir compte en plus des variations induites par le parler de gens qui peuvent avoir émigré depuis « le Moyen-Orient ou l'Inde ». Plutôt qu'essayer de modéliser chaque nuance entendue, Amazon a réglé Alexa d'une manière plus large pour tenter d'absorber cette large palette de sonorités.
Les nombreux accents avec les mots du français ne sont pas la seule difficulté, il faut considérer les nombreux cas où l'utilisateur va prononcer un titre de film, un nom d'artiste ou de chanson tous anglais à l'origine (un essai nous a donné Le Deuxième Sexe et Simone de Beauvoir, Au Bonheur des Dames de Zola, le chanteur "M" (« et toute sa famille ») comme chanteur et A.I. Intelligence artificielle de Spielberg comme film). Sans omettre les mots anglophones passés dans le langage courant. Wired donne l'exemple du mot "Weekend" que tout le monde emploie mais avec un accent français, ou des noms de groupes comme "Radiohead" et "Earth, Wind and Fire" que peu, sinon personne, ne prononcera comme le feront un bon britannique ou un américain.
La différence entre "vous" et "tu" pose une autre difficulté — Alexa emploie toujours le "vous" pour répondre — tout comme la façon de parler de l'heure qui n'est pas pas la même qu'en anglais et que l'on utilisera pour le réglages des alarmes et minuterie. Chaque nouveau marché pour les Echo impose de s'adapter à une culture au sens large et à de multiples niveaux : le football est important en France, mais aussi le rugby, un sport pour lequel les compétences de l'Alexa américaine ne seront d'aucun secours.
D'après Nicolas Maynard, qui s'occupe de l'assistant pour l'Hexagone, les français « adorent savoir quand sont les prochaines vacances », ce qui a impliqué d'apprendre à Alexa à s'y retrouver dans les différentes zones des vacances scolaires. Ou, comme cela a été fait pour les précédents pays, lui inculquer une liste de livres, de films ou de chanteurs préférés qu'on pourra lui demander de citer. Au passage, on apprend qu'au Japon et au Royaume-Uni les skills spécialisés dans les conditions de circulation sont plus populaires qu'aux États-Unis.
Maintenant que les Echo sont disponibles pour tous en France — avec un prix divisé par deux pour leur lancement, afin de pousser à la roue pour en vendre un maximum — Alexa va être confrontée à des situations plus nombreuses et plus variées encore. Une masse de données qu'il faudra éplucher pour affiner la capacité de compréhension de l'assistant.
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Le fait de pouvoir solliciter l'assistant par un simple prénom, au lieu d'un "Dis, Siri" ou d'un "Ok, Google" un peu bêtassous, est une vraie bonne idée. La relation s'en trouve presque normalisée. Certes, on parle toujours à un objet électronique, ça n'en fait pas non plus une personne, mais cela se fait d'une manière bien plus naturelle qu'avec les noms choisis par la concurrence. S'il y a déjà une Alexa dans la maison, les réglages de l'enceinte permettent de choisir un autre "mot de réveil" parmi les options suivantes : "Echo", "Amazon" ou "Ordinateur" (un clin d'œil à Star Trek). ↩︎
Yes le “Dis Siri” pour moi a du mal à passer. Même un “Hey Siri” sonnerait mieux à mon sens.
@trenkwill
+10000
@ trenkwill
On voit que vous êtes bien imprégné de culture anglo-saxonne, c'est bien, continuez ainsi... Pathétique.
@toto_tutute
Bah oui parce que le "HÉ!" français et le "HEY" """"anglo-saxon" sont foncièrement différents si il s'agit d'apostropher quelqu'un ou une machine.
C'est vrai qu'en France on utilise jamais "HÉ".
.......
On peut changer en « Echo » ou « Amazon »
Pour une enceinte à 49,99€ en tarif de lancement, la qualité sonore vaut vraiment le coup et le coût et même pour 99,99€
Sincèrement, il ne faut pas hésiter
Par contre, pas trop évident avec l’application sur iOS mais je pense qu’Amazon va la faire évoluer
Il est d’ailleurs possible de procéder à ces mêmes régalages via le navigateur internet en se connectant à alexa.amazon
@Max1000du35
Moitié prix le tarif de lancement... Donc le dot à 29€
@dorninem
Encore faut-il que j’évoque le « Dot »
@Max1000du35
Pas faux ?
Lu trop vite au soleil ?
@dorninem
D’ailleurs je n’ai pas testé la démo à l’enseigne Boulanger
@Max1000du35
Euh la qualité sonore... faut pas exagérer quand même. Pour écouter une assistante parler c’est bien mais pour écouter de la musique c’est dégeu
@ruru75020
Je ne parle pas de la « Dot » que je n’ai pas testée
@Max1000du35
Moi non plus.
@ruru75020
Ni la « Echo » à 49,99€ visiblement
Ce serait tellement plus simple si on avait une langue universelle.
@iPop
Mais tellement moins intéressant.
@Anakin
Et bien apprendre l’anglais tandis que les anglais se la cool douce, je trouve ça d’un ridicule. A l’heure de la mondialisation, on en est encore au territorial.
@iPop
Heureusement que ta vision courte et réduite n’est pas universelle, ça ferait un monde cheap et vulgaire
@Sindanárië
Peut être mais apprendre l’anglais en 6eme parce que l’anglais est universelle, je trouve ça ridicule.
@iPop
Il n’y a pas que l’anglais qui soit important, l’espagnol, l’arabe le chinois. Même si l’anglais est plus ou moins universel, je connais des coins en Amérique du Sud où personne à part les guides (et encore) ne parlent anglais.
@ya2nick
Tout comme en France mais quitte à apprendre une langue autant qu’elle soit valable et vraiment utile.
@iPop
Tout dépend de ta définition de l'utilité.
Le latin a toujours toute sa pertinence par exemple.
@iPop
"parce que l’anglais est universelle"
#jesuisalexa
@iPop
Tu as déjà du mal avec le français apparemment...
@iPop
C'est compréhensible dans le monde dans lequel on vit, la LV2 obligatoire par contre oui ça c'est ridicule
@IPICH
Se qu’il faudrez c’est que tous le monde il savent parlé français d’abord !!
Enfin du moins en France… quelques petites fautes, je dis pas mais apprendre une autre langue sans savoir parler la sienne est-ce vraiment nécessaire ?
De ma simple expérience, j’ai trouvé que cela me montrait à quel point je ne parlais pas bien la mienne… mais tout le monde n’a pas l’air de cet avis…
@Toinewh: Lorsqu'on apprend une seconde langue, on renforce généralement sa maîtrise de la première langue grâce à un phénomène d'objectivation et de métacognition...
@Mécréant
C’est vrai ! On apprend beaucoup sur sa langue maternelle en étant confronté à d’autres langues, en traduisant des expressions, des mots spécifiques à une langue
@IPICH
C’est bien ce que je dis, on a une langue imposé, universelle et non réfléchi et intelligente. En clair c’est une question qui qui a la plus grosse.
@Sindanárië
Sans oublier que dans l’espace, Chinois, Français, canadien, Espagnol, serbe, etc...parle anglais ?
@iPop
«Et bien apprendre l’anglais tandis que les anglais se la cool douce, je trouve ça d’un ridicule. A l’heure de la mondialisation, on en est encore au territorial.»
C'est pas si simple que ça, meme si avoir l'anglais comme langue maternelle offre aujourd'hui un avantage dans plusieurs domaines, dont les sciences.
D'une part l'anglais britannique est relativement peu parlé et lorsqu’on evoque l'anglais universel, c'est plutot un americain simplifié dont il est question.
Ensuite il y a la question de l'accent. Si le britannique d'Oxford fera mine de ne pas comprendre si on prononce avec un accent gallois plus sérieusement bosser dans la silicon valley avec un accent français a couper a la tronçonneuse ne posera pas de problème autre que de temps a autre devoir répéter.
En plus de la 30 aine d'accents usuels de l'anglais "international" qui remettent les pendules a l'heure, il y a aussi les formes specifiques... les nord americains parlent de "doctors" pour medecins...
Et puis l'anglais ( britannique) c'est quand même 50% de mots français, 45% de mots allemand et le reste c'est du scandinave, du latin et deux ou trois autres imports plus exotiques... la grosse difficulté c'est que l'anglais a repris les travers de prononciation du français (on bouffe les lettres, assimilent les diphtong (an,en, un, la flopée de é,et,ez,er,ey,ai...)), y a rajouté l'accent tonique et deux ou trois choses redoutables comme le H et le TH (que les americains vont prononcer F, T, S ou D en fonction des mots et de leur origines) et une grammaire germanique dans sa complexité (la aussi que l'americain a beaucoup simplifié)
Apres il faut voir - hormis le britannique pur souche- que les pays anglophones sont multilingues - en amerique du nord la langue "de la maison" c'est espagnol, allemand, italien, russe, chinois, français...
Mais idéalement la langue internationale aurait été l'espagnol...
@iPop
Elle existe il suffit de l’apprendre
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Espéranto
@Sindanárië
+1 ?
Le vouvoiement n’est pas spécifique au français. Alexa existe depuis des mois en Allemagne où il y a aussi tu et vous.
Et concernant le Canada, les francophones auront-ils la possibilité d’utiliser la nouvelle version française d’Alexa ? Compte tenu des grandes différences entre le français canadien et le français européen mais aussi aussi du bilinguisme, je crains que les canadiens francophones préféreront continuer à utiliser la version anglophone en attendant une version francophone canadienne
On peut commander Sonos à partir d’une interface Amazon via une skill « Sonos » existante. Ça fonctionne pas mal , du genre « Alexa, lance la playlist machin sur (le nom de l’enceinte qu’on veut, n’importe laquelle; chez moi une play 1 par exemple ou un connect sur la chaîne ) et voilà ;-)
Que ce soit clair, installer un espion directement chez toi qui écoute tout ce que tu dis, tout le temps, et en envoyant des données à des serveurs ailleurs.... c'est juste pas possible :)
@kagou
Oui oui illuminatis and co ?
Paranoïa quand tu nous tiens ?
@kagou
C'est pourtant comme ça que ça marche. Amazon te profile continuellement en fonction de ton usage et quand tu installes le skill Télé Star et que tu l'interroges, Amazon envoie des infos de ton profil à Télé Star.
Il n'y a pas d'IA sans données, si c'est pertinent c'est que t'es profilé.
@baklawa
Je ne dis pas que tu as tord mais pour que Télé Star dise « ce soir il y a Koh Lanta à 21 heures sur TF1 » je ne vois pas en quoi il est nécessaire d’espionner les gens et d’envoyer à Télé Star leurs données personnelles
@rua negundo
L'IA gagne en pertinence en connaissant le contexte donc par définition profile en permanence. Regarde Apple avec Siri qui ne le fait pas autant que les concurrents, Siri est en retard.
Après, Télé Star passe un accord avec Amazon et paye pour recevoir des éléments de profil en échange de quoi un skill Télé Star existe. Il n'y a rien de nécessaire là-dedans, au détail près qu'il faut suffisamment de données pour devenir pertinent, mais c'est bel et bien le business model.
@rua negundo
Si justement. Pour que Alexa puisse répondre "il ya Koh Lanta" lorsque tu lui demandes ce qu'il ya de bien ce soir à la tv. Si elle connaît tes goûts elle peut répondre. Jamais il n'y aura un truc comme ça chez moi qui écoute tout !
@rua negundo
Le ciblage est la clé, puisque grâce à ça on te conseillera cette émission plutot qu'une autre
@kagou
?
C’est pour ça que leur pub est en anglais sous-titré français?
?
Ce qui est tout à fait extraordinaire ici c’est qu’Alexa impose en quelque sorte ces espèces de Skill ce qui veut dire :
1- que cet assistant n’est pas assez performant si on lui parle normalement
2- que cela impose une étape supplémentaire, une mémorisation et avec le temps un rétrécissement et une sorte d’esclavage au Skill
et donc qu’aucun des pourfendeurs de Siri ne s’insurge en hurlant sa mère que c’est minable et scandaleux et que ce putain d’assistant devrait tout comprendre sans que l´on ait à se faire chier avec des Skills.
Merci à MacG pour cet article très intéressant. :-)
On est tout au début des assistants virtuels, c'est probablement encore trop tôt pour savoir si ça sera un gadget temporaire (à la Tamagotchi) ou si on se trouve devant un outil qui bouleversera nos habitudes.
On se rend compte en tout cas qu'Amazon semble avoir très bien fait les choses et qu'Alexa en français n'a pas été développée à la va-vite, mais a bénéficié d'un soin appréciable. Il est possible de lui parler normalement, sans devoir modifier son accent ou faire appel à une formulation particulière. Et pour ce qui est de la confidentialité et de la gestion des données privée par Amazon, je recommande la lecture de cet entretien :
http://www.slate.fr/story/160390/alexa-assistante-personnelle-amazon-donnes-personnelles
Apple est en train de laisser le marché des assistants domestiques à Amazon et Google. Peut-être ont-ils raison de ne pas s'y investir sérieusement (le HomePod étant avant tout vendu comme une enceinte audio), mais je me demande quand même si ce retard ne leur portera pas préjudice d'ici quelques années...
Ordinateur !!
Enorme. De loin le plus normal des mots d'appel.
"Big Browser, résumes-moi la page Wikipédia consacrée à Edward Snowden…"
Ça peut le faire.
@Sic transit
+2?
Je ne comprends par la remarque qui dit la langue française est musicale, j'ai toujours lu que c'était l'inverse, le français était plutôt terne, morne, par rapport l'anglais notamment. ?
C'est quoi un "skill" ? Merci MacG de penser à vos lecteurs francophones. Et merci de mettre a minima en italique lorqu'il s'agit d'un terme issu d'un autre idiome et pas suffisamment généralisé dans le langage courant.
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