En l'absence de la caisse de résonance du MWC, Huawei a dû faire beaucoup de bruit aujourd'hui pour tirer un peu de la couverture médiatique vers lui, et c'est réussi. Le constructeur a ainsi dévoilé le Mate XS, une nouvelle tablette pliante, ainsi que le MatePad Pro 5G, là aussi une tablette, mais plus classique… À tel point qu'on dirait un clone de l'iPad Pro !
On s'en doutait un petit peu car l'appareil avait fuité en novembre dernier, mais la présentation officielle confirme le bon vieil adage « là où il y a de la gêne, y'a pas de plaisir ». Et Huawei s'est indubitablement fait plaisir. Le design de la tablette et de son clavier est très proche de celui de l'iPad Pro et du Smart Keyboard, le système d'attache et de recharge du stylet est aussi identique.
Huawei s'est même « inspiré » du multitâche d'iPadOS. Adrian Weckler a tourné quelques vidéos de comparaison assez saisissantes.
Et ces ressemblances qui vont au-delà de la simple coïncidence sont bien malheureuses, car le marché de la tablette a besoin d'un concurrent sérieux à l'iPad ! La MatePad Pro a quelques arguments techniques à faire valoir : écran LCD de 10,8 pouces (2 560 x 1 600), puce Kirin 990 « maison », une puce dédiée aux traitements IA, de 6 à 8 Go de RAM, de 256 à 512 Go de stockage, un appareil photo de 13 mégapixels (ƒ/1,8) au dos et de 8 mégapixels (ƒ/2.0) dans une bulle sur l'écran, une batterie de 7 250 mAh, et la 5G bien sûr.
On relève également une charge rapide sans fil de 27 watts et une recharge inversée de 7,5 W. Mais à l'instar des tablettes Android qui n'ont jamais su s'imposer sur ce marché, il y a fort à parier que ce n'est pas cette MatePad Pro qui y parviendra. Pris dans la nasse de l'administration Trump, Huawei doit en effet apprendre à se débrouiller sans technologies américaines dans ses nouveaux produits. C'est le cas du Mate XS, mais aussi du MatePad Pro, tous deux privés des applications et services Google.
Huawei vante EMUI 10.1, sa surcouche Android, ainsi que l'AppGallery, qui fait office de remplaçant du Play Store de Google. Avec d'ailleurs des arguments que ne renierait pas Apple : « "La confidentialité, sous votre contrôle" a toujours été au cœur de notre philosophie », assure ainsi Richard Yu, le patron de Huawei Consumer Business Group. Malheureusement, cette boutique parait bien vide face à celle, officielle, d'Android. Comme le note TechRadar, sur les 15 apps les plus populaires du Play Store anglais, 4 seulement sont disponibles dans l'AppGallery.
Il est toujours possible de forcer l'installation d'applications Android sur les appareils de Huawei. Mais Google déconseille vivement de réaliser cette opération sur des terminaux qui n'ont pas reçu l'agrément Play Protect. « En raison des restrictions gouvernementales, les nouveaux appareils de Huawei disponibles après le 16 mai 2019 ne peuvent plus passer les processus de sécurité [de Google], il ne peuvent pas non plus préinstaller Play Protect », explique ainsi le moteur de recherche dans une note récente. Les smartphones et tablettes du constructeur sont donc considérés comme « non certifiés ».
Même avec des prix intéressants qui s'échelonnent entre 549 et 749 €, cette tablette a plusieurs handicaps qui ne vont pas l'aider à se faire une place sur le marché. Sortie prévue en avril.