Test de l’iPhone 14 Pro : l’iPhone de toutes les promesses

Anthony Nelzin-Santos |

« Une pomme chaque matin éloigne le médecin », et si cela ne suffisait pas, l’iPhone 14 Pro est maintenant fourni avec une pilule. La « Dynamic Island », c’est son nom en-anglais-dans-le-texte, est d’autant plus visible que l’écran qui l’entoure reste toujours allumé. Mais ce n’est rien à côté des objectifs photographiques, qui grignotent encore un peu plus le dos de l’appareil.

Cette seizième révision annuelle n’est pas une révision anodine. L’écran toujours allumé promet de changer le rapport aux notifications, la Dynamic Island change fondamentalement le modèle d’interaction avec les applications, le « grand » capteur de 48 Mpx transfigure les clichés, et le prix atteint de nouveaux sommets. L’iPhone 14 Pro n’est pas un iPhone 13S Pro, mais devriez-vous l’acheter pour autant ? La réponse dans notre test.

L’iPhone 14 Pro. Image iGeneration.
Quand y’en a plus…

…y’en a encore ! Ce test de l’iPhone 14 Pro se concentre sur le système photographique et le fonctionnement de l’écran « toujours allumé » et de la Dynamic Island. Notre test de l’iPhone 14 Pro Max reviendra sur l’écran et sa pilule sous un angle plus pratique, et abordera la question des performances. Nous vous livrons nos premières constatations sur l’autonomie de ces appareils, mais cette année plus encore que les précédentes, nous attendrons quelques semaines avant de formuler nos conclusions définitives.

Grand angle et grand capteur

Commençons par l’envers de l’iPhone 14 Pro. Si l’épaisseur du « plateau » (1,8 mm) et des objectifs (2,3 mm) représentent plus de la moitié de celle du corps (7,9 mm), au point de rendre l’appareil complètement bancal, c’est bien que le système photographique doit être important ! En prenant en compte cette bosse de plus en plus imposante, ce qu’Apple ne fait évidemment pas, l’iPhone 14 Pro est plus épais que l’iPhone original.

Avec son gros bloc photographique placé dans un coin, l’iPhone 14 Pro est encore plus bancal qu’un routeur dessiné par Philippe Starck, même lorsqu’il est engoncé dans une housse. Vous le sentirez à chaque fois que vous toucherez l’écran du téléphone posé sur une table.

La justification est toute trouvée : les lois de la physique étant ce qu’elles sont, il faut augmenter le tirage pour agrandir le capteur sans changer la distance focale. Or Apple a sacrément agrandi le capteur de l’appareil grand-angle de l’iPhone 14 Pro1, presque deux tiers plus grand que celui de l’appareil grand-angle de l’iPhone 13 Pro, et plus grand même que le capteur de type 1/1,2 du Nokia 808 Pureview ! Apple vient chasser sur les terres des fabricants de compacts « experts ».

Rien ne permet d’améliorer la qualité des images aussi simplement et aussi sensiblement que l’agrandissement des photosites. Sauf que si ce capteur est deux tiers plus grand, il comporte aussi quatre fois plus de photosites, ce qui signifie que chacun d’entre eux est un tiers plus petit. Alors que le capteur principal de l’iPhone 13 Pro Max comportait douze-millions de photosites de 1,9 µm, celui de l’iPhone 14 Pro comporte quarante-huit-millions de photosites de 1,22 µm.

Comment Apple peut-elle se permettre d’affirmer que la qualité est « jusqu’à deux fois supérieure par faible luminosité » ? En recourant au binning : Apple regroupe quatre photosites pour former un quad-pixel, quarante-huit-millions de minuscules photosites de 1,22 µm deviennent douze-millions de gigantesques pixels de 2,44 µm, et les superlatifs peuvent pleuvoir (lire : Tout ce qu’il faut savoir sur le pixel binning, la combine pour améliorer les photos).

Le capteur principal de l’iPhone 14 Pro (à gauche) comparé à celui de l’iPhone 13 Pro (à droite). La diagonale mesure presque 2 cm. Image iGeneration/微机分WekiHome.

La réalité est plus complexe : l’interpolation des photosites introduit des artéfacts, et un quad-pixel ne capte pas autant qu’un véritable photosite de la même taille. Cela explique qu’Apple ait longtemps résisté au binning, employé de longue date par les fabricants asiatiques, avec des résultats plus ou moins heureux. Mais la firme de Cupertino conçoit ses propres processeurs et ses propres algorithmes de traitement, qui peuvent être intimement associés aux caractéristiques physiques du capteur.

Au lieu de traiter le quad-pixel comme un bloc, elle peut exploiter chaque photosite séparément, réduire la durée de l’exposition ici et augmenter la sensibilité là-bas, et recombiner les quatre signaux pour former un « super-pixel » optimal. Un quad-pixel n’est certes pas l’équivalent d’un photosite de 2,44 µm, mais ce n’est pas seulement la somme de quatre photosites de 1,22 µm. Encore heureux : l’optique ne sort pas indemne de l’opération, et perd un demi-diaph’, ce qui veut dire qu’elle laisse entrer un peu moins de lumière (ƒ/1,78) que celle de l’iPhone 13 Pro (ƒ/1,5).

En contrepartie, elle couvre un champ légèrement plus étendu. Apple desserre progressivement le cadre : de 35 mm dans les premiers modèles, puis 28 mm avec l’iPhone 4, et 26 mm depuis l’iPhone XS, la distance focale de l’optique principale tombe maintenant à 24 mm. C’est la limite pratique du « grand angle », qui permet de photographier un objet d’un mètre à un mètre de distance2 sans déformations excessives. Apple pourrait descendre jusqu’à 18 mm, la limite théorique couvrant un champ de 90°, mais la moindre (contre-)plongée déformerait fortement les verticales — et les visages.

Grand amateur de devantures défraichies, j’apprécie l’élargissement du cadre au moment de déclenchement (je n’ai pas besoin de descendre du trottoir), moins au moment du développement (je dois souvent corriger la perspective). Dans cet exemple, une légère contreplongée entraine la forte convergence des verticales vers le haut.

Faut-il encore tester l’appareil principal en pleine journée ? L’iPhone 13 Pro produisait déjà des clichés fort satisfaisants. Il faut sortir la loupe pour discerner la moindre différence : les hautes lumières sont peut-être un peu moins bouchées, les tons moyens sont peut-être un peu moins chauds, les ombres sont peut-être un peu moins bruitées, et donc l’image est peut-être un peu plus détaillée. Les quad-pixels de l’iPhone 14 Pro ne valent pas quatre fois mieux que les pixels de l’iPhone 13 Pro.

Cela n’a l’air de rien, mais il y a quelques années, ce genre de clichés aurait ressemblé à une bouillie de pixels. Un smartphone peut maintenant exposer correctement les feuilles au premier plan sans plonger les feuilles intérieures dans le noir, reproduire fidèlement la palette de verts, et même séparer les plans avec un bokeh presque plaisant. Cela étant dit, il faut zoomer à 100 % pour remarquer que l’iPhone 14 Pro produit un cliché légèrement moins bruité que l’iPhone 13 Pro.
avatar Furious Angel | 

Le soin dingue apporté aux animations de la Dynamic Island montre que c’est quelque chose travaillé depuis longtemps. Ils ont très probablement imaginé ça avant de décider de remplacer l’encoche par une pilule. Les deux ont en tout cas été conçus ensemble, le software et le hardware se fondent parfaitement et c’est quelque chose d’incroyablement élégant.

Pour avoir un peu joué avec en boutique, c’est vraiment brillant, et immédiatement naturel. C’est vraiment impressionnant et ça sera évidemment chez tous les concurrents dans un an !

avatar memy | 

J’adore la phrase d’accroche de l’article. Très drôle

avatar charonne | 

Oh 😳 cela fait une semaine que j’ai l’iPhone 14 Pro et je n’avait pas perçu que le trou du haut parleur avait disparu de la surface de l’écran pour migrer dans cette petite fente discrète sur le bord du téléphone ! Merci de me l’avoir fait remarquer. Cela rend la dynamic island encore plus intéressante, en comparaison de l’encoche.

avatar minipapy | 

@charonne

En fait, c’était déjà le cas l’année dernière. C’est d’ailleurs ce qui a permis de réduire la largeur de l’encoche l’an passé.

avatar imrfreeze | 

Contrairement ce qu'on lit beaucoup, on se fait selon moi à l'écran "toujours allumé" en à peine une petite soirée. Certains écrivent qu'on a l'impression d'avoir laissé allumé son téléphone mais c'est un très mauvais argument puisque cela fait depuis Face ID que le téléphone éteint l'écran rapidement si le capteur ne détecte personne devant. Donc c'est une sensation "d'oubli" irréaliste. Et en plus sa luminosité en mode veille ne se confond pas un instant avec l'écran réellement allumé, sauf si vous avez l'habitude d'avoir votre écran au minimum. Apple a bien fait les choses. Qu'est-ce qu'on gagne au final ? On voit l'heure, trois widgets et surtout la photo fort sympathique qu'on a choisi en fonction d'écran. C'est très sympa et dans quelques années on s'étonnera de ce que les écrans d'autrefois s'éteignaient...

avatar AlexG | 

@imrfreeze

👍🏻👍🏻👍🏻

avatar Ithør | 

J’adore la conclusion ! 😆 « L’iPhone 14 Pro est une promesse, celle que votre compte en banque va souffrir. »

avatar mesha76 | 

@Ithør

Yep moi aussi
Sinon mon compte en banque ne sera pas siphonné par l’iPhone 14 pro max il est déjà siphonné par le coup de la vie.

avatar clementp | 

Qu’est-ce que ce test est agréable à lire ! J’ai trouvé la partie photo très instructive et le style d’écriture très plaisant. Merci Anthony.

avatar onkr | 

Article au top !!! Et je n’ai pourtant pas l’intention d’acheter cet iPhone…

avatar ancampolo | 

Hello, dans l’article tu ne reponds pas a la grande question l’utilisateur d’un iphone 13pro doit il franchement se tourner vers cet iphone? Pour moi le seul truc qui m’intéresse c’est le mode action.

avatar grdelage | 

Contrairement à l’auteur, je trouve que l’écran qui n’est pas toujours « actif » est plutôt une bonne chose car en saisissant son téléphone, on ne veut pas accidentellement ouvrir une app. Je ne suis pas sûr que ce serait ergonomique et j’imagine qu’Apple l’a testé.

avatar powergeek | 

Superbe article 👏👏👏

avatar Rom 1 | 

Perso très content de mon 14 Pro qui a remplacé un 13 Pro. Je trouve la batterie encore meilleure, l’appareil photo s’est aussi amélioré sur quelques détails mais qui font, dans certaines conditions, la différence comme l’a noté Anthony.
Autre chose : le modèle argent est plus blanc que le précédent qui était un peu lumière stellaire, c’est bien mieux surtout quand on ne met pas de coque.
Enfin l’île dynamique est bien sympa à l’usage, je trouve ça très malin mais je dirai quand même qu’elle se fait nettement plus sentir qu’une encoche sur le bord du téléphone.

avatar grezg | 

@Rom 1

Tu as pu constaté aussi des progrès sur les vidéos ?

avatar Rom 1 | 

@grezg

Difficile à dire pour l’instant, je n’ai pas trop fait de vidéos. Mais je trouvais déjà le 13 Pro bon, d’autant que j’enregistre en 4K à 60 ips, à voir sur la durée.
Le seul truc qui m’exaspère avec les appareils des iPhone c’est le point vert lors des captures face au soleil, d’autres constructeurs gèrent mieux la chose.

avatar emb29 | 

Merci Anthony pour ce très bon test. Je pensais changer mon 11 (classic 128 go) par un 14 pro en 256Go surtout au vu des améliorations photos, mais j’hésite a cause du port lightning. les fichiers en raw semblent être très conséquent et meme plus important que les raw de mon reflex et je ne parle même pas des fichiers vidéo. Le 15 pro de l'année prochaine devrait disposer d'un port usb C (ou peut être pas de port du tout mais je n'y crois pas). Ne vaut il pas mieux attendre ?

avatar iChris015 | 

@emb29

Bonsoir, pas certain que l’iPhone 15 soit équipé d’un port usb-c car cette obligation ne devrait être effective que à l’automne 2024, donc peut-être pour l’iPhone 16 voire 17.
Sur les iPhones 15 Pro, on parle d’un objectif périscope qui pourrait se comporter comme un véritable zoom avec ainsi plusieurs focales sur le même objectif.
Il sera peut-être aussi possible de filmer en 8k avec l’iPhone … 1 To ;)

avatar richard84 | 

Est ce que quelqu’un a déjà lu acheter avec le paiement ALMA en magasin ?

avatar louisb | 

Excellent article excellemment bien écrit, forts compliments à vous Anthony 👏🏻
Peu convaincu après la lecture de ce test et d’autres reviews US majoritairement des progrès qu’apporte le capteur 48Mpx… le 13 Pro doit bien se vendre sur les sites partenaires et en reconditionné, pour qui s’en fiche de l’AOD et du crash detect et de l’île mouvante.
Merci encore, lecture franchement plaisante.
⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️

avatar BingoBob | 

Merci Anthony pour ce superbe article.
Il n’y a que MacG pour faire des tests aussi précis, et agréables à lire.

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