Amazon veut couper l'herbe sous le pied de Google avec ses propres services

Mickaël Bazoge |

Avec le Fire Phone, Amazon s’est planté dans les grandes largeurs : ce smartphone, lancé en grande pompe durant l’été 2014, a réalisé un flop retentissant malgré les efforts de son constructeur pour soutenir les ventes — quitte même à brader l’appareil, qui de 650 $ sans abonnement, est passé à 130 $ (avec en bonus un an d’abonnement Prime) histoire de vider les stocks. En septembre dernier, Amazon a mis l’étouffoir sur ce produit, non sans avoir licencié une partie des ingénieurs ayant participé à l’élaboration du produit (lire : La triste fin du Fire Phone).

Mais à quelque chose malheur est bon. Amazon n’en a pas terminé avec cette expérimentation : d’après The Information, le distributeur cherche à nouer des partenariats avec des fabricants de smartphones Android afin qu’ils pré-installent ses services dans leurs terminaux. Une intégration d’usine donc, qui aurait pour conséquence de transformer ces mobiles en vitrines d’Amazon comme peuvent l’être les tablettes Fire.

Pour son Fire OS (un fork d’Android), Amazon a mis au point des services concurrents de ceux de Google : une boutique d’applications, un client mail, un navigateur web (Silk), des systèmes de micro-transactions et d’authentification, une API de localisation… L’entreprise de Jeff Bezos intègre déjà plusieurs de ses applications en standard sur certains smartphones distribués par AT&T et d’autres de Samsung, mais il s’agit cette fois d’aller plus loin encore.

Amazon risque de se heurter au blocage de Google. Pour avoir le droit d’utiliser Android et les services du moteur de recherche (en particulier le Play Store), les constructeurs doivent signer un contrat MDDA (Mobile Device Distribution Agreement) qui restreint leurs marges de manœuvre, notamment en ce qui concerne la conception de produits qui n’embarqueraient pas Google Play. Comme l’explique ArsTechnica, le moteur de recherche voit même d’un mauvais œil l’aide que pourrait apporter un fabricant à un tiers pour mettre au point des appareils qui ne répondraient pas aux termes de ce contrat.

Rien n’empêcherait par contre Amazon de proposer l’intégration de services qui ne concurrencent pas directement ceux de Google. C’est le cas de Firefly, un « scanner » d’objets, de séries TV et de films qui permettent d’identifier des produits que l’on peut ensuite acheter… sur Amazon, évidemment.

avatar Ze_misanthrope (non vérifié) | 

A part quelques petits constructeurs asiatiques, je ne vois pas qui va accepter de prendre le risque de ne pas utiliser Google, mais les pitoyables services d'Amazon à la place.
Le Fire Phone n'est pas l'exemple d'un téléphone à succès avec leur fork. Si au moins ils avaient une belle vitrine d'un succès pour motiver les fabricants.

Mais bon, c'est bien d'essayer!

avatar shadoxas | 

Amazon n'a toujours pas compris que le monde du smartphone n'avait pas besoin d'eux....

avatar Ast2001 | 

On peut critiquer la monétisation des services Google mais de là à imaginer qu'Amazon puisse en quoi que ce soit en remplacer même 10% en couverture fonctionnelle et en qualité, c'est inimaginable. Même sa boutique d'applications qu'ils tentent de relancer en permanence à grand coup d'applications gratuites est à des années lumière du Play Store.

avatar enzo0511 | 

Utiliser Android pour développer une plateforme et des services concurrents, c'est culotté et stupide

avatar romain90 | 

Je ne comprends pas comment ca se fait que Google ne tombe pas sous le coup d'un abus de position dominante avec cette interdiction faite aux constructeurs d'utiliser autre chose si ils veulent pouvoir utiliser Google Play.
Est-ce que ca ne choque personne d'autre ? Aucun constructeur ne va se priver d'un OS utilisé par plus de 80% dans le monde, car quoi qu'on en dise Android + Google Play est l'"OS" que tout le monde connait et utilise, et pas AOSP qui lui est libre d'être utilisé.

avatar riri2 | 

En fait Google n'interdit pas aux constructeurs commercialisant des Smartphones sous Android avec les services Google de commercialiser des smartphones sous un autre OS (plusieurs constructeurs en vendent sous WindowsPhone ou Tizen pour Samsung) mais leur interdit d'en distribuer d'autres sous des forks ď'AndroidAOSP qui n'intègreraient pas les services Google.
En gros si un constructeur veut commercialiser des appareils sous Android soit ils doivent tous avoir les services Google (et là c'est le pannel complet des services Google mais ils peuvent en ajouter d'autres comme ceux de Microsoft) soit aucun ne doit en avoir : c'est tout ou rien.
Google dit que c'est pour éviter une fractionnement d'Android (et de fait rares sont les applications Android à ne pas fonctionner sous tous les appareils sur toutes les versions d'Android depuis la 4.0) mais c'est surtout parce que Google fait son beurre avec les services (publicités ou achats ďapplications, musiques, films, livres, abonnements Google Music...). Google n'a aucun intérêt à laisser les constructeurs essayer de construire leurs propres écosystèmes obligatoires sur certains marchés (Inde par exemple) en privant Google de tout revenu et en enfermant les clients sur leur marque comme le fait Apple : marché devenu captif grâce aux applications (et livres, musiques et films ?) achetés que le client devrait racheter s'il voulait aller chez une autre marque. En fait cette uniformisation forcée est bonne pour Google et les clients mais mauvaise pour les constructeurs qui ont extrêmement de mal à commercialiser leurs services et à fidéliser les clients.
Construire son propre écosystème enfermant/fidélisant les clients est le Saint Graal pour les constructeurs car très ça sécurise le chiffre d'affaire et peut être extrêmement rémunérateur comme pour Apple et c'est pourquoi Nokia a essayé de construire le sien en association avec Microsoft mais c'est très difficile.
A suivre.

avatar riri2 | 

...Suite
Car pour attirer les clients un écosystème doit être complet (toutes les applications principales et les services) et les éditeurs/partenaires attendent eux d'avoir un marché de taille suffisante pour développer des applications/services. L'oeuf ou la poule. C'est un cercle vertueux ou vicieux qui ne se crée que lorsqu'un marché se crée (celui des smartphones/tablettes ici) des acteurs renommés et compétents investissent celui-ci.
Apple et Google l'ont fait au bon moment et ont brillamment réussi. Mais après c'est extrêmement difficile même pour des sociétés ayant énormément de moyens comme Microsoft et proposant des produits de très bonne qualité comme Windows Phone et les Lumia.
Car les clients et les éditeurs sont grégaires et laissent rarement leur chance aux challengers.
Même en France où la part de Windows Phone est relativement importante (à peine inférieur à celui d'Aple) et où le marché existe donc, des éditeurs ne proposant leurs services qu'en France ne développent pas leur application pour Windows Phone : exemple 'Le Bon Coin' ou 'AveComics'.
Dommage.

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