Cette année, comme il y a un an, les nouveaux Pixel de Google passeront au large de la France, d'une bonne partie de l'Europe ou encore de l'Asie. C'est tout le paradoxe des annonces de Google. La filiale d'Alphabet est un géant mondial, ses apps sont partout et bien souvent indispensables, ses précédents téléphones ont été remarqués et, pourtant, ils sont pour ainsi dire invisibles, même sur leur marché national.
En prélude à la présentation hier de toute une famille de matériels, dont le renouvellement des smartphones, Recode pointait vers une étude de ComScore sur la part de marché microscopique des Pixel aux États-Unis. Sur les trois derniers mois d'été seulement 0,7 % des nouveaux abonnés dans le pays avaient opté pour des Pixel (Google ne donne pas de chiffres de ventes), contre 45,5% pour des iPhone et 29,5 % des Samsung.Ce n'est pas un problème de visibilité, Google n'est pas un nouveau venu comme Essential, et s'il vend lui-même en ligne il est aussi référencé chez Verizon, principal opérateur américain. Un accord d'exclusivité d'ailleurs reconduit pour les Pixel 2.
Pour la France, Google a confirmé sur Twitter qu'il ne fallait rien espérer cette année, une réponse renouvelée à des clients potentiels au Japon ou en Thaïlande. Chez nous, il faudra se contenter de la version mini de l'assistant domestique Google Home (59 €).
L'activation il y a peu de Google Assistant en France laissait penser que le dernier verrou pour une commercialisation des Pixel dans l'hexagone avait sauté. Finalement, il n'en est rien (lire Test du Google Home).
Pour autant, Google commence à étendre ses capacités de distribution à l'international. Les premiers pays servis pour les Pixel 2 et 2 XL seront identiques à ceux de 2016 : USA, Canada, Australie, Allemagne, Royaume-Uni et Inde. Par contre il y aura une seconde vague(lette) — « plus tard dans l'année » — qui touchera pour la première fois l'Italie, l'Espagne et Singapour. Ceux-là recevront le Pixel 2 XL (et lui seulement).
À défaut de pouvoir acheter en France on pourra commander dans un pays frontalier, c'est mieux que rien. Pas de Pixel pour l'Hexagone et pas davantage pour le Japon, la Chine (où le blocage des services Google n'arrange certes pas les choses), les pays nordiques, l'Europe de l'Est, le continent sud-américain et on en passe. Google cartographie la planète entière mais sa carte du monde pour ses smartphones est parsemée d'immenses zones blanches.
En comparaison, Apple, avec l'expérience de ses 10 ans de ventes d'iPhone, évolue à un tout autre niveau de jeu. Sa logistique souffre bien plus de ses difficultés à fabriquer assez de téléphones qu'à pouvoir les envoyer aux quatre coins du monde (lire Apple pilote les précommandes depuis une « War Room »).
Les iPhone 8 ont été immédiatement commercialisés depuis Malte jusqu'à la Chine en passant la Russie, le Qatar et toute l'Europe. Pour l'iPhone X c'est encore plus ambitieux. Celui dont on redoute qu'il soit en ruptures de stock chroniques est prévu le 3 novembre dans pas moins de 57 pays. Ce qui ne veut pas dire qu'on le trouvera à chaque fois en grandes quantités mais au moins la machine à expédier les iPhone a prévu très large (lire Le périple des iPhone depuis Zhengzhou jusqu'aux Apple Store).
C'est une facette que l'on sous-estime : concevoir et fabriquer un téléphone haut de gamme est ardu mais le vendre partout dans le monde l'est aussi. Google n'a pas encore le savoir-faire ni la mécanique bien huilée d'un Apple ou d'un Samsung, toutefois il s'emploie à s'en approcher.
Rick Osterloh, le patron de la division matérielle de Google, explique à The Verge que "l'acquisition" récente de 2 000 personnes chez son partenaire taïwanais HTC vise à remplir cet objectif de montée en charge : « L'opération, fondamentalement, consistait à essayer de renforcer nos capacités, pour développer notre activité plus vite et renforcer notre présence dans le smartphone ».
Il ajoute : « Une activité matérielle suppose d'avoir beaucoup de gens pour monter en puissance et faire de grandes choses. En particulier pour les smartphones, qui sont super compliqués… Et ensuite, le deuxième gros morceau était la nécessité d'avoir une base opérationnelle plus importante en Asie ».
Osterloh se donne comme priorité la satisfaction des clients des Pixel « Dans l'immédiat, l'outil de mesure n'est pas celui des ventes, c'est la satisfaction des consommateurs et l'expérience utilisateur » mais plus tard Google entend bien déployer ses ailes « Il n'est pas dans nos intentions de rester dans une niche, nous espérons vendre des produits en gros volumes d'ici 5 ans ».
- En Allemagne, le Pixel 2 est annoncé à 799 € en 64 Go et 909 € en 128 Go. Pour le Pixel 2 XL on monte respectivement à 939 € et 1 049 €. Si on cherche un bon téléphone Android pas trop cher, il faudra aller voir ailleurs (lire aussi Google fait payer le prix fort pour les accessoires du Pixel 2).