Dans un univers parallèle, l'iPhone est un smartphone ouvert aux quatre vents. Les utilisateurs peuvent installer des applications natives directement depuis Safari. Les développeurs peuvent facturer leurs achats intégrés avec la plateforme de paiement de leur choix. Tout le monde discute avec tout le monde sans avoir à choisir une messagerie en particulier.
Ce monde n'existe pas. Du moins, pas encore. L'accord européen trouvé fin mars autour de la législation sur les marchés numériques (DMA pour Digital Markets Act) secoue le cocotier d'un modèle économique qui a largement contribué à faire d'Apple ce qu'elle est devenue aujourd'hui : un géant des technologies autour duquel gravite la vie de millions d'utilisateurs et de développeurs, qu'ils soient consentants ou pas.
C'est pour casser cette emprise et ce pouvoir que le DMA met en place plusieurs mesures visant à donner plus de choix aux utilisateurs, cela en contraignant Apple à faire preuve d'ouverture bien au-delà des maigres compromis que l'entreprise a pu offrir contrainte et forcée, comme sur les apps de consultation désormais autorisées — rendez-vous compte — à créer un lien externe vers le web.
Négociations, mise en œuvre, sanctions : le pourquoi du comment du DMA
Qu'est-ce que le DMA va changer pour Apple, le « contrôleur d'accès » (gatekeeper) ombrageux de l'App Store ? On fait le point, en sachant que la mise en œuvre effective de ces mesures aura lieu probablement au premier semestre 2023. Le texte amendé est lisible à cette adresse.
Sideloading et boutiques d'apps alternatives
C'est une des principales menaces qui pèsent sur le modèle économique de l'écosystème d'Apple. Le point (c) de l'article 6 autorise l'installation et l'utilisation effective d'applications, ou de boutiques d'applications alternatives, « par des moyens autres que les services de plateforme essentiels du contrôleur d’accès ». Autrement dit, en dehors de l'App Store.
« [Les restrictions imposées par le contrôleur d'accès] peuvent limiter la capacité des développeurs d’applications logicielles d'utiliser d’autres canaux de distribution et la capacité des utilisateurs finaux de choisir entre les différentes applications logicielles de différents canaux de distribution, et devraient être interdites comme étant déloyales et susceptibles d’affaiblir la contestabilité des services de plateforme essentiels », explique la Commission.
Mieux (ou pire, selon le point de vue) : l'utilisateur pourra aussi sélectionner une application ou une boutique d'apps alternatives par défaut. Par exemple, Cydia pourra devenir la boutique d'apps par défaut de l'iPhone plutôt que l'App Store. Et Facebook Messenger ou Signal, la messagerie par défaut en lieu et place de Messages… Apple a entrouvert la porte au changement d'apps par défaut avec iOS 14, mais cela reste limité au navigateur web et au client mail.