La messagerie instantanée Gliph [1.85 – US – Gratuit – Gliph, Inc.] ne permet plus d'envoyer de bitcoins. Apple a demandé à ses développeurs de retirer cette fonction s'ils voulaient encore voir figurer leur application sur l'App Store. Ce qu'ils ont fait avec amertume comme ils l'expliquent dans un long billet faisant le point sur la politique d'Apple à propos du Bitcoin.
Le Bitcoin est une monnaie qui repose sur un système décentralisé. Les bitcoins ne sont pas émis par les États ou des organisations comme c'est le cas des autres devises, ce sont les utilisateurs eux-mêmes qui les frappent. En faisant tourner un logiciel qui sécurise les transactions, les utilisateurs reçoivent en récompense des bitcoins. On peut donc se constituer un portefeuille de bitcoins et réaliser des transactions pour s'acheter, par exemple, une OUYA.
Le Bitcoin a récemment fait son apparition dans les médias généralistes avec plusieurs faits divers. Un Britannique a jeté par mégarde son disque dur qui contenait 7 500 bitcoins, soit l'équivalent de 5,5 millions d'euros au cours actuel. Un Norvégien, plus chanceux, s'est quant à lui acheté un appartement grâce aux bitcoins qu'il a accumulés depuis 2009. Au fil des ans, le cours du Bitcoin s'est en effet envolé, mais plus le temps passe, plus il faut du temps pour créer une unité.
Mais pourquoi Apple a refusé qu'une application intègre une fonction d'envoi de cette monnaie ? C'est la règle 22.1 des guidelines qui a été invoquée par l'équipe de validation de l'App Store :
22.1 Les apps doivent se conformer à toutes les obligations légales de tous les endroits où elles sont accessibles par l’utilisateur.
À travers le monde, les États ont adopté des positions différentes sur cette monnaie. Pour la Banque de France, le Bitcoin « présente peu ou pas d’intérêt pour une utilisation par les acteurs économiques, au-delà des aspects marketing et publicitaires, tout en les exposant à des risques importants. » Et de citer « l’absence de sécurité des "coffres-forts" permettant le stockage des unités de bitcoins » ou bien encore « l’anonymat des transferts de bitcoin [qui] constitue avant tout un risque d’utilisation de cette monnaie virtuelle à des fins criminelles ». La Chine a carrément interdit à ses institutions financières d'avoir recours à cette monnaie. L'appréciation est différente aux États-Unis, où le patron de la Fed a jugé que si ce type d'innovations pouvaient « comporter des risques liées à la fraude, elles pouvaient aussi être prometteuses à long terme ».
Les avis sont donc très partagés. En invoquant la clause 22.1 pour refuser les applications de transfert et de création de bitcoins, Apple adopte une posture défensive — une habitude sur les sujets sensibles. Toutes les apps liées au Bitcoin ne sont pas non plus persona non grata sur l'App Store. On recense même 117 résultats, mais ces apps se limitent à donner le cours de la monnaie et les dernières actualités sur le sujet. Icominer, un module pour le moteur Unity qui vise à générer des bitcoins pendant l'exécution d'un jeu, ne semble ainsi n'avoir aucune chance d'être approuvé par Apple.
Google fait précisément l'inverse. Google Play accueille de nombreuses applications capables de générer des bitcoins et de les échanger. « Bitcoin est un tour de force technologique. Mais je ne sais pas si au final cela sera légal », a déclaré Eric Schmidt, le président exécutif de Google. En attendant que sa légalité ou que son illégalité soit gravée dans les textes de loi, la firme de Mountain View autorise donc son usage. Sur l'App Store, il ne faut pas s'attendre à ce que le Bitcoin devienne un jour monnaie courante.
[Via Mac Rumors]