À vrai dire, ton exemple est intéressant. Si un journaliste film une conférence de Steve Jobs et la met intégralement en ligne, il y a l'apparence de l'objectivité car il laisse le lecteur se faire sa propre opinion. Le problème c'est que le journaliste en question n'a pas commencé à faire son travail. Il n'a fait qu'être redondant avec la présentation qu'Apple elle-même mettra en ligne, peut être même avant lui, et qui, pour le coup, n'est pas du journalisme, mais de la communication d'entreprise. Si le point de vue consiste simplement à être assis aux sixième rang, dans l'aile droite ou gauche de la salle de la conférence, c'est certes un point de vue, en terme de gestion de l'espace, mais pas du tout en terme de journalisme. Le métier de journaliste consiste à extraire l'information, distinguer ce qui est un fait qui mérite d'être traité, d'une simple relation d'accumulations de faits, montrés sans perspective critique. Il y a un dicton dans les écoles de journalistes… “un chien qui mord un évèque, ce n'est pas une information… un évêque qui mord un chien, ça c'est de l'information” ;-) La presse latine, et française en particulier, mélange allègrement les faits, les commentaires et les analyses tant et si bien qu'on ne sait pas exactement ce qui relève de l'objectivité d'un point de vue partisan. Pour ma part, je suis favorable à une approche plus anglo-saxonne de l'information : “les faits sont sacrés, les commentaires libres”. • d'un côté il y a les faits qui doivent être mis en évidences, non-travestis, non inventés, non censurés, non “oubliés” ; • Puis il faut laisser la place à l'analyse, avec le maximum d'expertise, de recoupements, laissant la place à la contradictions de points de vue si nécessaire… • enfin il reste une part pour la subjectivité du journaliste et la ligne éditoriale du support pour que l'on sache de quel point de vue il se situe… (ce point de vue peut être influencé par l'idéologie, l'attente supposée des lecteurs… ou des annonceurs) ou, de plus en plus rarement, par le regard singulier du journaliste. C'est un peu la chronique que faisait autrefois Florian me semble-t-il dans SVM mac, ou peut être dans Mac Univers… et il le faisait avec beaucoup d'humour et de talent. Ces trois niveaux d'informations, méritent d'être visuellement, spatialement, traités séparément. Ce qui est de moins en moins le cas dans la presse imprimée, et encore moins dans la presse on-line, sans parler du journalisme citoyen (qui par définition porte forcément un regard), les blogs, et autres pages perso.