En 2005, iTunes 4.9 a donné à la communauté naissante du podcasting une plateforme centrale pour partager leurs émissions avec des centaines de millions d’utilisateurs. Avec les années et la professionnalisation rendue possible avec les nouveaux outils (micros, logiciels comme GarageBand), le podcast est devenu une industrie, en particulier aux États-Unis où il existe un marché suffisamment grand pour que ces émissions puissent faire vivre leurs créateurs et les producteurs (les grands médias s’y sont mis).
Malgré des applications pour iOS et tvOS (mais pas OS X), peu de choses finalement ont changé du côté d’Apple, qui propose un catalogue de 325 000 podcasts (10 milliards d’épisodes seront écoutés d’ici la fin de l’année). Cupertino donne l’impression de ne pas réellement s’occuper de la promotion des podcasts. Il faut bien dire que cela ne rapporte rien directement — si ce n’est que le genre est un contenu supplémentaire qui permet de vendre du matériel. Pourtant, les podcasteurs ont des griefs envers Apple, c’est pourquoi une réunion a eu lieu le mois dernier à Cupertino entre sept créateurs d’importance et les équipes du constructeur, rapporte le New York Times.
Parmi les doléances, l’absence de statistiques précises fournies par Apple. Car pour gagner de l’argent et continuer à produire des émissions de qualité, il faut bien que les podcasteurs aient accès à des données aussi complètes que possible sur leurs auditeurs. Les podcasteurs peuvent vendre des publicités facturées entre 20 $ et 100 $ pour chaque millier d’auditeurs. Les dépenses publicitaires vont représenter des centaines de millions de dollars cette année. Et ces sommes pourraient se multiplier si Apple acceptait de jouer le jeu.
La promotion des podcasts sur iTunes est également au cœur des interrogations : quels sont les critères pour être mis en avant ? Personne ne le sait, à part Apple. Enfin, les fonctions de partage sur les réseaux sociaux sont peu intuitives.
La réunion s’est déroulée à huis clos, dans une pièce « pleine d’employés », raconte un des invités anonymes. À l’issue de cette rencontre, Eddy Cue a organisé une seconde réunion, cette fois avec ses équipes, dont rien n’a transpiré. « Nous avons plus de gens que jamais qui se concentrent sur les podcasts », a indiqué "monsieur contenus" dans une déclaration, « dont des ingénieurs, des éditeurs et des programmateurs. Les podcasts tiennent une place à part chez Apple ».
À Cupertino, il existe effectivement une « petite » équipe en charge des podcasts, qui entend depuis des années les mêmes complaintes. Les podcasteurs n’ont accès qu’à un seul interlocuteur, un certain Steve Wilson, qui fait office de « gardien ». Avoir son attention peut faire une vraie différence et assurer le succès d’un podcast, puisqu’il est un des rares à pouvoir mettre en avant sur iTunes telle ou telle émission. L’identité et le contact de cette perle rare se partagent comme des trésors précieux entre podcasteurs « introduits » et très jaloux de leurs informations. Mais une entreprise de la taille et de l’influence d’Apple peut-elle se contenter d’un tel fonctionnement artisanal ?
Apple regroupe environ 65% des auditeurs de podcasts, soit 5 points de moins que l’an dernier d’après RawVoice. 46 millions d’Américains écoutent des podcasts chaque mois, et ce sera sans doute 57 millions par mois en 2016, selon une étude Edison Research. L’équipe chargée des podcasts est maintenant confrontée à un dilemme : continuer ainsi à la petite semaine et se laisser distancer par d’autres diffuseurs (Google, Spotify et d’autres seraient très heureux de reprendre le flambeau), ou investir massivement pour accompagner une industrie nouvelle.