Combien touchent les artistes dont les titres sont joués sur Spotify et iTunes Radio ? Deux articles apportent un éclairage sur le sujet, régulièrement alimenté par des artistes eux-mêmes, lorsqu'ils se plaignent des faibles valeurs des rétributions perçues. Spotify a donné hier quelques indications au Wall Street Journal. D'après le service suédois, les ayants droit reçoivent entre 0,006$ et 0,0084$ pour chaque écoute d'un morceau (0,004€ et 0,006€). Cela revient à une fourchette de 40$ (29€) à 84$ (61€) pour 10 000 écoutes.
Kirk McElhearn explique sur son blog qu'il a pu consulter les relevés de paiement d'Apple pour une maison de disques classiques qui utilise iTunes Radio. Un service, pour le coup, encore réservé aux États-Unis.
Ce label, non nommé, décrit comme de taille moyenne et avec un catalogue assez fourni, a gagné 338$ (248€) pour 316 000 lectures. Un morceau a eu environ 1000 écoutes, ce qui s'est traduit par 7$ (5€). Ces 338$ doivent être ensuite répartis entre les différents ayants droit (interprètes, auteur, etc), ce qui laisse finalement peu pour assurer les autres frais. Il faut rappeler qu'iTunes Radio ne fonctionne pour le moment qu'aux États-Unis, ce qui réduit l'audience potentielle, et le classique n'est très probablement pas le genre le plus écouté.
Spotify compte 24 millions d'utilisateurs dont le quart adhère à la formule payante. Son catalogue a parfois connu des défections, comme le retrait des albums personnels de Thom Yorke (ceux de son groupe Radiohead y sont toujours) du fait de paiements jugés insuffisants. À l'été 2012, un autre groupe s'était ému de n'avoir perçu qu'environ 10$ pour 10 000 lectures de ses morceaux, une somme bien moindre que ce que Spotify aujourd'hui dit payer.
Le service a cité d'autres exemples, sans donner de nom, d'un album à succès qui a généré 425 000$ (312 500€) de chiffre d'affaires en juillet dernier, tandis qu'un album du Top 10 a généré 145 000$ (106 000€). Une autre "star" a perçu 3 millions de dollars (2,2 millions d'euros) sur l'année écoulée, avec la probabilité de doubler cette somme en 2014. Un montant et une vedette qui ne seraient pas dans le haut du panier. On ne sait pas en revanche si cela correspond aux volumes que cette même vedette obtient via d'autres supports de diffusion plus classiques.
Enfin, Spotify a affiché l'an dernier une perte de 80 millions de dollars (58 millions d'euros). 70% de l'argent gagné, à l'en croire, est reversé sous la forme de royalties. Ce qui lui laisse une marge de manœuvre assez faible pour augmenter ses taux de reversement, sauf à engranger toujours plus d'abonnés.