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Test du thermostat Nest et du détecteur de fumée et monoxyde Protect

Florian Innocente

mercredi 12 novembre 2014 à 14:30 • 39

Matériel

Depuis septembre dernier le thermostat Nest est en vente en France (et en Belgique). Il s'agit de la deuxième génération (2012) de cet appareil lancé il y a exactement trois ans aux États-Unis. Il fut suivi plus tard par un détecteur de monoxyde, le Protect, disponible chez nous aussi.

Le Nest avait rendu sexy l'univers très "beige" des thermostats sans fil. Il proposait un design assez inédit dans ce milieu, une facilité d'utilisation sans commune mesure avec les appareils habituels, une philosophie d'autoapprentissage, une connexion avec des apps mobiles et, cerise sur le gâteau, il avait pour concepteurs des pointures de l'équipe iPod d'Apple. Depuis, une poignée de produits se sont inspirés de Nest, comme le français Netatmo ou le Tado allemand, mais l'américain qui a été acheté depuis par Google reste le précurseur et il se vend (un peu) plus cher que tous ses camarades. Un prix mérité ? La réponse dans notre (premier) test.

Le Protect que l'on peut utiliser avec ou sans le Nest, le socle optionnel pour le Nest et le thermostat Nest

Préambule, nous utilisons 2 Nest (et 1 détecteur de monoxyde "Protect"). Le premier est en service depuis un peu plus d'un mois et vraiment actif depuis une quinzaine de jours, le second l'est depuis une semaine. Le premier Nest et le Protect nous ont été fournis au tout début octobre par son fabricant qui a également pris en charge l'installation du thermostat (nous avons installé le Protect nous-même, ça n'a rien de sorcier, juste quatre vis à poser). Nous avons acheté le second Nest sur Amazon (219 euros), accompagné de son socle optionnel (35 euros).

Le premier Nest est utilisé dans un appartement d'environ 80 m2, le second l'est dans nos locaux de MacGeneration, plus petits. L'installation de la deuxième unité a été faite par la même personne que la première : un spécialiste Prestagaz pour la région Lyonnaise. L'installation nous a coûté 114 euros (les prix peuvent varier, voir la liste des sociétés agrées). La garantie de Nest est de deux ans.

Notez qu'il n'y a aucune obligation d'en passer par les services d'un professionnel si on est bricoleur ou au fait du fonctionnement d'une chaudière. On conseillera quand même le recours à un spécialiste car les informations fournies par les fabricants peuvent s'avérer succinctes.

Nous sommes par exemple en train de faire installer un Tado et au bout d'une dizaine de mail, son fabricant ne sait toujours pas nous dire si son boitier marchera avec notre chaudière installée dans un appartement flambant neuf… Chez Nest, le site ne propose qu'un assistant qui se borne à dire si le mode de chauffage est compatible ou non. Il faut aller dans la partie support pour trouver une vidéo en anglais. Dans la boite on a néanmoins un manuel d'installation en français avec quelques explications de branchement du Heat Link à la chaudière.

Tado°

Même chose chez Netatmo avec un assistant en ligne à peine plus informatif puisque l'on peut désigner la marque de sa chaudière, mais ça ne va guère plus loin. Le fabricant propose d'acheter son thermostat pour 249 euros avec l'installation comprise par un spécialiste qui appellera le client.

Netatmo

Quelques points importants sont à savoir encore. D'abord, le Nest ne fonctionne pas avec les chauffages électriques, très répandus en France. La moitié des foyers en seraient équipés, c'est autant qui devront aller voir ailleurs. Dans les deux situations qui sont les nôtres, nous avons du chauffage au gaz, mais on peut utiliser le Nest avec d'autres dispositifs (détails). Aux Etats-Unis il est d'ailleurs aussi employé avec des climatiseurs.

Ce cas n'est peut-être pas très répandu mais si on a besoin d'un système multizone, c'est à dire où plusieurs pièces ont absolument besoin de températures différentes les unes des autres, il faudra autant de thermostats Nest qu'il y a d'endroits concernés. Ce qui peut se transformer en une copieuse addition. Nest ne fait malheureusement pas de prix pour des lots de thermostats, par contre il a noué un partenariat avec Direct Energie en France avec installation gratuite et un prix ramené à 149 euros.

Ensuite, lors de la présentation à la presse en septembre, Nest a été clair sur le fait que son appareil n'utiliserait pas l'interface HomeKit d'Apple apparue dans iOS 8 (à l'inverse de son concurrent Netatmo). Ce qui veut dire qu'il faudra s'en tenir à l'app mobile de Nest. Ce n'est pas un défaut en soi mais, on le verra plus loin, si cette app est très simple d'emploi elle demeure très sommaire à certains égards.

Enfin, comme l'explique ce billet, une norme européenne qui entrera en vigueur en septembre 2015 interdira d'installer certaines chaudières (dites à haut rendement) au profit de modèles à puissance variable. Des équipements qui comprenent déjà un thermostat performant, et des équipements incompatibles avec les thermostats connectés du moment. Avant d'investir dans cette nouvelle génération de thermostats il importe de savoir si l'on envisage de remplacer sa chaudière à moyen terme. Les produits comme le Nest sont alors plutôt recommandés pour des chaudières anciennes ou pour remplacer un thermostat sans programmateur ou bien trop complexe d'utilisation et sans connexion Internet possible.

Installation

Dans l'appartement, le Nest a remplacé un programmateur sans fil de marque Delta Dore (1020077 TAPH) associé à une chaudière Chaffoteaux & Maury Hyxia II (de 2003) héritée du précédent propriétaire. Une chaudière aimablement qualifiée de « bas de gamme » par le spécialiste qui assure sa maintenance annuelle. Un récepteur radio assurait la liaison entre la chaudière et le programmateur. Le Nest chez MacG a été branché sur une chaudière plus récente, une Thema C25EV de Saunier Duval lancée en 2010.

La chaudière en appartement, un modèle de 2003

Le programmateur de Delta Dore ressemble à quantité d'autres : un petit écran LCD noir et blanc et une interface qui oblige à retrouver le mode d'emploi lorsqu'on se pique de vouloir modifier la programmation enregistrée… Une programmation fastidieuse et évidemment sans interaction possible avec une application mobile et encore moins via Internet. Lorsque l'on a comparé les mesures de température ambiante faits par le Delta Dore et le Nest, l'écart entre les deux était inférieur à 0,5 degrés.

Le système en place avant l'installation du Nest

Dans la boîte du Nest on trouve le thermostat avec son écran LCD rond entouré d'un anneau en acier inoxydable. La qualité de fabrication est irréprochable. C'est avec cet anneau (ou avec l'app ou le site web) que l'on programme et pilote sa chaudière. Le Nest peut être fixé au mur ou accroché à un socle optionnel que l'on posera sur une étagère. Le socle optionnel a cet avantage de permettre le déplacement du thermostat dès lors qu'on a une prise de courant libre. Un câble USB est branché derrière le Nest, il va rejoindre un adaptateur secteur.

En haut à gauche le Heat Link, puis la plaque de fixation du Nest (munie d'un petit niveau à bulle), le socle optionnel à droite et en bas le Nest
Le Nest, face avant et face arrière — Cliquer pour agrandir
A droite, la plaque munie d'un niveau qui permet de fixer le Nest au mur ou sur le socle vendu en option

La liaison entre le Nest et la chaudière se fait au travers du petit boîtier Heat Link, câblé à la chaudière. Il faut prévoir un rayon maximal de 30 mètres. Le thermostat et le Heat Link dialoguent directement entre eux au moyen d'une communication sans fil de type propriétaire, le Nest Network, qui n'utilise pas le routeur Wi-Fi de la maison. Les Nest et Heat Link peuvent être aussi connectés par câble s'ils sont suffisamment proches. Dans ce cas, la liaison sans fil restera utilisée mais uniquement pour la récupération des mises à jour logicielles du Heat Link. Au quotidien, ce Heat Link ne joue qu'un rôle de déclencheur, si jamais le Nest ne fonctionne plus, on peut toujours allumer ou arrêter manuellement la chaudière d'une pression sur le gros bouton "Nest" du boîtier, mais il n'y aura plus de programmation journalière.

Le Heat Link branché sur la chaudière

Pour les deux installations, nous avons opté pour une connexion sans fil entre le Nest et le Heat Link. Le Nest est accroché sur son socle, branché sur une prise de courant.

Branchement en cours du Heat Link sur la chaudière
La borne Heat Link branchée sur la chaudière avec son bouton de déclenchement manuel

L'appartement de test est essentiellement composé d'une pièce de vie principale surplombée d'une mezzanine offrant deux autres petites pièces dont une ouverte. Le Nest posé dans une bibliothèque qui fait face à la table à manger et à la cuisine, un lieu de circulation permanente.

Dans l'appartement

Chez MacG, le Nest peut observer les entrées et sorties et mouvements entre les deux bureaux et la pièce qui sert aussi de hall d'entrée. Dans tous les cas il faut éviter de mettre le Nest dans un renfoncement qui gênerait ses capteurs de présence en façade, contre un mur qui risque de subir des variations importantes de température ou sous une source de chaleur importante.

Chez MacG, le Nest fait face à l'entrée et se trouve sur le lieu de passage

Tout cela car le thermostat est équipé de plusieurs capteurs dont deux de mouvements. L'un fonctionne selon un angle de 150 degrés et sur une distance de 2 m 50 (lors de nos essais cela fonctionnait aussi à 4 ou 5 mètres), l'autre gère les petites distances lorsqu'on s'apprête à manipuler l'écran. Ce dernier capteur permet au Nest de s'allumer automatiquement lorsqu'on arrive devant lui et le premier de deviner les présences et absences de personnes dans la maison et d'en tenir compte dans la programmation du chauffage. La nuit, cette fonction d'autoabsence n'est pas utilisée. Il y a d'autres capteurs intégrés : humidité, température et lumière ambiante.

Dans un cas comme dans l'autre, l'installation s'est faite sans problèmes en 45 minutes environ tout compris. Une fois les branchements effectués les réglages se réalisent depuis le Nest. On le connecte au réseau Wi-Fi des lieux, au Heat Link, on indique son code postal pour les infos météo, on précise son type de chauffage et la pièce d'utilisation (puisqu'un foyer peut compter plusieurs Nest) ou encore le plancher de température minimale en cas d'absence des occupants.

Un thermostat tout rond

Conçue par un autre ancien d'Apple et de l'équipe iPhone — Mike Matas — l'interface du Nest est d'une préhension très rapide et inspirée des premiers iPod avec leur roue de navigation. On tourne l'anneau autour de l'écran vers la droite ou la gauche pour régler la température ou bien monter et descendre dans les options. Lorsqu'un choix doit être validé, il faut exercer une pression sur l'écran. Les menus sont simples (tout est traduit en français) et l'arborescence limitée à un voire deux niveaux, on ne se perd jamais. Les principaux réglages peuvent être faits aussi depuis les apps iOS et Android dont l'interface est identique à celle proposée sur le site web.

Le Nest sur son socle optionnel

Le changement de la température est simple au point que des enfants peuvent le faire… ce qui n'a pas loupé. Autant le précédent thermostat avait laissé tout le monde indifférent autant celui-ci, avec sa bonne bouille qui s'allume dès que l'on se met devant, a davantage intrigué les jeunes enfants de la maison. Si cela risque de poser problème, on peut verrouiller partiellement l'accès. Un code à quatre chiffres empêchera de faire autre chose que de changer le réglage de température entre une fourchette haute et basse définie par l'utilisateur.

L'interface a été entièrement traduite

Programmation semi-automatique

L'objectif du Nest est de rationaliser la dépense énergétique en automatisant le plus finement possible la mise en route du chauffage et la durée de son fonctionnement. La première semaine il est en apprentissage. On règle son thermostat manuellement au gré de ses besoins en chauffage et de sa présence sur les lieux. On le fait directement sur le Nest ou depuis les interfaces web et mobile.

L'écran d'accueil sur l'app liste les équipements Nest en présence
Nest Mobile sur iOS. A gauche, "l'auto-absence" a détecté que la maison était vide. Il y fait 19,5 degrés et la température peut descendre jusqu'à 17 degrés, un plancher défini par l'utilisateur. A droite, les autres réglages que l'on a aussi sur le site web.

A J+2 après la toute première mise en route, l'appareil a commencé à créer une première ébauche de programmation pour la semaine. Chaque pastille indique un objectif de température à une période de la journée. A ce moment-là, les températures extérieures étaient encore douces, notez que l'on peut réinitialiser le résultat de cet apprentissage à tout moment.

Au deuxième jour d'utilisation, un premier programme pour la semaine apparaît (ici dans l'app iOS)
Pour chaque jour on peut ajouter, modifier ou supprimer des objectifs de température

Au troisième jour, un historique énergétique est apparu dans l'interface. Au bout d'une semaine exactement, le Nest sort du mode d'apprentissage avec un programme établi par ses soins que l'on pourra affiner à loisir. Au fil du temps, l'historique affichera plus d'informations. On a les objectifs de température de la journée prévus par la programmation, les variations induites par l'arrivée et le départ d'une personne, les durées pendant lesquelles le chauffage a fonctionné, etc.

L'historique quotidien. Ici, après un mois d'utilisation, on a commencé à chauffer comme le montrent les barres orange représentant des durées. Un tap sur une barre révèle les détails de la journée écoulée

Pour modifier une programmation, on fait glisser une pastille verticalement pour changer la température (avec des incréments de 0,5 degré) et horizontalement pour modifier l'horaire (par paliers de 15 minutes). Si une journée ressemble à une autre il suffit d'en copier coller le contenu entre les deux pour les avoir identiques.

L'interface de modification du programme

Chaque journée est alors ponctuée par les niveaux de températures que la maison doit offrir. Par exemple, si vous rentrez tous les soirs à 19h30, vous indiquez la température souhaitée à ce moment là. Le Nest va déclencher la chaudière en amont pour atteindre cet objectif à l'heure dite. Il n'est pas nécessaire de programmer la température désirée plus tôt en espérant qu'elle soit atteinte au bon moment, c'est au Nest de faire ce travail d'anticipation.

Nest réunit sous le terme "Nest Sense" plusieurs options qui vont s'attacher à comprendre comment la maison se chauffe. La "vraie radiance" va par exemple stopper le chauffage un peu avant la température cible pour profiter de l'inertie de chauffage (un radiateur ou un plancher chauffant ne va devenir subitement froid une fois stoppé).

Il y a aussi le "délai de température" qui calcule quand le Nest doit allumer la chaudière pour attendre la valeur désirée. Chose que proposent les thermostats conventionnels dits PID (Proportionnelle - Intégrale - Dérivée). Au fil de l'utilisation, une feuille verte apparaît lorsque le thermostat estime que l'on utilise une température susceptible de permettre des économies. On peut forcer son affichage en réglant manuellement son thermostat à la baisse. La feuille est présente d'office lorsqu'on est sur 16,5 degrés (forcément…).

Dans l'exemple ci-dessous, l'interface a viré du noir à l'orange synonyme d'une chaudière en marche. Il est 6h33, il fait 20,5 degrés dans l'appartement et la température cible est de 21 degrés. Il faut l'atteindre pour 7h, heure de réveil des occupants. Pour éviter de mettre en route une chaudière à tout bout de champs au gré de petites fluctuations de températures, Nest explique qu'il utilise une marge de maintenance de 0,4 degré par rapport à la température cible. Si cette température voulue est de 21 degrés, le Nest va faire marcher la chaudière jusqu'à ce qu'il fasse 22 degrés dans la pièce. Il ne redémarrera ensuite la chaudière que si la température redescend à 20 degrés.

Dans la démonstration ci-après, image de gauche, il fait 21,5 degrés dans la pièce et la température voulue est de 22 degrés. Pour autant la chaudière n'est pas en marche (écran de couleur noire). En augmentant manuellement la température voulue à 22,5 degrés, le différentiel entre la température constatée et celle désirée passe à 1 degré et la chaudière est mise en route.

Il y a cependant une mince zone où une différence de 0,5 degré affichée à l'écran suffit à déclencher le chauffage : lorsqu'en tournant le Nest on s'approche du demi degré supérieur mais sans que ce soit encore assez pour que le chiffre de température voulue change. Dans l'exemple ci-après, il fait 22,5 degrés dans la pièce et on veut 23. Lorsqu'on affiche 23 comme température cible la chaudière ne se met pas en branle, mais en tournant encore légèrement le Nest de quelques crans elle s'active, sans qu'il ait été nécessaire d'afficher 23,5 degrés.

Cliquer pour agrandir

Avec la dernière mise à jour firmware 4.3 du Nest, la fonction d'auto-apprentissage a été améliorée, affirme le constructeur, avec potentiellement 6% d'économies supplémentaires en moyenne. Le système prend en compte tout l'historique des changements de réglages réalisés manuellement par l'utilisateur avec l'objectif d'ajuster plus finement son programme hebdomadaire. Nos deux Nest n'ont toutefois pas encore reçu cette mise à jour (elle est déployée directement par Nest, sans possibilité de la forcer).

De façon générale, lorsqu'on déroge par un réglage manuel à la programmation établie, le Nest va obéir et il ne se remettra sur les rails qu'au prochain point de réglage dans la journée. La fonction d'auto-absence permet aussi de s'écarter temporairement de la route prévue par la programmation.

Ainsi, lorsque le capteur de présence détecte que personne n'est passé devant lui depuis un moment, le Nest se met en auto-absence. Il peut laisser glisser la température jusqu'au plancher bas défini par vos soins (par exemple 17 degrés) et rester ainsi. Le thermostat va ensuite estimer, au vu de vos habitudes, s'il y a des chances que vous rentriez à une heure particulière et il suivra à nouveau la programmation prévue. Ou s'il faut rester en mode auto-absence (au bout de 48h sans présence, le Nest va se tenir à l'écart de la programmation pour ne pas chauffer inutilement).

Le retour à un état de maison occupée se fait automatiquement lorsque vous rentrez ou si l'indiquez à distance. Un mode d'absence manuel est aussi activable lorsqu'on sort si on n'utilise pas le mode automatique.

La sensibilité de cette auto-absence est variable. Nest donne une fourchette de 30 minutes au mieux ou deux heures au pire avant que cet état ne soit activé (vous pourriez être chez vous mais assis devant un film et à distance du capteur). C'est ce que nous avons pu observer lors de quelques relevés. Un jour par exemple nous sommes sortis à 9h30 et ce fut repéré à 10h15. Une autre fois en sortant à 14h l'auto-absence ne s'est mise en route qu'à 15h30.

Sécheresse statistique

Notre premier Nest est en fonction depuis le 6 octobre, il est beaucoup trop tôt pour estimer dans quelles proportions il permet de réaliser des économies. D'autant plus que les températures sont restées douces une bonne partie du mois dernier, nous n'avons donc commencé à chauffer que depuis 15 jours seulement. Nous ferons un nouveau bilan à la fin de l'hiver.

Dans un document de simulation pour la France [PDF], Nest suggère des économies annuelles de 13 à 31% sur la facture (20 à 560 euros) avec des scénarios types pour quelques villes et pour des logements de différentes surfaces. Cependant, les cas de figure portent sur des habitations chauffées à 20 degrés en permanence la journée et 15 degrés la nuit. Ce qui suggère l'emploi de chaudières dépourvues de système de programmation, ou plus simplement d'un comportement assez peu rationnel de la part de l'occupant qui chauffera non stop la journée.

Si l'on considère des scénarios avec des thermostats d'ambiance programmables, on peut imaginer une consommation plus intelligente. Ce qui laisse supposer que les gains apportés par un Nest ou produit similaire n'en seront que plus réduits. À vérifier dans quelques mois…

Cela n'empêche pas de pouvoir commencer à voir ce que Nest propose pour analyser sa consommation passée. A ce stade de l'utilisation, c'est sur ce point que l'on concentrera l'essentiel des critiques. Le Nest est simple à régler, simple à utiliser mais il produit aussi des données très simples sinon sommaires.

Détails sur une journée

L'historique par exemple ne montre que les 10 derniers jours, pas moyen d'aller plus loin ni même d'exporter ces chiffres. Si vous êtes un fan de statistiques, de ceux qui veulent alimenter des tableaux Excel, tracer des courbes et graphiques, vous serez plus que déçu. Il n'y a aucun moyen de le faire.

Tous les mois un bilan énergétique est adressé par mail à chaque utilisateur (c'est optionnel) mais nous n'avons toujours pas reçu le premier. Il ne devrait plus tarder nous a dit Nest. Mais à lire les témoignages des clients américains, lui non plus n'est pas très fouillé. Cette pauvreté statistique est un grief régulier dans les forums du fabricant, sans que le premier intéressé ne paraisse y prêter attention.

Pour chaque jour on a la durée d'utilisation du chauffage mais l'historique ne va pas au-delà de 10 jours

[MàJ] : le premier bilan énergétique du mois nous a été envoyé et il est effectivement assez succinct. Les suivants doivent permettre de comparer la consommation d'un mois sur l'autre mais sans beaucoup de détails a priori.

Bilan énergétique mensuel envoyé par mail

Vu que le Nest existe depuis trois ans, difficile de mettre ça sur le compte d'un "oubli" ou d'un manque de temps pour les développeurs du produit… Nest semble camper sur l'idée que son thermostat ne cible que les gens qui ne veulent pas se compliquer la vie avec (c'est d'ailleurs certainement vrai pour l'immense majorité) et encore moins jongler avec des chiffres. Même si pour notre part on se range dans cette catégorie d'utilisateurs qui préfèrent que les choses restent simples, il est dommage de voir une telle rétention d'informations.

Le peu qui est proposé au niveau logiciel mériterait d'ailleurs d'amples améliorations. L'interface de l'historique énergétique est la même sur le petit écran d'un smartphone que sur le grand écran d'un navigateur web sur son Mac ou PC, à part quelques lignes en plus.

Si la journée a été ponctuée de nombreux micro-événements il est difficile de les voir en détails, comme le montre la capture ci-après pour le dimanche 9. Les pastilles se chevauchent toutes. Ce n'est pas toujours le cas heureusement mais cette interface d'administration et de suivi aurait grand besoin d'être revue. On aimerait aussi un historique mis plus rapidement à disposition. Il n'y a pas de temps réel, on ne peut savoir non plus l'après-midi ce qui s'est passé le matin, il faut attendre le lendemain pour connaître l'activité de la veille.

La journée du 9 novembre est impossible à lire en détail du fait d'une interface trop rigide

Certains points sont toutefois pratiques, comme la possibilité de copier-coller la programmation d'un jour entier sur un autre jour pour aller plus vite. Le Nest sait aussi fonctionner avec des services ou équipements tiers avec le programme Work with Nest. Cela va d'une Mercedes aux bracelets Jawbone en passant par des portes de garage. On peut citer également le service IFTTT (If This Then That) qui propose des actions à réaliser si certaines conditions autour du Nest sont remplies. Mais toutes ne fonctionnent pas (notamment celle qui averti du déclenchement de l'auto-absence).

D'ailleurs, pourquoi l'app de Nest ne sait-elle pas proposer elle-même des notifications quand cette auto-absence s'active ou lorsqu'une personne rentre ? La dernière mise à jour de l'app - si l'on exclut qu'elle plantait sur iOS 8 avant un correctif rapidement mis en ligne - s'est actualisée pour les iPhone 6 mais sans amener d'extension pour l'écran Aujourd'hui d'iOS 8.

A gauche l'app IFTTT avec une action qui signale, à droite par une notification, que le Nest est sorti du mode auto-absence

Voir son thermostat s'interfacer avec d'autres appareils est une excellente chose (Nest a acheté Dropcam un fabricant de webcam domestiques). Mais on regrette du coup que Nest ait fermé la porte à une intégration avec l'HomeKit d'Apple. Cette interface pour les produits domotiques est encore neuve et il convient de voir dans quelle mesure elle sera adoptée (lire Les fabricants d'objets connectés pour la maison investissent dans HomeKit) mais ce pourrait être un avantage pour des concurrents de Nest qui l'auront intégrée.

Conclusion (préliminaire)

Les principaux manquements à notre goût du Nest, et dans le contexte du logement qui est le nôtre (appartement de taille moyenne avec peu de pièces et petites), sont surtout d'ordre logiciel. Ce qui veut dire aussi qu'ils pourraient être gommés par des mises à jour. Même si a priori on n'y croit guère.

Reste la question du prix qui paraîtra certainement élevé à beaucoup - sans oublier les éventuels frais d'installation. Mais les principaux concurrents du Nest cités au début de l'article oscillent aussi autour des 200 euros. C'est le prix moyen pour cette nouvelle génération de thermostats connectés.

Nest a ouvert la voie à d'autres solutions du même style, qui vont aussi dans ce sens d'une simplification drastique pour ces équipements rarement commodes d'emploi et en retard sur les usages en mobilité. Sur ce point le pari du Nest est tenu.

En attendant de voir son impact sur nos factures, on a avec cette solution un thermostat très simple d'emploi, qui jusqu'à présent a fonctionné comme espéré. Il donne un contrôle sur le chauffage qui était inexistant avec notre précédent modèle Delta Dore. Il était impossible de changer à tout bout de champ un réglage si l'on devait par exemple revenir plus tôt chez soi ou prolonger une absence.

Sauf qu'il n'est en aucun cas une solution pour tous dès lors qu'il exclut tous les systèmes électriques et garde pour lui l'historique complet de ses données. Précision utile, l'app mobile existe pour iOS, Android et Kindle Fire mais par pour Windows Phone ou BlackBerry, il faudra s'en tenir au site web ou élaborer son programme directement sur le Nest.

Protect, le compagnon du Nest

Un détecteur de fumée et de monoxyde, le Protect, nous a été aussi fourni. Nous avons eu le modèle sur piles mais il en existe un fonctionnant sur secteur au même prix (109 euros). Il y a quelques différences fonctionnelles entre les deux. La principale étant que les capteurs de mouvement du modèle à fil - qui assistent ceux du Nest - fonctionnent plus souvent que celui à piles (il faut les ménager).

Un peu plus gros qu'une boite de CD (en bien plus épais), le Protect sait travailler en collaboration avec le ou les Nest. S'il détecte un problème il le signale au thermostat qui coupera le chauffage. Une liaison Wi-Fi opérationnelle à ce moment là est indispensable. Cependant, cette connexion Wi-Fi n'est pas requise pour que la détection de fumée ou de monoxyde de carbone se fasse, ni pour déclencher l'alarme. Le Protect utilise aussi le Wi-Fi pour signifier son état à l'application mobile ou recevoir des mises à jour.

L'appareil est livré avec un support pour être vissé au mur ou au plafond. La configuration de l'appartement fait qu'il était impossible de mettre le Protect au plafond - trop haut, 3m 60 - tout en le gardant à portée de main, il a donc été temporairement accroché sur l'un des murs de la pièce principale avant de lui trouver un emplacement définitif un plus en hauteur comme il est conseillé de le faire.

Le Protect et son support
Le Kidde, un détecteur moins design, non connecté mais qui coûte moins de 40 euros contre 109 euros pour celui de Nest

Le Protect est très simple d'emploi et ne propose qu'un gros bouton en surface d'où peut sortir un éclairage dont la couleur traduit un message. Une synthèse vocale vient en complément pour signaler clairement les différents états et dans quelle pièce se situe le problème puisque plusieurs Protect peuvent installés. On recevra aussi des notifications sur son mobile le cas échéant.

Etape de réglage. Après une fausse manipulation, nous avons eu le Néerlandais sélectionné comme langue de la synthèse vocale. Il est possible de changer immédiatement ce réglage mais le Protect à pile n'en tiendra compte que 24h après contre 30 minutes pour le modèle sur secteur. Même en forçant l'application du réglage par un appui sur le bouton, il a fallu patienter une journée.

Lorsque la pièce du Protect est plongée dans le noir, un bref éclairage vert assure que les six piles AA sont encore chargées (durée de vie donnée pour 5 ans) et que l'appareil et ses capteurs fonctionnent correctement.

En cas de circulation détectée la nuit par l'un de ces capteurs, l'anneau sous le bouton s'allume en blanc pendant 5 secondes et fait office de petite veilleuse de présence. On peut en varier l'intensité dans les réglages afin d'économiser les piles. La version câblée du Protect fait la même chose pendant 10 secondes et peut aussi faire fonctionner cet éclairage en permanence dès lors qu'il fait sombre.

Certaines des étapes de réglage du Protect

Un anneau lumineux de couleur jaune doublée d'une alerte vocale tient lieu d'avertissement d'un taux inhabituel de monoxyde de carbone. Si le taux dépasse le seuil d'alerte, l'anneau clignote en rouge et l'alarme retentit. Une situation que l'on n'a heureusement pas rencontré sur ce mois d'utilisation. Mais on peut se rendre compte de ce que donne l'alarme par une pression sur le bouton du Protect qui va déclencher le mode de test et faire retentir brièvement les alarmes sonores assez stridentes.

Tout va bien d'après l'app

L'interface de contrôle propose également un historique sur 10 jours. Pour chaque journée il est indiqué si tout allait bien et à quel(s) moment(s) la veilleuse s'est allumée au passage de quelqu'un.

Le Protect est beaucoup plus sophistiqué que la plupart des détecteurs de sa catégorie, ne serait-ce que pour sa capacité à être utilisable à distance et à fournir un bilan de son fonctionnement. Pour autant son prix a de quoi dissuader (il a tout de même baissé suite au retrait d'une fonction, lire Nest remet en vente son détecteur de fumée en version édulcorée). Tout dépend du facteur de risque qui entoure son habitation et, partant, de l'investissement que l'on est prêt à consacrer.

[MàJ le 17/06/2015] : Nest lance une caméra et revoit son détecteur de fumée

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