Huawei va essuyer un important manque à gagner en raison des bisbilles avec la Maison Blanche, a prévenu le géant chinois du smartphone et des équipements réseau. Alors que les ventes auraient dû atteindre les 100 milliards de dollars en 2020, le chiffre d’affaires devrait finalement être amputé de 30 milliards entre 2019 et l’année prochaine.
Ce sont bel et bien les contraintes imposées par l’administration Trump qui sont à l’origine de ce coup de mou dans les revenus, a admis Ren Zhengfei, le PDG de Huawei, durant une conférence. Il n’avait pas anticipé un tel coup de massue, a-t-il aussi admis : « Nous ne nous attendions pas à ce que les dégâts soient si sérieux ».
Devant ces difficultés, Huawei va devoir se restructurer et baisser sa production. Selon des analystes, le groupe va réduire les commandes auprès de ses fournisseurs au second semestre. Si l’activité en Chine devrait tenir bon, à l’international les ventes de smartphones pourraient fortement refluer.
La tendance baissière est à l’œuvre en France où les appareils premium de Huawei ont flanché de 20% la semaine même où les États-Unis ont émis leur décret. Le Honor 20, qui sera lancé en Europe le 21 juin, risque de faire les frais de cette situation.
D’après les chiffres de Bloomberg, Huawei prévoit une chute des volumes de smartphones comprise entre 40 et 60 millions d’unités rien que pour cette année. Le constructeur a écoulé l’an dernier 206 millions de terminaux, dont une grosse moitié à l’international. Le mois dernier, il a dû faire une croix sur 40% de ses ventes.
Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, peut-être que ce coup de Calgon que subit Huawei profitera à Apple et à Samsung, à la peine sur plusieurs marchés — particulièrement en Europe. La situation est tout aussi complexe, et peut-être plus problématique encore pour l’avenir de Huawei, sur le front des équipements 5G. Les opérateurs du monde entier sont en train de passer commande pour bâtir leurs réseaux, et Huawei pourrait être écarté des appels d’offres.
En mai, le département américain du Commerce a placé Huawei sur liste noire, interdisant les échanges commerciaux entre les entreprises américaines et le constructeur. Google, Intel, Microsoft, Qualcomm, mais également des entreprises basées ailleurs dans le monde mais qui ont une activité aux États-Unis (à l’instar d’Arm), ferment leur porte à Huawei.
Malgré la contraction des ventes, Ren Zhengfei a assuré que Huawei ne cédera aucune de ses activités, ni ne réduira les investissements en recherche et développement. L’entreprise prévoit l’injection de 100 milliards de dollars dans les cinq prochaines années, en particulier pour les infrastructures réseaux. Huawei met aussi les bouchées doubles pour développer des remplaçants aux technologies américaines qui lui font défaut, qu’il s’agisse des puces en tout genre ou du système d’exploitation qui remplacera Android.