À compter de la prochaine bêta d'iOS 14 ainsi que d'iPadOS et de tvOS, le système d'exploitation va exiger des apps qu'elles demandent l'autorisation aux utilisateurs avant de pouvoir les suivre. Des informations collectées afin d'établir leur profil et de construire un historique de leur activité, qui peut être partagé avec de multiples acteurs de la publicité et revendeurs de données.
Cette option de demande d'autorisation préalable (et le refus net qu'on peut y opposer) aurait dû entrer en vigueur avec le lancement d'iOS 14 l'année dernière, mais Apple avait accordé un délai de grâce aux éditeurs afin qu'ils adaptent leurs logiciels et revoient leurs pratiques.
L'option pour décider si ces apps doivent toutes vous demander l'autorisation de vous pister, lors du premier lancement, existe déjà dans iOS (« Réglages > Confidentialité > Suivi » ) mais les apps n'étaient pas encore tenues de s'y plier et il y a de bonnes chances que l'écran en dessous de ce réglage soit vide.
À terme il se remplira de la liste des apps qui ont affiché une demande d'autorisation et vous pourrez les modifier après coup, au besoin. La version finale de cette bêta toute imminente est prévue pour le début du printemps.
Précédemment les éditeurs et plus particulièrement les régies publicitaires pouvaient s'appuyer — sans que l'utilisateur n'en ait forcément conscience — sur un identifiant unique (l'IDFA pour Identifier for Advertisers). Le recours à cet IDFA provoquera désormais l'affichage de la demande d'autorisation. Les apps qui essaieraient d'esquiver ces changements risquent leur retrait de l'App Store.
Les éditeurs peuvent l'éviter en s'appuyant sur un nouveau framework proposé par Apple, le SKAdNetwork. La contre-partie est qu'il rend impossible le lien entre un utilisateur en particulier et les pubs qu'il a pu voir ou toucher (lire iOS 14 s'attaque au pistage de l'utilisateur par la pub dans les apps).
Facebook s'est élevé l'an dernier contre cette nouvelle mesure de protection de la vie privée, se faisant le héraut des petites PME qui dépendent de la publicité en ligne, à coup de grandes pages de publicité. Google pour sa part a indiqué hier qu'il allait utiliser le SKAdNetwork et actualiser prochainement les pages de ses apps sur l'App Store pour rendre compte de leur utilisation des données des utilisateurs.
Cette nouvelle mesure d'Apple va de pair avec l'obligation maintenant pour chaque app, sur l'App Store, d'afficher quelles données utilisateur elle peut utiliser ou récupérer.
Apple a profité de ce 28 janvier, Journée européenne de la protection des données, pour apporter ces précisions sur l'évolution d'iOS. Tim Cook doit également s'exprimer aujourd'hui à Bruxelles sur ce sujet. Apple a en outre publié un document pédagogique illustrant la manière dont des apps peuvent établir le profil d'un père et de sa fille au fil d'une journée type d'activités.
Un document qui démarre par une citation de Steve Jobs en 2010, manière de montrer que le sujet n'est pas nouveau chez la Pomme : « Je pense que les gens sont intelligents et que certaines personnes veulent partager plus de données que d'autres. Demandez-leur. Demandez-leur à chaque fois. Faites leur dire de ne plus les suivre s'ils en ont assez que vous leur posiez la question. Dites-leur précisément ce que vous allez faire de leurs données ».
Les moins jeunes sur iPhone se souviendront néanmoins qu'à une époque Apple et Facebook était en si bons termes que l'on pouvait s'identifier au réseau social directement depuis les réglages système d'iOS.
Le réseau social y avait une place réservée, de même que Twitter, Vimeo et Flickr. Cette intégration datant d'iOS 5 pour le second et d'iOS 6 pour le premier fut supprimée il n'y a pas si longtemps, c'était avec iOS 11 en 2017.