Les iPad Pro M4 vont-ils réussir à relancer l’engouement autour des tablettes d’Apple ? À l’exception du T1 2023, l’iPad a connu dix trimestres consécutifs de baisse des ventes. La faute a un matériel qui tient dans le temps et sans doute aussi à un manque de nouveautés qui ne pousse pas à sortir la carte bancaire. L’iPad Pro 2020 n’a pas apporté grand-chose à l’iPad Pro 2018, et les différents modèles carburant aux puces Apple Silicon depuis sont loin d’avoir réinventé la roue.
L’iPad Pro 2024 donne un petit coup de frais à une formule que l’on connaît par cœur. La machine gagne en finesse, inaugure la puce M4 et arrive avec plusieurs accessoires exclusifs… tout en continuant d’embarquer un iPadOS un peu juste pour les « Pro ». À quelques semaines de la WWDC, on s’attend à ce que la présentation de ce nouveau matériel ne soit qu’un premier volet dans un potentiel grand bond en avant de l’iPad. La cuvée 2024 a-t-elle ce qu’il faut pour vous inciter à changer de tablette ? Réponse dans notre test.
Encore plus fin
C’est une première en six ans : Apple a revu l’apparence de sa tablette haut de gamme. Il s’agit plus d’un petit lifting que d’une refonte complète, la tablette s’amincissant légèrement tandis que la caméra passe du sommet à la tranche. C’est une très bonne chose pour les visioconférences, l’iPad permettant de regarder son interlocuteur de face sans l’angle bizarre auquel on avait été forcé de s’habituer.
L’autre gros changement vient de la finesse de la tablette, désormais moins épaisse qu’un iPod nano. L’iPad Pro 13" M4 fait 5,1mm de hauteur pour un poids de 579 grammes, contre 682 grammes auparavant. Mine de rien, ces 100 grammes en moins se sentent à l’utilisation. Je ne me plaignais pas de la finesse de mon iPad Pro 2020 et trouvais la décision d’Apple assez discutable avant d’avoir cette révision entre les mains : le poids plume apporte un vrai plus pour un produit que l’on utilisera autant au fond du lit qu’avachi dans un canapé, devenant alors plus confortable à manipuler. Tenir cet iPad à une main pendant une longue période est moins compliqué, bien que cela reste un gros objet.
Lorsque j’ai acheté mon iPad Pro en 2020, j’ai longtemps hésité entre 11 et 13" avant d’opter pour le plus grand modèle. Il m’arrive souvent de le regretter : s’il est confortable pour lire des BD ou griffonner sur un manuel, le format est finalement plus embêtant qu’autre chose au quotidien pour survoler un article en déjeunant ou à sortir dans le train. Avec son nouveau format, l’iPad Pro 13“ M4 se rapproche doucement du poids parfait. Il est moins fatigant à tenir en main pendant une longue période ou à déplacer d’une pièce à l’autre. La finesse garde quelques désavantages et l’objet reste encombrant avec son design fragile que l’on aura peur d’abîmer, même en le laissant précieusement à la maison.
Que les grands voyageurs se rassurent : Apple explique avoir ajouté une nouvelle plaque centrale afin d’améliorer la dissipation thermique et la résistance de l’appareil, une idée qui est visiblement efficace. Je suis globalement convaincu par cette perte de poids, mais il faut garder à l’esprit que l’on aura sans doute mieux fait de greffer un bumper et un écran de protection à cette grosse plaque de verre qui risque de finir fissurée à la première chute.
L’iPad Pro 2024 inaugure également un nouvel écran Tandem OLED, qui offre des noirs plus noirs et des couleurs plus éclatantes. Anthony reviendra longuement sur le sujet dans son test, je ne vais donc pas m’étendre ici d’autant plus que je ne suis pas le plus regardant à ce sujet. Une chose m’a cependant frappé : l’écran m’a semblé très lumineux en plein soleil, si bien qu’on peut surfer sans soucis en extérieur sans devoir se pencher pour cacher les reflets. Comme d’habitude sur les produits Apple, les couleurs sont exceptionnelles et les contrastes bons. Regarder une série sur un iPad est un plaisir et il y a fort à parier que cette tablette sera pendant quelques années le meilleur écran de la maison.
Mis à part cela, cet iPad Pro reste un iPad Pro… avec les limitations que l’on connaît. L’unique port USB-C/Thunderbolt sera peut-être un peu juste pour certains utilisateurs avancés. Le dos en aluminium est très joli et agréable sous le doigt, mais il y a toujours cette excroissance pour l’appareil photo qui rend le tout bancal posé à plat sur une table. On notera la disparition du port pour carte SIM sur la version 5G, les nouvelles tablettes n’acceptant plus que les eSIM.
La partie caméra sert à cacher les composants de Face ID, qui est toujours aussi efficace sauf quand quelque chose vient se placer entre le capteur et le visage. Fort heureusement, les doigts viennent rarement se poser directement au-dessus des capteurs sur ce modèle 13". J’ai parfois tendance à laisser ma main trainer devant en orientation portrait, mais cela reste plus confortable que le Touch ID des iPad Air qui oblige à faire de nombreux allers-retours. En utilisant la tablette au format paysage et avec un clavier, on se laisse à rêver d’un Face ID sur Mac.
De la puissance à revendre
La grosse surprise du keynote « Let loose » était sans conteste l’arrivée de la puce M4, là où on s’attendait à trouver le modèle M3 récemment greffé sous le capot du MacBook Air. Comme sur ordinateur, deux déclinaisons sont disponibles : une avec 8 Go de RAM et un CPU 9 cœurs / GPU 10 cœurs, et une autre avec 16 Go de RAM et 10 cœurs CPU/GPU. Le modèle le plus puissant n’est embarqué que dans les tablettes avec 1 ou 2 To de stockage, ce qui est assez pingre venant d’Apple pour un appareil « Pro » vendu à ce tarif. C’est aussi la première fois que les acheteurs d’iPad devront mûrement réfléchir au choix de leur configuration, ce qui n’est pas très clair sur le site d’Apple.
Le CPU et GPU
Contrairement à ce que l’on avait vu sur les puces M1, M2 et M3, le modèle M4 embarque désormais quatre cœurs performants et six cœurs basse consommation (le modèle d’entrée de gamme n’a que 3 cœurs performants). La fréquence CPU augmente, passant de 4,05 GHz sur la M3 à 4,4 GHz. Tout cela se ressent sur les benchmarks, et sans surprise, cet iPad est plus rapide que le précédent. Vous ne manquerez pas de puissance pour faire tourner vos apps.
De son côté, le GPU a gagné la prise en charge du ray tracing inaugurée par la gamme M3 et les iPhone 15 Pro. Il est toujours aussi difficile de pousser l’appareil à bout faute d’app grand public en tirant réellement parti. J’ai joué un peu avec des logiciels de modélisation 3D ou de dessin sans subir aucun ralentissement, mais c’était déjà le cas depuis plusieurs années. Si la puce M4 apporte du mieux, il ne faut pas s’attendre à un énorme changement à ce niveau-là, surtout si vous venez d’une tablette récente. Je sens la différence ici et là par rapport à mon iPad Pro 2020 et sa puce A12Z, mais ce n’est pas le jour et la nuit.
Tous les jeux tournent les doigts dans le nez sur cette machine, même si les derniers gros portages ne laissent pas forcément jouer avec les différents réglages permettant de réellement en tirer parti. Resident Evil 4 ou Death Stranding ne laissent pas le joueur bidouiller les taquets graphiques et imposent une configuration bridée sans donner de détails, ce qui donne un résultat pas plus impressionnant que sur M2. Diablo Immortal tire parti du ray tracing pour un rendu sympa, mais ce n’est pas le cas de tous les jeux. Bref, il faudra attendre encore quelque temps avant de voir tout le potentiel de la puce M4.
Apple travaille depuis des années sur le Dynamic Caching des puces M3
Le Neural Engine
Apple affirme avoir amélioré son Neural Engine pour des performances « plus rapide que n’importe quel PC IA sur le marché ». Elle annonce des performances 60x plus importantes que celles du premier Neural Engine, apparu avec l’A11 Bionic. Les rumeurs voudraient qu’Apple en garde sous le coude pour iPadOS 18 côté fonctionnalité, la mise à jour inaugurant de nombreuses nouveautés liées à l’IA.
Apple affirme que sa dernière puce atteint 38 TOPS, contre 35 TOPS pour l'A17 Pro ou 18 TOPS pour une puce M3. En attendant, nous avons comparé ces nouvelles tablettes dans GeekBench ML et son test axé sur les fonctions d’apprentissage automatique. On observe une amélioration d’environ 25 % par rapport à l’iPad Pro M2. Ce chiffre grimpe à 31 % en comparant avec la puce M1.
Pour vérifier ce que cela donne en pratique, nous avons comparé les performances de plusieurs produits dans l’application MLC Chat. Celle-ci permet de faire tourner des modèles de langage en local, ce qui tire bien sur le Neural Engine. Sur iPad M4, la réponse commence à apparaître dès lors que l’on envoie son « prompt », ce qui est franchement bluffant. Le texte apparaît à toute allure, de manière plus rapide que ce que j’arrive à lire. Sur mon iPad Pro 2020, il faut environ 8 secondes avant que la réponse ne commence à apparaître, et le texte est généré bien plus lentement. Vous pouvez voir ici la différence de vitesse avec une commande standard (« Résume-moi la Seconde Guerre mondiale ») :
Sur un registre similaire, l’application Draw Things peut faire tourner localement Stable Diffusion. J’ai lancé le modèle 1.5 sur un iPad Pro M2 et M4 (16 Go de RAM) en générant une image avec les paramètres de base. La progression est flagrante : il faut en moyenne 19 secondes pour créer une image taille 512x512 sur la dernière tablette d’Apple, contre 27 sur le modèle M2. Sur le plus exigeant SDXL, l’écart est également remarquable. Comptez dans les 170 secondes pour créer une image format 1024x1024, contre 230 secondes sur l’iPad M2. C’est une minute de moins ! De ce que j’ai vu, la quantité de RAM n’influence pas la vitesse sur les modèles M4. Les tablettes chauffent rapidement après une dizaine de minutes à jouer sur l’app, mais rien d’inquiétant.
Notons que l’app propose une option CoreML, qui n’est pas activée par défaut. Si elle n’apporte aucune amélioration sur les iPad M2 (Air comme Pro), j’ai parfois réussi à grappiller quelques dizaines de secondes ici ou là sur un modèle M4. Cela reste cependant assez aléatoire et l’app à tendance à planter.
L’autonomie
La puce M4 utilise un procédé de gravure différent par rapport au M3 : la seconde génération de 3 nm de chez TSMC, baptisée N3E. Celle-ci permet théoriquement d’améliorer les performances tout en donnant une meilleure gestion énergétique. C’est pour cela qu’Apple peut augmenter la fréquence CPU tout en réduisant la taille de ses tablettes sans afficher une autonomie en baisse.
On avait tout de même de quoi s’inquiéter tant la batterie est devenue un point faible de l’iPad au fil du temps. Si on louait les tablettes pour leur longévité il y a encore quelques années, l’arrivée des puces Apple Silicon sous le châssis des Mac a changé la donne : un MacBook Pro M3 peut tenir plus de 20 h en lecture vidéo, là où on ne nous promet moitié moins sur le meilleur iPad. Mon iPad Pro 2020 a en plus la fâcheuse tendance de se décharger dès que j’ai le dos tourné, et j’ai de nombreuses fois levé les yeux au ciel en découvrant une batterie à 8 % après l’avoir oublié deux jours sur mon bureau.
Et ce modèle M4 alors ? Apple continue de promettre « jusqu’à 10 heures d’autonomie pour naviguer sur le Web en Wi‑Fi ou regarder des vidéos ». Tout dépendra évidemment de votre utilisation, mais dans mon cas, je n’ai pas été réellement emballé. Après 4h10 d’utilisation bureautique avec l’écran à 50 % sans musique, j’avais déjà consommé la moitié de la batterie. Elle aura tenu un total de 7 heures avant de tomber sous les 10 %, et de 7h50 h avant d’être complètement à plat. Dans son test des iPad Pro M2, Stéphane avait tenu 9 h avec une utilisation similaire. Difficile de dire si on a véritablement régressé tant le test comporte une bonne dose d’aléatoire, mais une chose est sûre : on ne progresse pas.
J’ai pris quelques autres mesures pendant ma semaine de test. Émuler des vieilleries sur RetroArch ponctionne un peu moins de 10 % par heure. La simple consultation web fait perdre environ 15 % en une heure et demie. Générer des images et pousser la puce M4 à fond les ballons fait perdre 29 % en une demi-heure. C’est raisonnable, mais ce n’est pas très impressionnant quand on a l’habitude d’un MacBook dont la batterie ne semble jamais se vider. J’ai cependant l’impression que ce nouvel iPad Pro se décharge moins quand j’ai le dos tourné, ce qui vient peut-être du fait que j’ai un appareil avec une batterie neuve.
Nouveauté cette année : Apple fait une croix sur le bloc de charge, la boîte ne contenant plus qu’un simple câble USB-C. Ce n’est pas très étonnant (l’accessoire a disparu des boîtes d’iPhone en 2020), mais on notera tout de même que l’iPad 10 vendu bien moins cher est toujours livré avec un chargeur. Avec un bloc 65W, on regagne 32 % en une demi-heure, 50 % en 50 minutes et 100 % en… 2 h 15. Ça pourrait être plus rapide, le MacBook Air M2 récupérant 50 % en 20 minutes.
Apple affirme avoir amélioré la dissipation thermique de quasiment 20 % par rapport à l’iPad Pro M2 en mettant du cuivre dans le logo Apple et grâce à des feuilles de graphite dans le châssis. La chauffe n’est jamais un problème en utilisation bureautique, et la tablette reste froide après 2h de travail en alternant Safari, un traitement de texte et une poignée d’autres apps de productivité. Elle a tendance à tiédir sur certains jeux intensifs, mais rien d’alarmant. J’ai réussi à rendre l’iPad bouillant en lui demandant de générer des images pendant une demi-heure sur Stable Diffusion, mais il n’est pas très étonnant de voir le thermomètre grimper en poussant la puce dans ses retranchements.
Quelques nouveautés
L’iPad Pro 2024 apporte quelques petites modifications. L’appareil photo évolue, Apple faisant désormais l’impasse sur l’ultra grand‑angle 10 Mpx. Un changement bien regrettable à l’heure où la marque tente de pousser son Vision Pro, pour lequel on peut prendre des vidéos spatiales sur iPhone… grâce à son double objectif pensé pour. Cette absence est d’autant plus flagrante que l’on est ici sur une tablette « Pro », que l’on ne s’attend pas à voir régresser sur certains points d’une année sur l’autre. Après, il faut être franc : l’iPad n’a jamais été l’appareil photo préféré des clients Apple, et cet ultra grand-angle était visiblement trop peu sollicité pour rester.
Le bloc photo gagne tout de même un nouveau flash True Tone « adaptatif », que l’on nous promet meilleur pour le scan de documents. La tablette devrait théoriquement mieux détecter les ombres gênantes. Je l’ai essayé et cela fonctionne bien, même si j’ai plutôt tendance à utiliser mon iPhone pour ce type de tâche. C’est toujours bon à prendre.
Apple a profité de l’arrivée de cette tablette pour lancer un nouveau stylet : l’Apple Pencil Pro, qui ressemble comme deux gouttes d’eau à l’Apple Pencil 2. Cette version revue gagne un moteur haptique venant se manifester pour valider une action. C’est un changement agréable, ce retour étant efficace et utile aux artistes. Il se manifeste lorsqu’on double-tap pour changer d’outil ou bien lorsqu’on presse le stylet. Notons que l’accessoire dispose de ses propres ombres numériques, ce qui peut aider à faciliter son placement.
Les nouvelles ombres dynamiques de l’Apple Pencil Pro
Le Pencil s’enrichit de nouveaux capteurs qui permettent à l’utilisateur de tourner son stylet pour modifier la forme de la pointe. Autrement dit, faire pivoter la mine peut changer l’aspect de la pointe, ce qui est utile aux dessinateurs et en calligraphie. L’Apple Pencil est toujours détecté lorsque l’on survole l’écran, ce qui permet de mieux anticiper le trait que l’on s’apprête à dessiner.
La troisième nouveauté est l’apparition d’un geste consistant à pincer le stylet pour faire apparaître un menu de changement d’outil. C’est un bonus intéressant étant donné qu’elle évite de faire un aller-retour avec son bras pour chercher un menu, ce qui peut vite être gonflant (d’autant plus sur le modèle 13"). Malheureusement, il faut que les développeurs mettent à jour leur app pour en profiter. C’est déjà le cas de Goodnotes 6, mais pas de Procreate. Le menu s’adapte selon le programme en cours, et on peut le personnaliser dans les Réglages, par exemple pour lui faire lancer un raccourci.
Enfin, ce stylet prend en charge le réseau Localiser. Il ne s’agit pas d’un AirTag : impossible de le faire sonner ou de le localiser précisément pour le retrouver dans un tiroir ou entre les coussins du canapé. C’est assez décevant, mais cela suffira pour savoir si on l’a oublié au bureau ou à la maison. Mis à part cela, cet Apple Pencil garde tous les bons points de son prédécesseur. Il est toujours aussi réactif et efficace, mais se destine avant tout aux artistes. Ceux qui veulent simplement prendre des notes occasionnelles auront sans doute mieux fait de se tourner vers le modèle USB-C à 89 €, ou éventuellement vers une copie chinoise bien moins chère.
Travailler avec iPadOS
Cela fait plusieurs années que nous l’écrivons, c’est une évidence, mais il est toujours bon d’en remettre une couche : le matériel de l’iPad est bridé par iPadOS, un système initialement pensé pour smartphone qui est insuffisant pour la plupart des utilisations professionnelles. J’ai essayé de travailler une journée uniquement avec le combo iPad Pro 13“ + Magic Keyboard, ce qui est sur le papier une grosse configuration avec un super écran OLED 120 Hz tactile et une très bonne puce d’Apple. Malheureusement, l’expérience se révèle vite désagréable tant on a l’impression de perdre en productivité. On parle tout de même d’une machine sur laquelle on ne peut pas regarder une vidéo en PiP sur YouTube sans devoir chercher une pirouette sur Reddit.
Kernel Panic : l’iPad, stop ou encore ?
J’ai pourtant des journées de bureau assez simple : beaucoup de traitement de texte, un peu de retouche photos et beaucoup de navigation web. Mes applications favorites sont bien présentes sur l’iPad (Reeder 5, IA Writer), mais le multitâche franchement pénible empêche de véritablement en profiter. Les raccourcis clavier ne marchent pas tous d’une app sur l’autre, tandis que Stage Manager ne change pas vraiment la donne avec un écran externe. La gestion des Fichiers et des apps par défaut reste complexe. Certaines apps imposent de rester en plein écran le temps de charger, forçant à lâcher la tablette quelque temps. Spotlight se traine parfois à arriver. Il faut faire une croix sur de nombreux utilitaires ou sur des apps sortant des sentiers battus qu’Apple ne veut pas voir sur l’App Store.
La liste est longue pour ces problèmes remontés depuis des années. Intégrer macOS à l’iPad serait sans doute excessif, mais il y a un juste milieu à trouver pour les utilisateurs exigeants qui ne veulent pas se battre au quotidien avec leur système. La plupart des clients achetant un ordinateur et une tablette pour résoudre ce manque de polyvalence, il y a peu de chance que ça change.
Pourquoi mettre macOS sur un iPad, alors que les Mac-users utilisent tous iPadOS ?
Si certains placent de grands espoirs sur la WWDC 2024, on a finalement assez peu de raisons d’y croire. Apple aurait dans l’idée d’ajouter de l’IA à ses services, ce qui est très bien, mais qui ne changera pas le problème de fond. On peut rêver d’une grande refonte basée sur un Siri carburant à l’IA, mais vu comme Apple a l’air d’avoir été surprise par le lancement de ChatGPT, cela semble mal engagé d’autant plus que tout cela ne sortira officiellement qu’à l’automne. Le DMA va ouvrir la voie aux apps tierces qui pourraient permettre à la tablette de sortir un peu des sentiers battus. On croise les doigts pour proposer un re-test intéressant, mais je ne suis pas très optimiste quand les rumeurs évoquent un Siri avec une meilleure compréhension des commandes existantes (lancer un minuteur) et des fonctions de résumé de messages.
Conclusion
L’iPad Pro 13" M4 est une excellente tablette, mais ça, vous le saviez avant même que le produit ne soit en vente. D’un point de vue matériel, c’est ce qui se fait le mieux sur le marché : son écran est magnifique, la puissance est délirante et le format n’a jamais été aussi proche d’une feuille de papier à tout faire. Les haut-parleurs sont très bons au vu de la finesse de l’engin, largement suffisants pour regarder un film le soir dans le lit ou pour faire du montage sur Logic Pro dans un bureau. Aucune app ne peut mettre à genoux la tablette, mais on serait bien en peine d’en trouver une venant à bout de l’iPad Pro M2.
Faut-il acheter un iPad Pro M4 ? C’est une question compliquée à laquelle on serait plutôt tenté de répondre non. L’iPad M2 fait encore largement le job pour moins cher, et mis à part si vous êtes un pro avec des besoins ultra-spécifiques, vous ne profiterez pas vraiment des avancées de la puce M4. Il y a une bonne progression pour tout ce qui touche à l’IA, mais l’écosystème reste très limité en se cantonnant à l’App Store. L’écran OLED est magnifique, mais la différence se fait vite oublier sans avoir les deux modèles côte à côte. La finesse est un bon point, mais pas de là à ridiculiser les iPad de 2022. Après avoir passé une semaine avec, je ne me sens pas particulièrement triste de devoir renvoyer la tablette tant elle ne fait pas grand-chose de plus que la mienne, sortie il y a quatre ans.
L’iPad Pro M4 est donc à réserver aux créatifs/professionnels habitués aux limites d’iPadOS qui tireront parti des différentes nouveautés (écran, stylet). Si vous êtes un utilisateur ancré dans l’écosystème Apple ayant besoin d’une tablette à tout faire, l’iPad Pro M2 devrait largement vous suffire. L’iPad Air 2024 sera également une bonne pioche pour peu que vous ne soyez pas trop sensible à l’absence de ProMotion. Ne reste maintenant plus qu’à attendre la WWDC pour voir si Apple lâchera un peu la main sur son système, ce qui nous éviterait de réécrire peu ou prou le même test pour un hypothétique iPad Pro M5.