Trois mois après la fin du procès entre Epic et Apple, la juge en charge des débats a rendu son verdict aujourd'hui. Il y a là du bon et du moins bon pour Apple, mais une des principales décisions d'Yvonne Gonzalez-Rogers va mettre à mal une des mesures les plus crispantes imposées par le constructeur aux développeurs, qui jusqu'à présent ont interdiction d'informer l'utilisateur qu'il existe d'autres moyens de s'abonner ou d'acheter du contenu en dehors de l'application.
La juge a en effet émis une injonction permanente qui force Apple à abandonner cette pratique. Les développeurs pourront inclure dans leurs applications des liens externes dirigeant les utilisateurs vers des mécanismes d'achat autres que ceux intégrés dans les apps. Cela pourra être une boutique sur internet, ce qui ouvrira une vue web Safari.
Apple avait déjà fait un pas dans ce sens dans son entente avec le régulateur japonais, mais cette injonction de justice concernait toutes les applications, pas uniquement les apps de lecture et de consultation de contenus. Les jeux en particulier devraient en profiter à plein (les achats intégrés dans les jeux représentent une part extrêmement majoritaire des revenus de l'App Store : 70% du chiffre d'affaires de la boutique !).
Apple lâche encore du lest : certaines apps pourront afficher un lien vers leurs boutiques sur le web
Les développeurs pourront également communiquer avec leurs utilisateurs pour les informer des méthodes d'achats alternatives. Là aussi, Apple avait fait un pas modeste vers cette ouverture.
Sur un plan plus positif pour Apple, le jugement dispose qu'Epic n'a pas su démontrer l'abus de position dominante sur l'App Store. Et à l'exception de cette histoire de lien, la juge se place globalement du côté du constructeur. Epic n'obtiendra pas l'installation de boutiques alternatives à l'App Store ni de systèmes de paiement autre que celui d'Apple dans les apps.
L'éditeur de Fortnite est donc loin d'avoir remporté la guerre, ce d'autant qu'il devra verser à Apple 30% des 12 millions de dollars collectés pendant les quelques semaines où Fortnite a vendu des V-Bucks avec des moyens de paiement alternatifs sur iOS.
Le changement ne sera cependant pas pour demain, puisqu'il y a le jeu des appels, et on imagine mal Apple ne pas faire appel de ce jugement. Quoi qu'il en soit, le constructeur a 90 jours pour prendre sa décision ou pour modifier son système.
Dans une déclaration, Apple se réjouit de voir la justice confirmer que l'App Store n'enfreint pas la législation antitrust. « Comme la cour le reconnait, "le succès n'a rien d'illégal". Apple est en concurrence avec d'autres entreprises dans tous les secteurs dans lesquels elle exerce une activité, et nous pensons que les clients et les développeurs nous choisissent parce que nos produits et nos services sont les meilleurs au monde ».
Le constructeur, qui ne dit pas s'il va faire appel, continuera de faire de l'App Store une boutique sûre et « où les mêmes règles s'appliquent à tous » (le procès a démontré que c'était faux, mais bon).
Mise à jour — Contrairement à Epic, Apple n'a pas l'air de vouloir faire appel. Kate Adams, la porte-parole de l'entreprise, a en effet expliqué que la société était ravie du jugement, « nous considérons que c'est une grande victoire pour Apple ». En revanche, elle n'a pas commenté l'injonction.