Après la guéguerre des exclusivités qui n'a donné aucun vainqueur, Spotify s'est tourné vers le podcast pour distinguer son offre de la concurrence. Le service de streaming a joué du carnet de chèques pour muscler son offre d'outils de production de podcasts, avec l'acquisition en début d'année d'Anchor (logiciel d'enregistrement et d'édition) et de Gimlet (producteur).

Spotify a ensuite modifié l'interface de ses applications pour faire une place plus importante aux podcasts, avec l'apparition d'une catégorie idoine juste à côté de l'onglet dédié à la musique (lire : Spotify : une nouvelle interface au service des podcasts et de la musique). Le service ajoute une nouvelle pierre à l'édifice, en lançant la version finale de Spotify for Podcasters.
Cette plateforme, proposée en bêta ces derniers mois, est un tableau de bord en ligne proposant aux créateurs de podcasts toutes sortes de données statistiques, ce qui leur permettra de jauger de la réception et du succès de leurs émissions sur Spotify. Ils pourront obtenir les temps moyens d'écoute, le nombre de streams, le nombre total d'auditeurs, etc.
Des informations qui seront utiles pour « comprendre et faire croître votre public », vante Spotify… et qui seront aussi pratiques pour vendre un podcast à des annonceurs. Or, cette recherche de rentabilité ne fait pas l'affaire de plusieurs grands noms du podcast, aux États-Unis et aussi en France où de nombreux créateurs ont vilipendé le lancement de Majelan.
Cette app, créée par Matthieu Gallet l'ancien patron de Radio France, agrège des podcasts sans demander l'accord des créateurs. Ce n'est pas à proprement parler illégal, mais les contenus proposés dans l'application servent de vitrine pour soutenir le modèle économique de Majelan, sans qu'il y ait contrepartie pour les podcasteurs. L'app vend un abonnement mensuel à 4,99 € pour écouter du contenu supplémentaire réalisé par le studio maison et des partenaires.
Pour le meilleur comme pour le pire, la place du podcast sur le marché du streaming devient donc de plus en plus centrale, ce qui ne manque pas de provoquer des tensions au fur et à mesure qu'abonde l'argent de la publicité.

Apple, à qui l'on doit l'émergence du format auprès du grand public grâce à iTunes, n'est d'ailleurs pas en reste. Le constructeur mettrait sa grande fortune au service de podcasts pour les proposer en exclusivité (lire : Apple prévoirait de financer des podcasts pour les avoir en exclu).