Les vinyles passent largement devant les CD aux États-Unis, les sonneries font de la résistance

Pierre Dandumont |

Selon la RIAA — Recording Industry Association of America —, le vinyle1 a dépassé le CD l'année dernière aux États-Unis, pour la première fois depuis 1987. En effet, il s'est vendu 41 millions de disques en vinyle contre seulement 33 millions de disques compacts.

Boom, ce vinyle est caché dans certaines versions de Mac OS X.

En volume et en valeur

Si les vinyles passent devant les CD en volume, ils sont aussi (très) nettement devant sur les revenus selon le rapport. Ils représentent en effet près de 71 % des revenus des médias physiques, le reste se partageant entre les CD et les autres médias. Le marché physique a rapporté 1,7 milliard de dollars en 2022, et 1,2 milliard vient des vinyles. Dans les « autres médias », les ventes demeurent assez faibles : la RIAA annonce environ 400 000 ventes pour 12,7 millions de dollars. Il s'agit d'une section qui comprend les cassettes audio, les CD single, les DVD Audio ou les Super Audio CD.

Le CD derrière le vinyle (image RIAA).

Bien évidemment, ces chiffres sont à relativiser : les médias physiques ne représentent que 11 % des ventes aux États-Unis, contre 84 % pour le streaming. Dans ce monde, les abonnements payants amènent la majorité des revenus : 77 %. Le reste est composé des offres payantes mais limitées (comme l'abonnement offert avec l'offre Prime d'Amazon ou l'abonnement Apple Music Voice), les offres financées par publicité et les revenus liés aux licences.

Le numérique loin devant. (image RIAA)

Les vinyles sont portés par les audiophiles qui ne jurent que par le côté analogique de ces derniers, mais aussi par une nostalgie un peu étonnante étant donné que les acheteurs qui font partie de la génération Z (ainsi qu'une partie de la génération Y — les fameux millenials —) n'ont jamais réellement profité du vinyle. En effet, le disque compact date de 1981 et a pris assez rapidement l'ascendant sur son ancêtre, tant au niveau de la qualité que sur le côté pratique. Le fait que certains artistes modernes comme Taylor Swift font un carton en vinyle joue aussi beaucoup sur les ventes, tout comme le prix moyen très nettement plus élevé que celui du CD.

Le grand perdant dans cette histoire reste l'achat en numérique : il ne représente plus que 3 % des revenus aux États-Unis. Il semble donc que l'iTunes Store — lancé il y a presque 20 ans — soit à bout de souffle. Selon la RIAA, la chute est de 20 % sur un an, et le pic date d'une dizaine d'années : en 2012, cette section représentait 43 % des revenus. Les revenus liés aux droits pour les musiques dans les films et les séries (« synch »), eux, explosent et rattrapent presque le téléchargement à l'acte, avec 2 % des revenus.

Dans les chiffres amusants, nous pouvons noter que les ventes de sonneries atteignent tout de même 11 millions de dollars sur l'année 2022, pour 4,5 millions de téléchargements.

Les meilleures ventes de sonneries chez Apple.

Terminons par un point : les chiffres de la RIAA sont valables pour les États-Unis, mais les tendances sont les mêmes dans les grandes lignes dans une bonne partie du monde.


  1. Nous devrions parler de disque microsillon, car ils ne sont pas tous en vinyle.  ↩︎

avatar zoubi2 | 

@Dr. Kifelkloun

😂😂

avatar raoolito | 

@Dr. Kifelkloun

vous vous moquez mais le streaming déshumanise la possession d’une musique, on a tout et tout de suite, la platine vinyle est l’exact opposé: prend de la place, a un touché unique arrive avec une belle pochette, un son potentiellement un poil different suivant la platine etc…
la mort du cd est évidente car il n’a ni la presence physique des vinyls ni la simplicité du streaming, qui fait en plus du lossless depuis quelques temps.

avatar Dr. Kifelkloun | 

Pour moi la musique s'écoute, elle ne se "possède" pas. Posséder un vinyle c'est posséder un morceau de plastique. Alors si c'est posséder l'objet qui est important je suis d'accord, un disque vinyle dans une belle pochette est plus joli qu'un fichier numérique immatériel. Mais c'est la possession d'un objet, pas de son contenu (la musique).
Mais bon, chacun ses goûts en fin de compte. Peu importe le support; que chacun consomme la musique comme il aime.
PS: les CD je trouvais ça très joli à regarder. Faire jouer la lumière sur un CD avait pour moi quelque chose de plus mystérieux qu'un disque microsillon. Et savoir qu'un laser allait en extraire de la musique me fascinait...

avatar koko256 | 

@raoolito

Pour les indé, le cd vendu après le concert reste plus facile.

avatar debione | 

@koko256:

Et surtout infiniment plus rentable... Le streaming est la mort des indé...

avatar koko256 | 

@debione

Oui. Facile et rentable, la précision est importante !

avatar occam | 

@raoolito

📣 "un son potentiellement un poil different suivant la platine etc…"

Exactement : un son compromis, qui déshumanise à la fois le travail des ingénieurs du son, qui se sont donnés un mal de chien pour obtenir un maximum de fidélité dans la reproduction, et le travail des musiciens, qui ont droit à être jugés sur leur performance à l’enregistrement, pas sur l’alignement du diamant et l’anti-skating.

Favoriser le fétichisme d’un mode de reproduction compromis dès sa conception, comme l’était le disque 33 tours, au détriment d’une reproduction correcte de la musique, dévalorise le travail des musiciens et de ceux qui les ont enregistrés.

Je l’ai souvent dit ici : il existe encore de nombreuses bandes originales de studio, dont ont été tirées des transcriptions numériques. Comparez-les aux versions sur LP ; appréciez le travail des gens en studio, qui se battaient pour chaque demi-dB de dynamique en plus, de bruit en moins. À chaque mastering pour le pressage, ils devaient décider que sacrifier, que compromettre. On peut préférer l’analogique au numérique, mais je n’ai jamais connu d’ingénieur du son qui ait préféré le vinyle au master tape. Aucun. Et le transfert numérique se rapproche au possible de l’enregistrement d’origine.

Non, c’est le fétichisme de la platine, le snobisme de l’objet en pochette qui est déshumanisant. L’essence de la musique est immatérielle.

avatar debione | 

@occam:

La musique n'est pas uniquement le "son"... C'est aussi un univers, une identification, une plastique, un style d'habillement... Chose qui a quasi complètement disparu avec le dématérialisé...
Un punk ne s'habille pas de la même manière qu'un yo man, qui ne s'habille pas de la même manière qu'un premier violon ou qu'un glamrock...

La musique est infiniment plus que la microchose auquel votre post tente de la faire rentrer.

avatar cyrille.p | 

@occam

Souvenir d avoir assisté à Bangkok dans un magasin audiophile haut de gamme a une écoute comparative : Vinyle vs CD vs master tape . C était dingue je n avais jamais vu ça comme écoute comparative. Ils avaient également un lecteur numérique nagra pour compléter. Tout un cérémonial pour mettre la bande.

avatar FrDakota | 

@Dr. Kifelkloun

Tiens !
L’histoire très résumée des appareils de lecture audio. 🤩
Avec même un rembobinage de cassette.

https://youtu.be/FjFEDlz7Syk

avatar IceWizard | 

@Dr. Kifelkloun

« Le vrai son c'est le 78 tours en cire, le son pur, le son original. »

Le vrai son c’est un orchestre à domicile, avec de vrais musiciens. L’humain c’est le top pour faire de la vraie musique, jamais la même à chaque écoute, avec un son pur à 100%

avatar 406 | 

@Dr. Kifelkloun

Les maxi 45 tours étaient meilleurs que les 33, non ?

avatar koko256 | 

@406

Physiquement oui vu qu'une seconde est gravée sur un chemin plus long donc à précision de gravure fixe on est meilleur. Et même, le première chanson doit être meilleure que la dernière. Vu ce que l'on sait faire maintenant, on devrait pouvoir augmenter la vitesse, resserrer les sillons et augmenter la rotation à mesure que le bras se rapproche du centre. Mais ce n'est pas cela qui intéresse les défenseurs du vinyl.

avatar Dr. Kifelkloun | 

J'ai trouvé de créneau de la mort pour 2024: les sonneries sur vinyle.
Et vous ne savez pas la meilleure, Gen Z?
Quand vous achèterez pour 59.99 Euros seulement une sonnerie vinyle, vous aurez même une surprise: il y en a une 2ème sur l'autre face 🥳 Oh my f****** god ! Ça fait 2 sonneries pour le prix d'un vinyle !

De rien.

avatar iPop | 

@Dr. Kifelkloun

🤣😂

avatar occam | 

💎🔬 « 1. Nous devrions parler de disque microsillon, car ils ne sont pas tous en vinyle. »

J’adore. Juste cette petite pointe de pédanterie pince-sans-rire, pour connaisseurs, « mais on va pas s’attarder là-dessus ».

Bon, ça fait un bout de temps que je n’ai pas eu à restaurer un rouleau Edison en Amberol (oui, le truc qui a prêté son nom à l’app sur Linux), ni en phénol-formaldéhyde-hexaméthylènetétramine (Condensite pour les connaisseurs), matériau friable, mais superbe par sa résistance à la déformation thermique et à l’abrasion. Dommage qu’on ne l’ait pas utilisé davantage pour graver des disques système Berliner ; mais si le vinyle vous use un diamant en 800 h max, vous préférez ne pas savoir sa durée de vie sur un microsillon en phénol-formaldéhyde-hexaméthylènetétramine.

Alors, le matériau idéal, si microsillon ≠ vinyle ? Sans doute les polyimides ( attention, -imide, pas -amide, c’est pas du nylon, ça). Meilleure stabilité thermique — ça ne se déforme pas comme le vinyle sur un banc de fenêtre — , meilleure précision mécanique du (micro-)sillon, bien moindre bruit de surface. Hors de prix, mais qu’importe : quand le rituel de la galette (noire sauf exceptions) prime sur toute rationalité technique, au moins qu’on y mette le paquet.

avatar Dr. Kifelkloun | 

@occam
Puisque tu as l'air de connaitre: pourquoi les disques n'étaient pas fait d'une fine couche de métal? Trop dur à faire? Trop cher? Trop lourd?

avatar occam | 

@Dr. Kifelkloun

Certains masters étaient gravés sur métal (cuivre, pour les machines Neumann que je connaissais). DMM, direct metal mastering, était un procédé qui avait ses aficionados.
Mais la matrice était ensuite moulée dans le PVC.
Pourquoi ?

Faites cette expérience, si vous disposez d’une platine dont le diamant doit de toute façon être remplacé : recouvrez un disque à sacrifier d’une feuille en aluminium, posez le bras de lecture, laissez tourner. Le diamant va buriner l’aluminium. (Il va aussi en prendre un sale coup, mais pas autant que la surface du disque.) Ce serait le cas du cuivre, et de la plupart des métaux doux.

Il y a eu des disques en métal, avec toujours le même problème irrésolu : soit le métal abime le stylus, soit le stylus burine le métal. Les polymères comme le PVC ont l’avantage de réduire substantiellement la friction, et donc l’usure.

avatar oomu | 

@occam

oubliez l'ironie d'internet, j'ai trouvé vos deux commentaires passionnants !

avatar Dr. Kifelkloun | 

@occam
Merci 👍
Et... le verre ? La céramique ? 😬

avatar cyrille.p | 

J ai récupéré quelques vieux vinyles de mon père (ou le sien) années 60 a 80. Certains sont très biens mais pour d autres : son étouffé et mal enregistré, à jeter. Tout n est pas à garder dans les vieux vinyles. Par contre platine inusable Thorens qui a fêté ses 55 ans

avatar Biking Dutch Man | 

@cyrille.p

Je partage votre enthousiasme. J’ai une Thorens TD 135 de 1963, qui était à mon grand-père.

avatar 406 | 

Qq écoutes et des aigus auront déjà disparu par le frottement du saphir ( même à 1gr) mais faut avouer qu une belle pochette, ça a quand même + de gueule qu une clé usb…

avatar oomu | 

@406

j"ai conservé des vinyles et Laserdiscs pour les pochettes.

(les laserdiscs d'escaflownes avec chacun une illustration originale jamais rééditée pour les dvd, en relief, supeeEEERbeuh, le Double Laserdisc CAV Criterion de Lion King !! Le Coffret LD de la version LONGUE DE ABYSS !!! AAAH)

avatar cmoiloic | 

Perso mon abo deezer pour la voiture, le sport, bricolage…
Et puis une platine vinyle pour prendre le temps à la maison de redécouvrir une pochette, le vinyle en lui même. Mettre le saphir sur la première piste, me rappeler aussi toute cette époque où je devais parcourir 20 km pour aller acheter un vinyle. Faire une compile sur cassette. Bref un peu de nostalgie dans ce monde actuel où on a tout ce qu’on veut en quelques clics

avatar iPop | 

@cmoiloic

« Bref un peu de nostalgie dans ce monde actuel où on a tout ce qu’on veut en quelques clics »

C’est l’ordre des choses. Avant on avait pas grand chose mais prenait le temps de découvrir, vivre quoi. Dans l’avenir on aura tout d’un clic mais aucun vécu, c’est comme le poulet élevé en boîte, c’est fade.

avatar powergeek | 

Pour les amoureux de la cassette, je recommande ce site :

https://www.cassettecomeback.com

👍

avatar Glop0606 | 

Pour moi le streaming c’est du all you can eat. Ça permet d’essayer plein de trucs, ça a l’air d’être appétissant mais ça reste en surface et on a tendance à trop remplir son assiette sans vraiment apprécier. Le Vinyl c’est comme un bon saucisson de montagne avec son pain campagnard et son petit vin rouge du pays. C’est rustique mais divin et tu apprécies le moment. La musique peut ne pas être que consommée elle peut être appréciée. Autrefois les albums étaient comme des livres et il y avait une véritable cohérence artistique. Aujourd’hui c’est 2-3 musiques qui doivent marcher et le reste c’est remplissage. Je dis pas c’était mieux avant (quoique) mais différent.

avatar Mikado Fraise | 

@Glop0606

👍🏻🙏🏻

avatar Steekus | 

@Glop0606

tu as tout dit!!

avatar Paquito06 | 

@Glop0606

👏🏼👏🏼👏🏼
Ce qui me manque davantage avec le contenu dematerialisé, c’est le petit booklet qu’on avait avec le CD quand on achetait un album (valable aussi pour certains vinyles). Derriere le visuel (la couverture), on avait quelques pages bien souvent avec des details, des infos sur chaque chanson, qui accompagnaient en qq sorte la bio de l’artiste, une histoire racontée a l’audience, avec des soins apportés a la presentation, du design, des dessins, des references, enfin un peu d’art, quoi. Aujourd’hui, t’as le visuel de la pochette, le nom de l’artiste, la duree de chaque chanson, et tout juste les paroles. Tu cliques et pis c’est tout. C’est tellemement fade.

avatar Steekus | 

l'achat de musique implique un peu de réflexion, bien choisir, c'est une démarche volontaire.
le streaming est à la musique ce que mc do est à la gastronomie.

et perso je trouve qu'une platine Technics sl1200 fait parti des plus beaux objets audio jamais conçu. Les miennes ont 25 ans et sont nickels, je prends un plaisir fou à écouter ma musique dessus.
les homepod et compagnie sont des produits jetables, aucun rapport avec du "vrai matos"

avatar Biking Dutch Man | 

@Steekus

Je suis d’accord avec vous. Avec le streaming je me retrouve toujours à me faire imposer de la musique que je n’ai pas choisi et qui ne m’intéresse pas. J’ai le même plaisir avec la Thorens T135 de 1963 que mon grand-père avait acheté. Sinon j’aurais sans doute une SL 1200!

avatar Steekus | 

@Biking Dutch Man

👍👍🥂

avatar zoubi2 | 

@Biking Dutch Man

"Avec le streaming je me retrouve toujours à me faire imposer de la musique que je n’ai pas choisi et qui ne m’intéresse pas."

J'ai un peu de mal à vous suivre... Mon streaming, c'est Spotify. Et Spotify ne m'impose rien. J'écoute ce que je choisis quand je le choisis, je sélectionne ce que j'aime pour en faire des playlists très variées que je réécoute avec plaisir, je grave des CD pour la bagnole, etc.

Écouter une playlist proposée par Spotify c'est effectivement écouter une musique "imposée". Mais c'est quand-même une bonne manière de découvrir des choses que vous ne connaissiez pas, non ?

avatar iPop | 

@Steekus

Tout fait cela, excellente conclusion. La musique c’est du Mc Do aujourd’hui, il y a un fort avenir pour la musique faite avec des IA, je vous le dit.

avatar Steekus | 

@iPop

maybe.

avatar apaisant | 

3 jours a Motorbass

avatar max intosh | 

Quand dans mon travail on arrivait en studio à la fin d’un album (dont certains devenus légendaires) et qu’on arrivait au mixage final, il fallait se creuser un moment pour l’ordre et avoir à gérer le fameux retournement du vinyle sur la platine, et quels morceaux pouvaient le mieux s’enchaîner malgré cette interruption. Ça provoquait des discussions passionnantes. C’est ce qui m’a fait racheter une platine et les albums sur lesquels j’ai bossé, d’autant que la qualité des rééditions d’aujourd’hui est bien supérieure aux originaux, il n’y a quasiment plus de souffle et craquements.

avatar misterfrank | 

Je confirme je me suis racheté une platine tellement mieux …

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