Apple a prévenu les développeurs qu’elle avait actualisé les règles de validation de l’App Store, mais elle ne précise malheureusement toujours pas quels sont les changements. Il faut donc comparer méthodiquement la nouvelle version avec l’ancienne, consultable sur Archive.org — le très pratique Guidelines History n’a pas encore été mis à jour avec les nouvelles règles.
Il y a comme souvent des reformulations et des précisions, mais aussi des changements plus significatifs. L’article 4.7 « Third-Party Software » a été renommé « HTML5 Games, Bots, etc. », et Apple ajoute que les apps qui contiennent ou utilisent du code provenant d’une source externe sont autorisées tant que « la distribution de code n’est pas la finalité principale de l’application ».
Dans la règle 2.3.1, qui concerne la fidélité des descriptions des apps, Cupertino ajoute qu’il ne faut pas présenter une app en mentionnant un service ou un contenu qu’elle n’inclut pas. Et de prendre l’exemple précis des antivirus iOS. On s’attend donc à un gros coup de balais des faux logiciels de sécurité sur iOS.
Apple a ajouté un nouvel article 2.5.13 concernant Face ID :
Les apps utilisant la reconnaissance faciale pour l’authentification de compte doivent utiliser
LocalAuthentication
(et non ARKit ou une autre technologie de reconnaissance faciale), et doivent utiliser une autre méthode d’authentification pour les utilisateurs de moins de 13 ans.
Afin de respecter des textes de loi, les applications destinées aux enfants ont le droit de demander l’âge de l’utilisateur. C’est sûrement à partir de cette information que les développeurs devront désactiver Face ID pour les utilisateurs de moins de 13 ans dans leurs apps. Cette restriction s’applique uniquement à Face ID, Touch ID n’est pas concerné.
Autre ajout, la règle 3.2.1 (vii) :
Les apps peuvent permettre aux particuliers d’envoyer des dons d’argent aux autres particuliers sans passer par le système d’achat in-app, à condition que (a) le don soit un choix complètement optionnel pour le donateur, (b) 100 % de l’argent aille au donataire. Cependant, un don qui est connecté ou associé à n’importe quel moment avec l’obtention de contenu ou de services doit utiliser le système d’achat in-app.
Ce nouvel article s’inscrit probablement dans le cadre de l'arrivée du paiement de personne à personne d'Apple Pay aux États-Unis et/ou du bras de fer entre Apple et de gros éditeurs chinois. Ceux-ci permettent à leurs utilisateurs de les rétribuer grâce à des « pourboires », évitant ainsi la commission d’Apple. L’article semble aller à leur encontre : seuls les dons de particulier à particulier sont autorisés, et les dons permettant d’accéder à du contenu en plus sont explicitement interdits.
La règle 4.4 concernant les extensions a été revue. Auparavant, seuls les claviers de tierce partie n’avaient pas le droit d’inclure du matériel marketing, de la publicité ou des achats in-app. Dorénavant, ce sont toutes les extensions (autocollants, extensions Safari…) qui n’ont pas le droit d’inclure ces éléments.
Or, les autocollants Super Mario Run ne sont-ils pas du marketing pour le jeu de Nintendo ? On ne s’attend pas à ce qu’Apple fasse une application aussi stricte de la nouvelle règle, mais elle mériterait peut-être une réécriture pour éviter de mauvaises interprétations.
Dans la partie juridique (grand 5), Apple a ajouté que « dans des cas extrêmes, comme les apps qui encouragent le trafic humain et/ou l’exploitation des enfants, les autorités compétentes seront informées. » Les éditeurs de ce type d’apps sont prévenus.
Enfin, mentionnons que le controversé article 4.2.6 qui avait été instauré après la WWDC n’a pas été modifié. Utilisé par Apple pour retirer des apps « pas particulièrement utiles », cet article indique précisément que « les apps créées par des services vendant des modèles tout prêts ou qui se proposent de les générer eux-mêmes sont rejetées ». Cette nouvelle règle est critiquée par les services en question, ainsi que par leurs utilisateurs, qui sont donc interdits d’App Store.