En fin de semaine dernière, nous nous faisions l’écho d’une découverte de GSM Arena, qui remarquait que les performances des iPhone 7 de 32 Go en écriture étaient bien inférieures à celles des autres iPhone 7 (lire : iPhone 7 (Plus) : les modèles 32 Go plus lents ?). Cette remarque était apparemment aussi valable sur l’iPhone 7 Plus.
Afin d’en savoir plus, nous avons collecté les résultats que vous avez obtenus avec deux logiciels de mesure, à savoir PassMark et BaseMark. Nous avons également contacté les éditeurs de ces deux solutions pour avoir leur avis sur la question.
Nous n’avons pas encore fait toute la lumière sur cette histoire, mais nous avons pu vérifier un certain nombre de choses, et faire d’autres découvertes au passage.
Les modèles de 32 Go sont effectivement plus lents que les 128 et 256 Go
PassMark a eu la gentillesse de mettre à notre disposition son jeu de données. Lorsque nous avions publié le premier article, nous nous demandions si tous les modèles de 32 Go étaient plus lents, ou si cela pouvait venir d’un certain type de mémoire flash que l’on était susceptible de retrouver sur des modèles avec d’autres capacités.
Que ce soit l’iPhone 7 de 32 Go ou l’iPhone 7 Plus de 32 Go, on constate de nettes différences en écriture. Lors des tests d’écriture, l’iPhone 7 plafonne en moyenne à 73,47 Mo/sec sur le 32 Go, alors qu’il monte à plus de 300 Mo/sec sur les 128 et 256 Go. En lecture, la différence est bien moindre et peut s’expliquer plus facilement. Sur les mêmes tests, mais en lecture, l’iPhone 7 de 32 Go tourne à 700 Mo/sec environ là où les 128 et 256 Go sont plus proches de 800 Mo/sec. Comme le montre le graphique, on constate la même chose sur l’iPhone 7 Plus.
Mémoire flash : l’iPhone 7 Plus jusqu’à 40 % plus rapide que l’iPhone 7 en lecture
Cela a été notre petite découverte lors de l’analyse de tous ces chiffres : l’iPhone 7 Plus est plus performant sur les tests de mémoire que l’iPhone 7.
Cette fois, la différence ne se fait pas en écriture où les chiffres sont grosso modo similaires, mais en lecture. À capacité équivalente, on note des différences oscillant entre 20 et 40 %. Le cas le plus marquant, c’est sans doute sur les modèles 256 Go. L’iPhone 7 Plus monte en lecture à 1049 Mo/sec en moyenne, alors que le 7 atteint seulement 771 Mo/sec.
L’iPhone 7 de 32 Go est-il plus lent ou moins rapide ?
Certes, les modèles de 32 Go offrent des vitesses d’écriture en deçà des autres modèles, mais qu’en est-il précisément si on compare cela avec les autres modèles de la gamme iPhone ?
En ce qui concerne la lecture des données, les iPhone 7 sont diablement rapides. Et c’est sans doute pour cela qu’iOS démarre plus vite dessus. La différence est nette avec la gamme 6, mais moins importante avec la gamme 6s et l’iPhone SE. Tous deux affichent en lecture des débits de l’ordre de 630 Mo/sec.
Pourquoi de tels gains depuis l’iPhone 6s ? C’est sans doute lié au fait qu’Apple utilise ses propres contrôleurs pour la gestion de la mémoire flash.
Lorsque l’on replace ces chiffres dans le contexte, il y a des performances très décevantes en écriture. Parmi tous les modèles à notre disposition, seul l’iPhone 6 Plus de 16 Go fait moins bien avec 28 Mo/sec. Mais nous n’avons pas pu faire de tests avec des iPhone SE et des iPhone 6s entrée de gamme. Il est donc difficile pour le moment d’être catégorique sur ce point.
Pourquoi les modèles de 32 Go sont-ils moins rapides ?
C’est là où les choses se compliquent singulièrement. Tout d’abord, il convient de rappeler qu’en dépit des apparences, tous les iPhone ne sont pas identiques. On l’a vu cette année encore avec les iPhone 7. Les modèles européens ont par exemple une puce Intel pour la partie modem, alors que les modèles US ont une puce Qualcomm. Et cette dernière, selon des études menées récemment, est a priori plus performante (lire : iPhone 7 : le modem Intel moins performant que le Qualcomm).
L’année dernière, on avait remarqué également des petites différences en ce qui concerne les systèmes sur puce des iPhone 6s. Les modèles équipés d’un processeur TSMC avaient, d’après Apple, une autonomie 2 à 3 % supérieure à ceux dotés d’un processeur Samsung. Certains benches montraient que l’écart était plus important.
Pour expliquer cette différence de performances entre les modèles de 32 Go et de 128/256 Go, plusieurs thèses ont circulé sur internet ces derniers jours.
La première explication évoquée, et qui ne tient absolument pas la route pour nous, proviendrait de la nature même dont la mémoire flash fonctionne. Dans le monde des SSD, les modèles ayant une grosse capacité offrent de meilleures performances que les modèles à petite capacité, puisqu’ils possèdent plus de puces sur lesquelles écrire en même temps. Mais selon l’un des responsables de Passmark, la différence est bien trop grande pour s’expliquer par le simple parallélisme.
La deuxième explication qui est revenue fréquemment, c’est que la réalité de ces tests serait déformée par le système de cache de ces supports. Apple utilise dans ces téléphones une solution hybride composée de mémoires SLC (rapide, qui agit comme cache) et TLC. En théorie, la quantité de mémoire SLC est proportionnelle à la quantité de stockage.
Pour certains, les outils de bench satureraient la mémoire SLC sur les iPhone de 32 Go, mais pas sur les autres modèles. Ceci expliquerait une telle différence. Arto Ruotsalainen, le patron de BaseMark, ne croit pas à cette thèse. Il explique que son programme écrit de trop petites quantités de données pour que le cache ait un impact sur les résultats.
La dernière thèse voudrait qu’Apple ait eu recours à de la mémoire moins chère, mais également moins performante, sur les plus petits modèles. De notre point de vue, on ne serait pas étonné qu’Apple ait cherché à trouver un juste milieu entre rationalisation des couts et niveau de performances. Peut-être a-t-elle mis au point pour ces modèles également un nouveau contrôleur plus économique. Au passage, on ne serait pas étonné que les « nouveaux » iPhone 6s et 6s Plus de 32 Go présentent les mêmes caractéristiques. Apple n’a sans doute pas donné 16 Go en plus sans contrepartie.
Le cas est loin d’être identique, mais mérite d’être évoqué. Apple avait procédé de la sorte l’année dernière avec l’iMac et le Fusion Drive. Sur le modèle 1 To, Apple inclut seulement 24 Go de mémoire Flash, contre 128 Go sur les précédents modèles. Une manière sans doute pour Apple de faire des économies. Mais pour que cela n’ait pas trop d’impact sur les performances, Apple avait revu l'algorithme qui gère le transfert des données entre le disque dur et le support flash de manière à limiter ces mouvements pour épargner le SSD sur la durée et utilisait de la mémoire particulièrement rapide.
Dans l’absolu, on peut penser que dans le cadre d’une utilisation lambda, Apple a estimé que de très bons débits en lecture ont plus d’impacts sur les performances générales que les performances en écriture. En tout cas, un tel compromis, ce serait du Apple dans le texte !