Le streaming à la recherche d'un nouveau modèle : Universal voudrait des abonnements « super fans »

Mickaël Bazoge |

Il y a comme un problème dans le petit monde du streaming, et même plusieurs. Comme par exemple ces fraudes qui permettent de « gonfler » le nombre d'écoutes de tel ou tel morceau. Ou encore la pratique consistant à téléverser des clips de 31 secondes qui sont tout juste assez longs pour être qualifiés d'écoute. Il y a aussi la prolifération de morceaux d'une qualité douteuse, comme ces plages d'ambiance pour aider à dormir qui noient littéralement les catalogues.

L'app Tape Looper permet d'enregistrer de l'audio sur la console Playdate.

« En ce moment, nous avons un défi de quantité par rapport à la qualité », confie Universal Music auprès du Financial Times. « Il devient de plus en plus difficile pour les nouveaux artistes d'éclore, pour que les nouveautés puissent être découvertes ». Pour beaucoup de musiciens « légitimes », le système actuel et ses failles les prive des moyens de leur subsistance.

C'est pourquoi la major, qui contrôle près du tiers du marché mondial de la musique, a lancé des discussions avec plusieurs plateformes de streaming, dont Spotify et Tidal. On ignore si Apple Music fait partie de ces échanges. La question centrale : comment changer le modèle du streaming ? L'idée est de mettre en place un système qui supporte tous les artistes, aussi bien les amateurs éclairés que les indés, ainsi que ceux qui émargent dans les grandes maisons de disques.

D'une manière plus concrète, il s'agit de repenser la répartition du fruit des abonnements pour l'ensemble des artistes, explique Tidal. Cela passe par la chasse aux bots — 10 % de tous les streams aux États-Unis proviendraient de ces fameux bots —, et aussi du bannissement des « chansons » de 31 secondes.

7 à 10 % de fraude dans les chiffres du streaming, Apple serait un mauvais élève

7 à 10 % de fraude dans les chiffres du streaming, Apple serait un mauvais élève

Universal cherche également à mettre à contribution les artistes eux-mêmes : les musiciens qui parviendraient à attirer de nouveaux utilisateurs et à maintenir un bon taux de rétention sur les plateformes pourraient ainsi être rémunérés pour cette tâche, via un système de « bonus ». Il faudra pour cela être capable de mesurer l'engagement des fans sur les réseaux sociaux. La major et Tidal explorent les possibilités.

Un nouveau modèle économique pour le streaming

Autre suggestion évoquée : un nouveau palier pour les abonnements, plus cher, qui permettrait aux « super fans » de bénéficier de privilèges comme un accès plus direct à leurs artistes.

Les plateformes et les ayants droit n'échapperont pas à une réflexion sur la manière dont le système fonctionne. La répartition des sommes tirées des abonnements est réalisé en fonction des parts de marché globales des artistes, pas en fonction des artistes écoutés. Cela favorise les artistes qui multiplient les chansons courtes afin de maximiser le nombre de lectures.

Les changements voulus par Universal et d'autres acteurs du secteur pourraient bousculer le prix de l'abonnement standard fixé autour de 10 €/$ par mois. Les services de streaming pourraient finir par moduler davantage l'accès à leurs contenus. On n'est encore qu'aux prémisses de ces discussions, les choses peuvent donc encore beaucoup changer.

Pendant ce temps, Spotify a franchi un impressionnant seuil symbolique, celui des 200 millions d'abonnés payants. En l'absence obstinée de chiffres provenant du plus proche concurrent Apple Music, le service anglo-suédois de streaming est donc la première plateforme dans ce domaine d'activité à dépasser ce cap, avec un total de 205 millions d'abonnés payants au 31 décembre, soit 14 % de plus par rapport au même trimestre 2021.

Spotify compte un total de 489 millions d'utilisateurs actifs mensuels, en hausse de 20 %. Par contre les effectifs vont dégonfler de 6 %

Source
Vignette : Guillaume TECHER, Unsplash
avatar s1n3d | 

Les majors du streaming musical sont en train de voir ce qui se passe sur le streaming vidéo (catalogues différents d’un service à l’autre, ce qui pousse les gens à s’abonner à plusieurs services). Ils veulent donc leur part du gâteau, je ne serai pas étonné qu’on ait la même chose dans le streaming musical à terme 😤

avatar MarcMame | 

@s1n3d

Si ça arrive (et c’est déjà arrivé) ce sera à la marge.
Donc non. Je ne pense pas que ça arrivera.
La comparaison industrie musicale / cinématographique ne tient pas.

avatar McFlan | 

@s1n3d

Le modèle n’est pas transposable. Il y a toujours eu un décalage de disponibilité pour les films : cinéma, dvd, canal+, tv. Et des exclus de certaines chaînes pour les séries. Le consommateur a été habitué.

De plus, un film dure 2h. Si le catalogue est un gruyère, tu galères un peu puis tu trouves et t’occupes pendant 2h.

Pour la musique, t’es vite frustré : tu trouves pas celle que tu cherches, tu te rabats sur une autre et à peine 3 min après t’es de nouveau frustré. Au bout de 20min t’en as marre.

avatar raoolito | 

@s1n3d

dans l’histoire ca a toujours ete la musique le précurseur
ici c’est le futur modèle pour la vidéo qui apparaîtra peut être un jour

avatar s1n3d | 

@raoolito

J’ai bien peur qu’ils ne cherchent qu’une chose : se faire un max d’argent… et ça passera nécessairement par une différentiation des services (exclu, accès payant supplémentaire à un catalogue premium etc…)

avatar MachuPicchu | 

@s1n3d

Les exclu, ils ont déjà essayé et ça a été un tollé, si bien qu'ils ont abandonné.

avatar ys320 | 

@MachuPicchu
Une Major qui veut aider les artistes indépendants. On va y croire 😃

avatar RonDex | 

@ys320

🤞🤥😁

avatar heu | 

Mais ils peuvent pas s’empêcher de chouiner en fait. Ils nous ont soûlé dans les 2000 avec le piratage, et ça va toujours pas ???

avatar Biking Dutch Man | 

Content d’avoir mes CDs et mon NAS en local, avec possibilité de lire ma musique partout dans le monde, je ne dépends pas du bon vouloir de tous les intermédiaires avides!

avatar CorbeilleNews | 

@Biking Dutch Man

Et vous achetez tout ce que vous écoutez ? Même les découvertes ?

Vous découvrez combien de morceaux / d’artistes par mois ?

Merci de votre réponse 😀

avatar BingoBob | 

@Biking Dutch Man

Apple Music m’a permis de découvrir des artistes alors que j’avais une bibliothèque musicale déjà assez fournie. Je trouve que c’est ça qui est presque le plus intéressant dans ce genre de service streaming : ne pas ré-écouter sans cesse la musique que l’on connaît et suivre les propositions de l’algorithme.

avatar v1nce29 | 

> Il y a aussi la prolifération de morceaux d'une qualité douteuse, comme ces plages d'ambiance pour aider à dormir qui noient littéralement les catalogues.

J'aurai plutôt cité le rap 'français' auto-tuné où un analphabète fait l'apologie du trafic de drogue pour se construire une street (cré)dibilité.

Pour ceux qui ont des problèmes d'endormissement (ou de concentration) je vous conseille https://mynoise.net/ qui propose différentes ambiances dans lesquelles vous pouvez moduler certaines fréquences si vous êtes sensibles niveau acouphènes. C'est gratuit mais une donation est suggérée.

avatar Absolut Piano | 

@v1nce29

Tu as tout à fait raison, sur le top 100 français, 96 morceaux sont du rap, tous des clones et rien que les paroles c’est affligeant.

avatar gwen | 

Amusant cette idée des morceaux de 31 secondes. Voilà comment détourner un système. L’humain est fabuleusement innovant pour frauder pour son propre profit, par contre pour faire profiter tous le monde du pactole c’est un autre discours bien plus long à mettre en œuvre.

avatar e2x | 

20 ans après la famine et la disette pour les artistes car les nantis d’universal and co ne voulaient pas prendre l’internet et le numérique à sa juste valeur, ils osent demander aux autres de réinventer le streaming ?
…av des abo de luxe ?
🤨

avatar e2x | 

Je me rappelle d’une dame qui travaillait dans un important service culturel de l’état et qui m’avouait son respect pour les artistes car selon elle… « les gens décideurs à la gestion de ‘qui aura quoi et combien’ n’ont jamais fait d’autre que de la culture pour élite… et qu’ainsi les artistes et artisans ont tellement appris à faire sans eux, sans subventions, sans moyens sérieux qu’ils ont tous inventé leur propre mode de survie et de fonctionnement. ».. Elle était admirative et disait presque tant mieux que cela se passe ainsi, on sert d’exemples 😳 Ce jour-là j’ai tout compris.

avatar oomu | 

"Autre suggestion évoquée : un nouveau palier pour les abonnements, plus cher, qui permettrait aux « super fans » de bénéficier de privilèges comme un accès plus direct à leurs artistes."

on pourra accéder plus "directement" aux chanteuses..heu artistes.. comme avec le commerce de cd audio à ticket au Japon et les mini-concerts d'idoles ? *bave* *main moite* *transpire*

"Universal cherche également à mettre à contribution les artistes eux-mêmes : les musiciens qui parviendraient à attirer de nouveaux utilisateurs et à maintenir un bon taux de rétention sur les plateformes pourraient ainsi être rémunérés pour cette tâche, via un système de « bonus »"

ho oui, ajoutons aux artistes un rôle, boulot, tâche, exigence, supplémentaire. Ils sont naturellement des commerçants/gestionnaires avisés, plutôt que de s'entraîner au chants, instruments, écritures.

Quand au bonus, il n'a qu'à devenir la base pour un revenue décent, ça leur fera les pieds à ces saltimbanques qui foutent rien...

Essentiellement, c'est l'annonce qu'ils veulent d'avantage monétariser les artistes eux même (les rendre "+ accessible directement" (?) et leur ajouter + d'exigences) et augmenter le prix au consommateur (le "super fan")

après tout, c'est la nature même du capitalisme: il faut augmenter la valeur.

-
Je suis probablement, dans toute cette histoire, le pire : je refuse de m'abonner à un service de musique. un refus idéologique. Ce qui est de nos jours sciemment immoral.

-
très sérieusement : comme d'autres commentateurs le rappellent, il est peu crédible que l'industrie de la musique et du cinéma se rejoignent dans leurs pratiques commerciales:

- ça a toujours été des commerces différents
- le cd audio n'est pas l'équivalent du dvd (prix, présence de drm etc)
- la radio et la télé ne se consommaient pas de la même manière
- la musique et un film ne se consomment pas avec la même concentration, investissement en temps. (enfin.. tout dépend de combien on se sent prit par la musique bien sur)
- les exclusivités de chansons, à part un petit temps lors du lancement d'un nouvel album, sur une plateforme serait difficile à imposer: ça réduirait la liberté des artistes et leurs sources de revenus comme jamais. Et le public n'a jamais connu ça, alors que ce fut la norme pour les films.

bref, je n'angoisse pas trop de devoir m'abonner à Apple Music mordicus si je veux écouter mon artiste favori demain.

avatar redchou | 

Quand on pense à tout ce qu’on paye pour accéder à la musique… Entre les taxes copies privées, les abos, les pubs, …
Je regrette vraiment qu’on ait pas fait le pari de la licence globale.

avatar bibi81 | 

Je regrette vraiment qu’on ait pas fait le pari de la licence globale.

Bah non, déjà qu'ils ont la main sur la copie privée et qu'ils ne cessent de l'étendre et de l'augmenter. Alors une licence globale...

avatar Tykkho | 

Universal..🐖!
je me rappelle bien cette époque épique quand est apparu le torrent..
Leur attitude grandiloquente...Pour rester poli,à crier au vol tout azimut,à chialer comme des gosses gâtés et surtout.. pourris...
A évoquer leur mort,celle des artistes surtout(bien sûr..hein ils sont la pour eux)
beh tiens.. ils sont encore là,à empocher les dollars..les pauvres!!
💩

avatar cosmoboy34 | 

Ils préparent le terrain. C’est une technique vieille comme le monde : accuser un autre du problème pour cristalliser le débat tout en passant pour le chevalier blanc.

Hey Universal y’a une solution toute simple : rémunérez les artistes qui font tout le boulot au lieu de vous prendre la plus grosse part 🤷🏼‍♂️

avatar Tykkho | 

@cosmoboy34

🤝

avatar Glop0606 | 

Perso je reste perplexe sur le modèle du streaming en tant que vecteur de qualité. C’est un peu le règne du all you can eat. De la consommation de masse avec de gros biais de manipulation. Tout l’inverse de l’achat unique où l’achat t’oblige à un peu de recherche découverte et surtout à réellement profiter de ton œuvre vu que tu l’as payé et que tu veux rentabiliser.

avatar koko256 | 

@Glop0606

Au contraire, à force d'écouter plein de titres différents tous sur le même modèle, on sa lasse et l'on cherche autre chose.

avatar celebration | 

@Glop0606

Perso l’algo Spotify me fait découvrir des perles toutes les semaines.

J’adore.

avatar dvsn | 

Il y a ces "morceaux" de 31s et les autres, ceux qui font 1m30 ou 2mins, chose qui n'existait pas du temps des K7 et CD. C'est à celui qui engrangera le plus d'écoute en peu de temps pour s'accaparer un max de pognon.

Bref, des "morceaux" à boycotter tant ils nous prennent pour des cons.

avatar Lion.b | 

Deezer avait fait un pas dans la bonne direction, afin de rétribuer les artistes que l’utilisateur écoute avec son abonnement et non les artistes qui occupent les plus grosses part de marché. Il l’ont fait en octobre 2019 déjà. https://www.deezer.com/fr/ucps

avatar fredbret | 

Deezer a beaucoup communiqué sur ce service et ils ont une page en ligne qui laisse croire que celui-ci est en place, mais c'est faux. Un long post sur les forum de Deezer dénonce la malhonnêteté de l'entreprise qui laisse croire que les artistes sont mieux rémunérés alors que c'est comme ailleurs.

avatar MarcMame | 

Où en est le résistant Obispo et sa plateforme perso ?

avatar PixelPopz | 

J’adore les commentaires aussi débiles les uns que les autres. Vous êtes vraiment limités des fois. 😂

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