Apple TV+ : des ambitions sur le grand écran, des obligations sur le petit

Stéphane Moussie |

Le 1er novembre, Apple TV+ sera disponible sur iPhone, iPad, ordinateur, Apple TV, téléviseurs connectés… et bientôt au cinéma ? Apple envisage de sortir sur grand écran certaines de ses productions exclusives, indique le Wall Street Journal sur la foi de ses sources.

Les sorties au cinéma permettraient de bâtir une certaine renommée, en glanant pourquoi pas des prix dans les festivals, et par là même d'attirer des grands noms du milieu, qu'ils soient réalisateurs, producteurs ou acteurs.

Si J.J. Abrams a refusé de signer un contrat d'exclusivité avec Apple, c'est en partie parce que la Pomme n'avait pas de plan pour diffuser ses films dans les salles obscures.

D'après le Wall Street Journal, l'entreprise a pris en compte ce paramètre et est ouverte à l'idée qu'une partie de ses films sortent d'abord au cinéma, puis quelques mois plus tard sur Apple TV+. Elle pourrait se montrer plus flexible que Netflix, qui exige généralement une sortie simultanée en salle et sur son service.

La première exclusivité majeure d'Apple diffusée au cinéma sera On the Rocks, une comédie dramatique réalisée par Sofia Coppola avec comme acteur principal Bill Murray. La sortie est envisagée pour le milieu de l'année prochaine, après peut-être un passage sous les projecteurs d'un grand festival, comme Cannes.

Ces sorties en deux temps, d'abord au cinéma puis en streaming, ne pourront pas être aussi rapides en France. La chronologie des médias impose un délai de 15 à 36 mois pour la diffusion sur une plateforme de VOD par abonnement après une sortie en salle, en fonction des accords et du nombre d'entrées.

Apple va être confrontée à une autre règle en France, et plus généralement en Europe, celle de garnir son catalogue d'au moins 30 % de production européenne, et ce d'ici fin 2020. D'après les comptes d'Ampere Analysis rapportés par Variety, Netflix et Amazon Prime Video sont dans les rails pour respecter cette obligation.

En dehors de la série française Calls, apparue à l'origine sur Canal+, aucun projet européen n'est connu pour Apple TV+, mais la Pomme a peut-être des contenus ou des partenariats à venir. Disney+ devra tout autant se plier à cette règle des 30 %, adoptée pour « protéger le financement de la création [européenne] », selon les mots de la ministre française de la Culture.

avatar delolia | 

En tant que payeur du service TV+, ça me foutrait les boules d'attendre 2 ans et demi de plus que les autres pays pour avoir un film ou d'être forcé de payer encore pour aller le voir au cinéma. Ces lois sont stupides et tout ce qu'ils risquent c'est de voir apple snober nos cinémas pour garder les délais sur leur propre service streaming

avatar toto_tutute | 

Réfléchissiez un peu avant de dire que ces lois audiovisuelles sont stupides...😉

avatar oomu | 

ces lois ne sont pas stupides.

Elles correspondent à des logiques industrielles et de négociations entre distributeurs et producteurs aux logiques différentes.

La France typiquement passe par la loi pour organiser le partage des industries.

Le cinéma, la télévision, les diffuseurs en ligne et les producteurs sont tout autant antagonistes (concurrents économiques) que partenaires (ils finissent par se vendre et se partager la Valeur)

Pour que le marché soit vertueux : permettre de garantir des droits et un avenir à des travailleurs en FRANCE (ingénieurs son, effets, maquilleurs, gestionnaire de studio de tournage, manutentionnaire, monteurs, décorateurs, animateurs, etc), les pays, qui ont une INDUSTRIE QUI RAPPORTE et des EMPLOIS à préserver, organisent le marché.

C'est le cas en France, mais dans la plupart des pays un tant soi peu organisé : Japon, UK, etc.

Il s'agit aussi de préserver une offre multiple et VIABLE (un seul acteur capable de forcer la main peut distordre le marché et détruire la concurrence et la pluralité : Disney et/ou Google en serait capable)

il s'agit d'éviter que les consommateurs ne se retrouvent pas devant des monopoles étriqués (que du Marvel à 79e l'épisode) et qui plus est antagoniste à une culture locale (par exemple, QUE des producteurs ET QUE des diffuseur US qui en auront rien à foutre de préserver un patrimoine, le distribuer ou accepter de diffuser des créatifs locaux.

Les acteurs US ont tendance à privilégier leurs artistes maisons, au détriment de productions locales, parce que tout simplement ce n'est pas dans leur intérêt. Aucun acteur ne doit donc devenir hégémonique.

Il y a donc une obligation de diffusion, mais aussi de productions

et des fenêtres de diffusion pour que:
- le cinéma ait un sens, ça coûte cher le m2
- la télé aient un sens, les fréquences radios intéressent bien du monde sinon
- la vidéo ait un sens

avatar oomu | 

Les USA n'ont pas beaucoup de grandes lois fédérales imposant des obligations aux acteur du cinéma, câble et internet (mais y en a)

par contre y a eu de GRANDES négociations privés qui ont FOUTU DANS LE MARBRE bien des conneries.

Ainsi la syndication de séries télés et leur sacro-saint nombre d'épisodes obligatoires pour être rediffusés ailleurs (sinon out !)
Le monopole affligeant pendant trop longtemps des Cablo-opérateurs.
Les salles de cinéma et la diffusion hors cinéma font aussi le jeu d'accords très anciens entre les grandes chaines de cinéma et les producteurs.

D'ailleurs, c'est parce que tout se passe entre "grandes entreprises" que les USA ont peu de cinéma d'art et d'essai en comparaison avec Paris seule. L'offre est pauvre aux USA par rapport à la France qui se gave des films américains, japonais, indiens, européens au sens large.

La France via les fenêtres de diffusion assez généreuse à permis à des cinéma plus petits de trouver leur équilibre, et c'est pas facile. Mais cela offre une autre programmation pour ceux que ça passionne. C'est important.

Même le marché de la vidéo aux USA est pauvre.

-
LE NATIONALISME !

Les USA ont une logique assez perverse d'industriel privé:

les films français de SF pourraient faire concurrence à des blockbusters fait maison (Warner, Disney-fox-marvel-tout-l'univers, Dreamworks etc) qui veulent monopoliser tous les écrans ? Et bien la quasi totalité des chaînes de cinéma US vont refuser en choeur de distribuer un Valerian convenablement. (le "film n'a pas trouvé son public")

Qu'importe la qualité de Valérian de Besson ou votre HAINE PURE pour votre propre Pays et le RESTE de la planète hors USA, le fait est que l'industrie américaine (Cinéma ET Studios) jouent main dans la main pour faire du protectionnisme de leur territoire.

Arrêtez d'être DUPE et organisez la bonne marche de VOTRE PAYS !

vous n'êtes pas des Anarchistes Idéalistes, vous êtes des NIHILISTES qui en ont RIEN A FOUTRE.

avatar roccoyop | 

@delolia

Lorsque les lois sont stupides, torrent est roi.

avatar armandgz123 | 

@roccoyop

Oui, heureusement...!

avatar macnewbie007 | 

@delolia

Pareil, du coup j’espère qu’Apple ne sortira pas des films dans les cinémas français !

avatar toto_tutute | 

Allez-vous "tester" les créations originales Apple même si c'est assez éloigné de votre travail journalistique habituel ? 🤔

Après, tout pour Apple, Apple TV+ est très éloigné de son métier de base...

avatar oomu | 

Perso, la France, culturellement, est un pays formidable : Que vous soyez fan de drame moldave dépressifs de quadra, de Robots Géants avec des Jupettes, de Gros Bourrin Testostérone qui bat le méchant à la fin, de comédies musicales moustaches à 150 intrigues, de farces insolentes et grotesques, de courts métrage expérimentaux à coups de Brouette sous tous les angles, la France est un pays où on peut relativement facilement payer et voir tout ça.

Soit dans des salles, soit des diffuseurs atypiques comme Arte, soit par de nombreux micro éditeurs en vidéo, soit par très souvent les canaux classiques.

C'est une bonne chose.

En comparaison aux usa, bien souvent, y a po. Y a po les animes en dvd us officiels pléthoriques comme en France, y a po le cinéma indien en masse, ou le cinéma chinois, et peu de sorties de cinéma français

Bref: ne croyez pas que la manière de faire française soit si négative. Elle donne un marché viable et riche.

Et puis vous allez pouvoir vite le voir votre Starwars 35, vous aurez la série télé Disney Star Wars Mandalorian comme tout le monde

Et Popa et Moman auront leur "film de Christian Clavier est un beauf numéro 21 millions" avant même qu'ils aient fini leur souper.

Tout va bien !

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Hors sujet : l'art et la contrainte tout ça.

Je note que les contraintes sont assez salutaires. Netflix a des obligations , et elle doit aussi produire un grand nombre d’œuvres "originales" elle même, que ça soit par obligation pour obtenir des crédits en Europe et ailleurs, et pour rendre attractif son abonnement.

Le résultat est que Netflix produit assez régulièrement des trucs fou dingues, pour des publics de niches que jamais un TF1 ou même un HBO auraient pu se permettre. La contrainte et la concurrence obligent à se bouger les doigts du cul.

Notons que moins Disney à d'obstacles, plus ses productions deviennent molles ! Je suis donc partisan de s'acharner sur elle, jusqu'à ce qu'elle produise un diamant !

avatar e2x | 

@oomu
« ...résultat est que Netflix produit assez régulièrement des trucs fou dingues, pour des publics de niches que jamais un TF1 ou même un HBO auraient pu se permettre. La contrainte et la concurrence obligent à se bouger les doigts du cul. »
+11111
Du coup toutes ces prod venues du Monde.... cela donne un peu de souffle au catalogue de Netflix qui paraît hyper cliché s’il fallait ne se contenter que de prod US. ouff..!. 🥵

avatar oomu | 

"Si J.J. Abrams a refusé de signer un contrat d'exclusivité avec Apple, c'est en partie parce que la Pomme n'avait pas de plan pour diffuser ses films dans les salles obscures."

Notons, pour ceux qui liraient pas en profondeur les articles cités, que le problème de Abrams était un problème AUX USA.

Les logiques de protection des franchises de salles de cinéma sont telles qu'Apple aurait fermé à Abrams l'exploitation de ses films au cinéma.

ça n'a donc pas attendu les Méchants Français Et Leurs Lois Compliquées pour être déjà un problème contractuel et d'opportunité économique entre Réalisateur/Producteur Nord Américain et un Diffuseur Internet Nord Américan avec les Entreprises Nord Américaines de salles de cinéma Nord Américaines.

Les logiques industrielles et leur équilibre, que cela soit par négociation avec ou sans l'intervention politique, existent dans tous les pays ayant un commerce VIVANT.

Notons que le conflit entre exploitants de salles de cinéma et les diffuseurs en ligne est visible jusqu'à Cannes, qui est un marché annuel de la vente de films entre producteurs et diffuseurs.

Que même un américain tel le Steven Spielberg en a une opinion qui fut un brin polémique.

BREF, qu'un Apple se retrouve en obligation de négocier avec le RESTE de l'Industrie, est une Bonne chose.

avatar NicoTx | 

@oomu

Merci pour toutes ces précisions, c’était intéressant :)

avatar informatix33 | 

Savez vous si Apple TV+ sera dispo sur chromecast ?

avatar fondoeil | 

Bon alors, tout ce blabla pour justifier les exceptions culturelles françaises destinées à protéger un monde artistique proche de politiciens démagogues, merci... Le système américain est peut-être nul, mais il exporte ses productions et permet à des sociétés comme Netflix, Google et autres d’exister ! Les mêmes commentateurs encensaient certainement le minitel en le comparant à Internet...
Ras-le-bol de ces nombreux navets, faits entre copains politiquement corrects et financés par les deniers publics, au nom d’une Culture bien pensante...
Mais bon, la France n’est pas prête à se départir de ses lois favorisant l’assistanat plus que la réussite, dans le milieu artistique tout particulièrement...

avatar Khrys | 

"Elle (Apple) pourrait se montrer plus flexible que Netflix, qui exige généralement une sortie simultanée en salle et sur son service."

C'est plus ou moins vrai! Par exemple, le dernier fil de Martin Scorsese sortira dans un nombre limité de salles le 1er novembre aux États-Unis, avant d'être mis en ligne sur Netflix le 27 novembre.

avatar kinon | 

"Ainsi la syndication de séries télés et leur sacro-saint nombre d'épisodes obligatoires pour être rediffusés ailleurs (sinon out !)"
Je ne connaissais pas cette obligation. Mais je comprends mieux alors "l'allongement de la sauce" de beaucoup de séries avec des intrigues surajoutées destinées à faire durer. C'est assez pénible

avatar koko256 | 

Cette loi précise qui veut nous obliger à aller au cinéma est liberticide. Je n'aime pas aller au cinéma (transport, spectateurs pénibles, son trop fort, souvent peu de places pour les jambes, pas de bouton "pause", pas de pizza et de bière). Quand j'en parle, je suis assez isolé, donc je ne pense pas que changer cette loi précise soit mauvaise pour les cinémas. Et peut-être cela les obligera à faire des efforts de confort.

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