Traçage : le gouvernement français demande à Apple de lever les restrictions sur le Bluetooth

Mickaël Bazoge |

Les développeurs français et européens des applications de traçage des contacts se heurtent à une sérieuse difficulté technique concernant l'iPhone. Dans iOS, les applications qui exploitent le Bluetooth en continu doivent rester à l'avant plan et le smartphone doit être toujours allumé. La batterie en prend un coup sur la caboche, et puis l'utilisateur ne peut rien faire de son iPhone au risque de désactiver l'app de traçage (lire : Traçage des contacts : qu'est-ce que c'est et que préparent Apple et Google ?).

Le secrétaire d'État au Numérique, Cédric O, a reconnu l'obstacle devant la commission des Lois du Sénat. « Nous avons besoin qu’Apple modifie cet élément (…) faute de quoi l’application européenne telle qu’elle a été conçue, ne pourra pas fonctionner correctement », a-t-il expliqué dans des propos repris par Public Sénat. Et sans l'aide d'Apple, « toute autre solution qui ne passerait pas par la modification des conditions de fonctionnement [de l'OS] serait une espèce de bricolage », déplore Cédric O.

Le gouvernement a demandé au constructeur qu'il modifie iOS, mais sans grand espoir : « Ce que nous leur demandons, et j’ose espérer qu’ils y répondront favorablement, c’est de faire en sorte d’apporter les modifications techniques impératives pour que les États puissent mettre en place les applications sanitaires qui peuvent être utiles à la lutte contre le virus ». La solution est pourtant en plein développement : c'est l'API commune que développent Apple et Google.

Cette interface de programmation, qui sera remplacée par une intégration bas niveau dans iOS et Android, permet justement aux applications de traçage des contacts d'exploiter le Bluetooth sans les limitations actuelles. Mais cette initiative des deux géants de la tech pose des questions de souveraineté technologique. On craint en effet le stockage des données sur des serveurs qui ne seraient pas sous le contrôle de l'État, comme l'exposait Aymeril Hoang, membre du comité scientifique sur le COVID-19 en charge du numérique.

Concernant les travaux d'Apple et de Google, Aymeril Hoang a évoqué une solution « clé en main », un « package » sur lequel les États n'auraient plus qu'à apposer leur logo : « Sur le plan technique ce sont eux qui définissent le modèle sanitaire, le protocole ». Tout cela n'est pas du goût de la France, qui s'appuie sur la boîte à outils de l'Union européenne en la matière.

L'Inria, qui planche sur l'app StopCovid, et l'institut Fraunhoffer allemand ont mis au point le protocole ROBERT, « respectueux des valeurs européennes » (lire : StopCovid : l'Inria détaille le protocole de traçage qui pourrait être utilisé par l'application). Ce protocole pourra-t-il intégrer l'API commune ? Rien n'est moins sûr, tout comme il n'est absolument pas certain qu'Apple permette le « déblocage » du Bluetooth en dehors du cadre annoncé avec Google.

Si Apple lève les « restrictions », alors l'app StopCovid devrait être prête pour le début du déconfinement, avance Cédric O. Mais dans le cas contraire, « je n’en suis pas certain ».

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avatar Nicolas. | 

Une étude viens de sortir comme quoi le covid-19 aurait un effet néfaste sur le cerveau. Fais-toi dépister, sait-on jamais...

avatar mimot15 | 

Il semble qu'une grosse différence entre l'appli européenne et celle d'Apple-Google est que l'européenne envoit les données sur des serveurs qui les garderont pour traitement tandis que celle d'Apple-Google se contente de stocker en local ? Ca fait quand même une petite différence.. mais l'info peut-être incomplète à ce niveau ?
De toute façon tout ça ne marchera que si les TESTS sont déployés à grande échelle et partout. Vaste programme..

avatar SyMich | 

Non absolument pas. Google et qu'Apple stockent également les données brutes collectées par les smartphones et c'est tout le débat car dans leur proposition il est prévu qu'ils soient propriétaires exclusifs de ces données brutes et ils ne s'engagent qu'à fournir les résultats des traitements et analyses qu'ils feront de ces données brutes.
Les États ne peuvent accepter de se mettre ainsi dans une situation de totale dépendance vis à vis de ces 2 groupes privés pour accéder à ces données sanitaires d'intérêt public mondial dans la gestion, le suivi, l'analyse de la pandémie.

avatar Lirche | 

@SyMich

Mais Apple/Google ne s’engageaient pas à supprimer ces données sous 14 jours ? (C’est de memoire)

avatar mimot15 | 

oui ça me paraît tout à fait logique compte tenu des réglementations européennes (ces réglementations ne sont que très partiellement respectées aux US) mais l'info d'un autre site sur le sujet devait être soit carrément fausse ou incomplète.
Reste aussi à savoir ce qui en sera fait ensuite de toutes ces données ? Les gens avertis ne consentiront à utiliser le programme que s'il y a une assurance que ces données seront leur appartiendront et donc effaçables des serveurs ?
Cf : demande du maire de Nice de l'utilisation des Linky pour pister les locations non autorisées.. où est alors l'engagement pour l'anonymisation des données du Linky et leur utilisation exclusive par Enedis pour la conso et les stats ?

avatar franfran94800 | 

Le pokemon go plus fonctionne en bluetooth a l’arriere plan iPhone verrouillé... humhum... 🙄🙄

avatar byte_order | 

@franfran94800
Parce qu'il est *préalablement* appairé !
Mais, là, il est impossible de demander d'appairé chaque appareil détecté en BT durant les déplacements des gens.

avatar oomu | 

je ne vois rien à y redire.

L'industrie doit restreindre les machines, et j'apprécie que bluetooth ne puisse fonctionnement totalement en arrière plan (ou cela doit être avec une TOTALE maitrise de l'utilisateur)

et j'apprécie qu'un Etat ne puisse contrôler ou imposer ses souhaits sur les machines et l'industrie privée.

Globalement, je me satisfait de toute situation où _toute_ autorité (quelle qu'elle soit et qu'elle que soit sa nature, privée, publique, communautaire, TOUTES) est limitée.

Bref, très bien.

-
Et concernant les "données privées", aucune solution basée sur un stockage par qui que ce soit (apple, le macroné du jour ou ma grand mère) ne me satisferait.

avatar Nicolas. | 

idem

Tout ça pour une application qui demande à être installée sur plus de smartphones que Whatsapp pour être efficace... il faut être sérieux 5 minutes

avatar byte_order | 

J'ai pas grand doute que si on dit au gens que telle app protège du covid-19, elle sera plus installée que Whatsapp.

Y'a quand même la moitié de l'humanité qui est confinée depuis des semaines, hein.
Le problème de l'installation massive n'est pas un problème.
Le problème c'est le rapport risque / intérêt de l'app.

Dans un cas purement hypothétique, si quelqu'un arrivait a convaincre massivement que telle app protège a 98% du covid-19, mais que les effets indésirables sont que votre activité sera moins anonyme, y'aurai une adhésion massive quand même.

Les médicaments à prendre sont rarement une expérience sympa. Leur effet indésirable non plus. Pourtant, face à n'importe quelle promesse d'éviter ce qui fait *peur*, les gens les prendront en ultra majorité.

D'où l'importance de vérifier les "gains promis" autant que les "risques".

Y'a un truc qui existe pour cela, je crois. Une approche vaguement scientifique, il me semble.
Ah, oui. La transparence sur les essais et leurs résultats et leur partage.

Qui, dans cette affaire de tracing social, fait preuve le plus de cette transparence ?
Ceux qui poussent des propositions de protocoles ou ceux qui poussent leur infrastructure propriétaire, en l'attachant à une API seule habilitée à exploiter le BT comme il le faudrait ?

La transparence, c'est ça le contrôle final.

avatar Nicolas. | 

"Le problème de l'installation massive n'est pas un problème."
Écrire sous forme affirmative ne la rendra pas plus juste. Il y a plein de facteur qui font que le taux d'installations a un palier, il sera beaucoup plus bas que celui de WhatsApp pour garder cet exemple.
Ensuite StopCovid n'a jamais prétendu "protéger du covid-19", elle pousse simplement les personnes potentiellement infectées à se faire diagnostiquer et se confiner si le résultat est positif.

avatar maxime101286 | 

En meme temps, qu'ils commandent en avance des roues de déambulateurs...

Mais est-ce qu'il y aura une vague de marcheurs certes à la déferlante ralentie, mais aux mollets rigides ?
Verront-ils venir la vague des tintébins ? Ce qu'il y a de bien, les deux mains seront occupés, donc, les boutiques pourront rester ouverts.

Ce qui me semble désolant, c'est que les deux majors des os mobile se mettent d'accord pour répondre à l'urgence, et proposer une solution pour les Etats....

Et bien pourquoi pas faire gouvOS et voilà ? un truc bien laid, bien compliqué, bourrés d'acronymes en tout genre...
( Mais zero failles, zero users, zero infections)

Il est vrai que c'est assez dérangeant que cette administration trouve du temps pour cette polémique au lieu de le passer au téléphone pour commander, répartir des masques, du gel, ...

Répondre à l'urgence ?
Mais...oui et non, répondre, c'est tout un programme ! (Semestre 1 de l'ENA.)

Et meme temps, pourquoi pas passer commande d'une collection ? 1)

Avec des spots TV (pour soutenir les TV, et en meme temps, éduquer, rééduquer les Francais. ) entre deux épisodes palpitants de Capitaine Marleaux ...

1) Un model grand public (avec variante éducation - genre l'élastique interchangeable, afin que chaque élève puisse conserver le sien. Et pas creuser le budget des enseignants cgt) , le model "grand public premium", le"pro light" , le "pro", l'Enterprise Advanced, etc.... Et la version soutient au collectivité....décliné en jaune, et insonorisé.

bref

avatar comboss | 

Je ne mettrai jamais à jour alors

avatar Sphox | 

Euh les gars, ils savent très bien qu'elle sert à rien cette application. C'est juste une façon de détourner un peu l'attention en faisant croire qu'ils font quelque chose et éviter les classiques questions "Où sont les masques", "où sont les tests".

avatar Riki | 

Pour rien au monde j’installerai ça. Je serai bien curieux de connaître le QI cumulé des
Personnes qui ont pondu cette idée.

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