Avec l’iPhone 6, l'iPhone entre dans la cour des grands. L'écran 4", utilisable à une main, est du passé. Avec son écran 4,7", le nouveau smartphone d'Apple prend une nouvelle dimension. Dans la Galaxy des appareils haut de gamme, l'iPhone ne fait plus figure de Petit Poucet. Faut-il pour autant se réjouir de cette normalisation ? L'iPhone 6 n'est-il qu'un iPhone plus grand ? Réponses dans notre test.
[MàJ] : iPhone 6 : le re-test
Sommaire
- Un design et une fabrication exceptionnels... à quelques détails près
- Un écran digne des plus grands
- Un appareil photo et une caméra qui s'améliorent
- Des performances de pointe et une connectivité sans fil plus rapide
- Une autonomie en hausse et le mot de la fin
Un design et une fabrication exceptionnels... à quelques détails près
Jamais l'iPhone n'avait autant grandi. Apple avait pris son temps (six générations) pour passer l’écran de l’iPhone de 3,5 à 4", tout en s'assurant que cela ne change pas la manière de l'utiliser — comprenez, qu'il reste manipulable à une main. L'iPhone 5 ne bouleversait pas non plus le design en s'inscrivant clairement dans la lignée de l'iPhone 4.
Avec l'iPhone 6, Apple opte pour un design radicalement différent, mais pas inconnu. Les principales caractéristiques du nouvel iPhone sont celles de l'iPod touch de dernière génération : finesse, bords arrondis... et appareil photo qui dépasse.
Après plusieurs jours d'utilisation, notre avis n'a pas changé par rapport à nos premières impressions : en main, l'iPhone 6 est très agréable. Les chanfreins polis donnent certes un cachet tout particulier à l'iPhone 5, mais ils s'abiment aussi facilement et sont un peu tranchants.
L'iPhone 6, lui, repose dans la main sans créer le moindre inconfort. Une excellente préhension qui doit aussi au fait que les bords de la face avant sont également arrondis. La dalle de verre qui protège l'écran déborde légèrement sur le pourtour. Les doigts glissent donc jusque sur les tranches sans accroc. La fluidité d'iOS — qui fait appel à de nombreux gestes qui débutent en dehors de l'écran — se prolonge jusqu'au bout des doigts, une sensation vraiment agréable.
L'écran n'est pas protégé par du saphir synthétique, mais par du « verre renforcé Ion-X ». Ce verre renforcé est cinq à huit fois plus solide que du simple verre flotté, ce qui ne le rend pas incassable pour autant. Une chute du mauvais côté et la vitre se transforme en mosaïque. On n'a toujours pas trouvé mieux qu'un étui pour prévenir ce risque, mais on perd alors la sensation de douceur des bords. On se retrouve donc face à un dilemme cornélien : profiter du confort des nouvelles courbes avec le risque de casser l'iPhone à la première chute, ou le protéger en se privant d'une utilisation qui n'a jamais été aussi fluide.
D'autant que l'augmentation de la taille prête le flanc à quelques maladresses. Non pas que l'iPhone 6 ne tienne pas bien en main, mais il faut prendre de nouvelles habitudes. Le bouton marche/arrêt a changé de place, notamment. Positionné sur le côté droit, il tombe directement sous le pouce.
Les boutons de volume sont toujours au même endroit, sur le bord gauche, mais ils ont été allongés afin d'être plus facilement accessibles. Inchangé, le commutateur pour le mode silencieux est l'unique bouton à ne pas être utilisable à une main. Il est trop éloigné de l'index (ou du pouce, si l'on tient l'iPhone de la main gauche) pour être actionnable. Un désagrément vraiment mineur compte tenu de sa faible fréquence d'utilisation.
En revanche, nous avons remarqué sur un iPhone 6 et un iPhone 6 Plus de la rédaction que ce commutateur n'était pas parfaitement assemblé. Dans n'importe laquelle de ses deux positions, il bouge très légèrement. Quand on secoue l'appareil, on entend un petit cliquetis. Cela ne gêne en rien son utilisation et toutes les unités ne sont pas concernées, mais à plus de 700 € le smartphone, on est en droit d'atteindre des finitions exemplaires... surtout que nous avions déjà repéré un problème similaire sur l'iPhone 5s. C'était son bouton d'allumage, bougeant très légèrement, qui provoquait un cliquetis similaire quand on secouait le terminal.
En dehors de cette anicroche, la finition est excellente. Le bouton d'accueil, qui cache Touch ID, est plus franc que celui de l'iPhone 5s. L'aluminium anodisé du dos est magnifique. Dommage qu'Apple ait éclairci le coloris gris sidéral qui, selon l'éclairage, peut être confondu avec l'argent. Le logo de la marque est une petite pièce en métal inoxydable encastrée dans la coque. La pomme reflète la lumière et change donc de teinte. Dans un environnement bien éclairé, elle peut servir de miroir miniature.
Toujours au dos, les fameuses bandes en plastique. Même accordées à la couleur de l'aluminium, ces bandes n'en restent pas moins bien visibles. Relativement larges, elles viennent quelque peu casser l'impression de finesse qui émane du smartphone. Ces bandes en plastique sont insérées dans la coque et servent de pont pour les antennes. Certes, à choisir entre un iPhone qui ne capte pas et un iPhone avec des bandes moches qui capte, le choix est vite fait. Toujours est-il que l'on pouvait escompter une solution plus séduisante de la part d'Apple. À plus forte raison qu'un autre fabricant, HTC, est parvenu à bien (ou mieux) intégrer ces bandes à son One (M8).
L'objectif de l'appareil photo qui dépasse est également clivant. Valait-il mieux épaissir tout le téléphone pour que l'objectif soit parfaitement intégré (on aurait alors retrouvé l'épaisseur de l'iPhone 5s) ? Fallait-il mieux rogner sur l'appareil photo pour conserver une finesse uniforme ? Bien que cela ne soit pas très joli et confère à l'iPhone 6 un aspect bancal quand il est posé à plat, Apple a sûrement fait le bon choix. L'appareil photo est en net progrès par rapport à la génération précédente et la finesse accrue n'est pas qu'un caprice de Jonathan Ive.
C'est grâce à ses 6,9 mm de profondeur que le smartphone n'est pas si encombrant que cela dans une poche. Il l'est un peu plus qu'un iPhone 5, mais il s'agit là encore d'une question d'habitude. Après quelques jours passés avec un iPhone 6 dans la poche, on s'accommode de son format supérieur. Tous les pantalons dans lesquels on glisse habituellement notre iPhone 5 n'ont eu aucun problème à accueillir un iPhone 6 à la place.
Un écran digne des plus grands
« Pas juste un écran plus grand. Un meilleur écran », promet Apple. Un discours appuyé par le fait que l'écran Retina HD, c'est son nom, emploie un nouveau procédé, des pixels à double transistor. Les sous-pixels de la dalle IPS ne sont plus arrangés sur une grille stricte, mais sont légèrement inclinés. Cela permet de compenser les légères variations dans le rétroéclairage ou la colorimétrie, et d’améliorer encore un peu plus les angles de vue.
Concrètement, la colorimétrie (l’intégralité du spectre sRGB est gérée) et les angles de vue sont excellents, ce qui était déjà le cas sur les précédents iPhone. La luminosité maximale est la même que sur les iPhone 5 (500 cd/m2). Dans la pratique, on a bien affaire à une luminosité similaire : les niveaux minimum et maximum sont les mêmes. En plein soleil, l'iPhone 6 est aussi (il)lisible. Au moins, il dispose d'un nouveau filtre polarisant qui améliore la lisibilité pour les porteurs de lunettes polarisantes.
Là où l'iPhone 6 se démarque des générations précédentes, c'est sur le contraste. De 800:1, il passe à 1 400:1. La différence est sensible sur les photos et les vidéos : les couleurs sont mieux détachées les unes des autres et les noirs plus profonds. L'écran de l'iPhone 5s, dont on n'avait pas à se plaindre jusque là, devient assez terne. Ce contraste supérieur est d'autant plus important que le grand écran de l'iPhone 6 fait que l'on voit plus facilement les détails.
On en vient à la taille de cet écran, sa principale attraction. Toujours au format 16:9, il fait 4,7", une taille commune chez la concurrence. Les smartphones haut de gamme de Samsung, HTC et compagnie tournent maintenant plutôt autour de 5", mais on trouve toujours des terminaux de 4,7". C'est notamment le cas de l'excellent Moto X de 1ère génération et du très récent Galaxy Alpha. Ces deux appareils ont une définition (1 280 x 720 pixels) et une résolution (312 ppp) légèrement inférieures à celles de l'iPhone 6.
- iPhone 6 : 138,1 x 67 x 6,9 mm (129 g)
- Moto X 2013 : 129,4 x 65,3 x 5,7 -10,4 mm (130 g)
- Galaxy Alpha : 132,4 x 65,5 x 6,7 mm (115g)
Comparé à ces deux modèles, l'iPhone 6 n'est pas le plus compact. Il est à la fois le plus large et le plus long. Le Moto X est le plus épais des trois, mais son dos bombé rend sa prise en main très agréable... et son appareil photo ne dépasse pas.
Alors que le Moto X est utilisable à une main même pour ceux qui ont de petites mimines, ce n'est pas le cas de l'iPhone 6. Sauf à avoir de grandes paluches, donc, il faut se servir de sa seconde main pour accéder aux boutons situés en haut de l'écran.
Dans les cas où on ne peut pas utiliser sa deuxième main, parce qu'on s'accroche dans un bus par exemple, la fonction Accès facile est censée nous venir en aide. Elle est disponible de n'importe où en touchant deux fois (sans cliquer) le bouton d'accueil. L'interface descend alors et se met à portée du pouce. Cette fonction dépanne, mais elle ne rend pas l'iPhone 6 aussi pratique à utiliser à une main qu'un iPhone 5.
Suivant l'action que l'on réalise, l'Accès facile réagit différemment. Si l'on fait défiler le contenu d'une app, l'interface reste descendue jusqu'à ce qu'on ne touche plus l'écran pendant une seconde ou deux. Si on tapote sur un bouton de la barre supérieure, l'interface remonte immédiatement... ou reste descendue. Cela dépend en fait du bouton. Dans Mail par exemple, toucher le bouton de retour fait remonter l'interface, tandis que les boutons pour passer au courrier suivant ou précédent laissent l'interface à portée de pouce. Cette fonction se révèle au bout du compte confuse et mériterait des améliorations.
Le changement de taille s'accompagne d'un changement de définition. L'écran Retina HD de l'iPhone 6 a une définition de 1 334 x 750 pixels pour une résolution de 326 ppp similaire à celle de l'iPhone 5. Les textes et les images sont parfaitement définis et les pixels pas distinguables individuellement.
Avec les écrans Retina, les développeurs et les graphistes travaillent en @2x : l’écran 1 136 x 640 px de l’iPhone 5s comporte 568 x 320 points. Cette largeur logique de 320 points évolue pour la première fois avec l'iPhone 6 et l'iPhone 6 Plus. Elle passe à 375 points, une valeur impaire qui signifie l’arrêt de mort de la conception au pixel près : il va désormais falloir travailler avec des proportions et des rapports, et laisser le système construire l’interface en fonction.
Qui dit plus grande définition, dit plus de contenu. C'est bien le cas pour les applications d'Apple. Mail affiche un courrier et demi de plus, les captures d'écran dans l'App Store sont visibles en intégralité sans défiler, des heures et des jours supplémentaires sont affichés dans l'application Météo, etc. Sans même ouvrir une application, on remarque immédiatement qu'une ligne supplémentaire d'apps est disponible sur l'écran d'accueil.
Il va sans dire qu'un écran plus grand est toujours appréciable quand il s'agit de regarder des photos ou un film. De même pour les jeux vidéo ; on en profite mieux sur un écran plus large. D'autant que le haut-parleur est plus puissant, mais il manque vraiment de basses. Espérons que Dr. Dre comble cette carence un jour.
Néanmoins, ce contenu supplémentaire n'est pas encore vrai pour toutes les applications. Il faut en effet que les développeurs mettent à jour leurs logiciels pour qu'ils s'adapent à la définition supérieure. Sans ce travail, les versions 1 136 × 640 pixels des apps iOS 7 et antérieurs sont mises à l'échelle des 1 334 x 750 pixels de l'écran Retina HD.
Ces applications non optimisées sont faciles à repérer : toute l'interface est grossièrement agrandie et moins bien définie. Cela concerne aussi la barre des menus et le clavier qui deviennent démesurés. Le résultat n'est pas très heureux et il faudra attendre plusieurs semaines, voire mois avant que la plupart des apps soient adaptées (lire : Quand la culture du secret joue des tours à Apple).
Enfin, l'iPhone 6 dispose d'une vue Zoom. Activée, l'écran Retina HD se comporte comme un écran d'iPhone 5 : il affiche 1 136 × 640 pixels (568 × 320 points). Tous les éléments sont alors plus grands. C'est très pratique pour les personnes qui ont des problèmes de vue. De plus, les applications qui ne sont pas optimisées pour les écrans Retina HD sont parfaitement définies, puisque c'est comme si elles tournaient sur un iPhone 5.
Un appareil photo qui s'améliore
Si on jette seulement un coup d'œil aux caractéristiques de l'appareil photo de l'iPhone 6, on ne voit pas de différence par rapport à celui du 5s : capteur 8 mégapixels avec des pixels de 1,5 µm et une ouverture à ƒ/2,2. Et pourtant, il y a bien du changement. Le capteur intègre un système d’autofocus à détection de phase, beaucoup plus rapide et précis que l'autofocus à mesure de contraste que l'on retrouve dans pratiquement tous les compacts (lire : iPhone 6 : un appareil photo qui (se) dépasse).
Et ça marche. Le capteur Focus Pixel permet de réussir plus souvent des photos de sujets en mouvement. On doit aussi cela au processeur de traitement numérique du signal (DSP). Celui-ci examine les quatre prises de vue qui ont été réalisées en un temps extrêmement bref (on ne parle pas du mode rafale mais bien du mode photo classique), élimine les plus floues et fusionne les autres, afin d’obtenir un cliché le plus net possible.
Contrairement à l'iPhone 6 Plus, l'iPhone 6 n'intègre pas de système de stabilisation optique. Sa stabilisation numérique ne démérite pas pour autant, comme on l'a vu dans un précédent article (lire : Premières photos (et vidéos 240 i/s) avec l’iPhone 6 et l’iPhone 6 Plus).
Les photos de l'iPhone 6 ont plus de piqué et moins de bruit que celles des précédentes générations. Ce n'est pas encore cette année que l'iPhone remplacera un reflex d'entrée de gamme, mais l'amélioration est appréciable.
De tous les smartphones que nous avons pu tester, l'iPhone 6 est celui qui a le meilleur appareil photo. La mise au point et la prise de cliché sont ultra rapides, et le rendu final est rarement décevant.
La détection des visages est plus rapide et le flash True Tone évite toujours de rendre le sujet trop blanc. C’est surtout quand les conditions lumineuses se détériorent que l’on voit la différence : sur cet exemple pris sans flash, l’iPhone 5 est bien plus bruité que l’iPhone 6 (cliquez pour voir la différence).
Le mode panoramique prend maintenant des photos jusqu'à 43 mégapixels. Un panoramique complet fait 13 632 x 2 936 pixels contre 10 800 x 2 414 pour l'iPhone 5. Logiquement, le poids du fichier augmente : d'environ 10 Mo, il passe à 15 Mo.
La caméra FaceTime, celle à l'avant de l'iPhone, ouvre maintenant à ƒ/2,2 (contre ƒ/2,4) et dispose d'un mode rafale. De quoi prendre de plus jolies selfies.
Des vidéos au ralenti
L'iPhone 5s avait introduit le ralenti à 120 images par secondes. L'iPhone 6 poursuit dans cette voie avec du 240 images par secondes en 720p. Le résultat est sans surprise encore plus... lent.
Ce ralenti à 240 i/s permet de prendre l'ampleur d'une jolie figure... ou d'une gamelle.
Pour les vidéos plus traditionnelles, l'iPhone 6 est capable de filmer en 1080p à 60 i/s. Seule la partie centrale du capteur étant utilisée pour filmer, les photosites environnants offrent une marge sur laquelle empiéter pour diminuer l’effet des mouvements — c’est une autre forme de stabilisation numérique, qui a fait ses preuves depuis des années.
La mise au point automatique continue fonctionne très bien. Elle réduit le temps de mise au point de la caméra et permet donc de ne rater aucune action du sujet.
Des performances de pointe
Apple avait frappé fort en équipant l'iPhone 5s du premier processeur mobile 64 bits. Le 64 bits ne permet pas seulement de gérer 4 Go de RAM et plus — l'iPhone 6 ne dispose d'ailleurs toujours que d'un seul giga-octet —, il améliore les performances des applications optimisées. D'après les mesures effectuées par Ars Technica, les applications 64 bits qui tournent sur l'A7 ont des performances en moyenne 30 % supérieures aux apps 32 bits.
Le SoC A8 de l'iPhone 6 s'inscrit logiquement dans la lignée de son prédécesseur. Il est constitué de deux cœurs Cyclone cadencés à 1,4 GHz, contre 1,3 GHz pour l'A7. L'A8 est gravé en 20 nm, contre 28 nm pour le précédent. Une finesse qui le rend plus économe en énergie, mais nous y reviendrons plus tard. Selon Apple, il est jusqu'à 25 % plus rapide. D'après nos différents benchmarks, les performances augmentent de 10 à 20 %.
En utilisation concrète, cela se traduit par une fluidité et une rapidité du système à toute épreuve. Nous n'avons pas noté le moindre ralentissement — en revanche, iOS 8 contient encore un bon lot de bugs graphiques.
Comme d'habitude, Apple a fait appel à un PowerVR d'Imagination pour le GPU. Ce GPU prend en charge l'ASTC, un format de compression de texture de nouvelle génération qui n'est pas supporté par le modèle Series 6 du fondeur qui équipe l'A7.
Les jeux les plus exigeants graphiquement tournent à merveille et on sent que l'A8 en a encore sous le pied. Comme toujours, il faudra attendre quelques mois avant de voir arriver les jeux qui exploitent toutes les capacités du GPU. La nouvelle API graphique de bas niveau Metal est d'ailleurs tout spécialement là pour ça.
Le GPU supporte par ailleurs le codec H.265/HEVC. Apple utilise ce codec, qui garantit une qualité vidéo du même ordre que celle du H.264 mais en divisant par deux les débits nécessaires, avec FaceTime sur le réseau cellulaire.
Lors du keynote, Phil Schiller a insisté sur la capacité de l'A8 à maintenir ses performances dans la durée. Il faut en effet savoir que les processeurs ajustent automatiquement, au bout d'un certain temps, leur fréquence à la baisse pour éviter une surchauffe qui endommagerait les composants. Les smartphones Android ne tournent ainsi jamais tout le temps à 2,3 GHz, comme leur fiche technique pourrait le laisser croire. Dans les processeurs pour ordinateur, Intel fait d'ailleurs la distinction entre la fréquence de base et la fréquence maximum (Turbo Boost).
Selon Apple, donc, l'A8 ne dégrade pas ses performances au fil du temps. Une affirmation contredite par Ars Technica. Avec une version spéciale de Geekbench, le site a pu mesurer la cadence du processeur sur 30 minutes. Exploité à fond, le processeur de l'iPhone abaisse sa fréquence dès la deuxième minute. Il descend peu à peu sa cadence jusqu'à la sixième minute environ où il trouve un plateau à 1,2 GHz. On constate ensuite une chute soudaine à la 17e minute puis une remontée quelques minutes plus tard.
Les performances en continu de l'A8 sont donc sujettes au même bridage que l'A7. Il faut souligner que c'est un phénonème normal qui concerne tous les smartphones et que la fréquence de l'A8 reste dans tous les cas supérieure à celle de son prédécesseur. Le gain de vitesse est donc bel et bien présent, sans compter que la diminution des performances est retardée par rapport à l’A7.
Le coprocesseur change aussi de numéro. Le M8 gère les données de l’accéléromètre, du gyroscope, de la boussole et du nouveau baromètre. Ce dernier sert à mesurer le nombre d'étages montés dans les escaliers et à suivre l'altitude lors d'une ascension en montagne. Ces mesures sont notamment visibles dans Podomètre++, qui les verse ensuite dans l'app Santé. Les premières données recueillies par le baromètre sont surprenantes : il n'a compté les étages montés et descendus que samedi et ces mesures ne sont même pas exactes.
Du sans fil plus rapide
Une bonne connectivité sans fil est primordiale pour un smartphone. Ça tombe bien, Apple l'a sensiblement améliorée dans l'iPhone 6. D'abord, il prend en charge le Wi‑Fi 802.11ac. À condition d'être équipé d'une connexion en fibre optique et d'un routeur récent, on a une vraie Formule 1 entre les mains. Le débit maximal est quasiment multiplié par 2,5. À la rédaction (une Time Capsule distribue une connexion fibre), le téléchargement d'un jeu d'un peu plus de 400 Mo prend 3min 30 sur un iPhone 5. Sur l'iPhone 6, le téléchargement prend seulement 1min 25.
Il y a aussi du nouveau concernant le modem. L'iPhone 6 est équipé d'une puce Qualcomm MDM9625 de catégorie 4. Bien qu'Apple ne le mentionne nulle part sur son site, il s'agit d'une puce LTE-A, et pas seulement LTE. La différence entre les deux technologies réside dans la capacité au LTE-A à agréger des porteuses. Autrement dit, elle permet de combiner des bandes de fréquences pour atteindre des débits supérieurs. L'iPhone 6 est capable de gérer jusqu'à 150 Mbit/s de cette façon.
En France, Orange et Free Mobile font du 150 Mbit/s sans agrégation de porteuse (LTE "tout court", donc) grâce aux fréquences 2 600 MHz. Cela ne réduit pas pour autant l'intérêt du LTE-A. L'agrégation de porteuses est une chance supplémentaire d'atteindre des débits élevés. De fait, nous avons constaté des débits généralement supérieurs avec l'iPhone 6 sur le réseau de Bouygues Telecom à Lyon, une ville où la 4G+ (le nom commercial de la LTE-A) commence à être déployée. Apple parlant toujours de LTE, l'iPhone n'affiche malheureusement pas de logo « 4G+ » ou « LTE-A » quand il est connecté de cette façon au réseau.
À noter que les smartphones Android qui sont compatibles LTE-A sont équipés, eux, d'un modem de catégorie 6. Cela veut dire qu'ils supportent jusqu'à 300 Mbit/s. Dans l'Hexagone, les opérateurs viennent tout juste de démarrer le déploiement de la 4G+ et elle se limite actuellement à 225 Mbit/s. Bouygues Telecom prévoit de faire grimper les débits jusqu'à 330 Mbit/s dès l'année prochaine. Il s'agit évidemment de débits théoriques qui ne sont quasiment jamais atteints dans la pratique, mais qui peut le plus peut le moins, et à ce petit jeu (qui ne concernera qu'une toute petite minorité de consommateurs dans les mois à venir), l'iPhone 6 n'est pas le mieux loti.
À l'opposé de ces débits qui font rêver, il nous semble que l'iPhone 6 fonctionne mieux en EDGE que ses prédécesseurs. On capte généralement mieux avec lui qu'avec un iPhone 5s.
Enfin, l'iPhone 6 intègre une puce NFC. Réservée à Apple Pay, elle ne sert à rien actuellement en France, puisque le service de paiement est disponible uniquement aux États-Unis (lire Apple Pay rebat les cartes bleues). Reste à voir si Apple compte rendre disponible cette puce un peu plus tard aux développeurs, comme elle l'a fait avec Touch ID. Cela permettrait par exemple de jumeler rapidement un iPhone avec un smartphone Android ou un accessoire sans fil, mais ce serait aussi ouvrir potentiellement la porte aux autres services de paiement (Google Wallet, PayPal...).
Pour conclure cette partie, l'iPhone est véritablement devenu un bon téléphone. Non seulement il est plus rapide, mais il capte mieux selon nos premières impressions — à confirmer dans notre re-test dans les prochains mois. Et cela a un impact positif sur l'autonomie...
Une autonomie en hausse
L'autonomie a toujours été le point faible de l'iPhone. Alors que certains smartphones Android se pavanaient avec leurs deux jours d'autonomie, il était difficile de passer la journée avec l'iPhone quand on l'utilisait un tant soit peu. L'iPhone 6 inaugure une batterie de 1 810 mAh (3,82 V pour 6,91 Wh), alors qu'il fallait se contenter de 1 560 mAh sur l’iPhone 5s.
Mesurer l'autonomie n'est pas facile, car chacun a des usages bien différents. D'après nos tests menés par plusieurs personnes, l'iPhone 6 tient un peu plus d'une journée, là où les générations précédentes rendaient l'âme plus tôt.
Le temps d'une journée, nous avons pu prendre une trentaine de photos, tourner 5 minutes de vidéos, relever les mails, lire des RSS, jouer une demi heure et utiliser un peu Google Maps, sans que la batterie ne se décharge complètement. Après une nuit en veille, la batterie était à 5 %. En gros, on peut utiliser toutes les fonctions de l'iPhone (Bluetooth, géolocalisation, notifications, push mail...) et être en mesure de tenir une journée.
iOS 8 dispose d'une fonction très utile pour identifier les apps qui consomment le plus (Réglages > Général > Utilisation > Utilisation de la batterie). Nous avons observé que quand la batterie était sur le point de s'éteindre, la durée d'utilisation était entre 6 et 7 heures, et la durée en veille d'environ 1 jour. Bien sûr, ces chiffres varient en fonction des apps que l'on utilise.
En résumé, à usage égal, l'iPhone 6 a une meilleure autonomie que l'iPhone 5s, et c'est tant mieux. Il consomme moins d'énergie aussi quand il est rangé dans une poche et qu'on est en mouvement. L'iPhone 6 Plus explose, lui, tous les résultats. Nous y reviendrons en détail dans son test à venir. La recharge de l'iPhone 6 prend un peu moins de 2 heures.
Pour conclure
« Bigger, Better, Faster, Stronger » aurait pu être le slogan de l'iPhone 6. Plus grand, il l'est assurément avec son écran de 4,7", sans pour autant être démesuré comme le 6 Plus. Meilleur, c'est un adjectif qui s'applique notamment à son appareil photo. Plus rapide, c'est le cas pour son processeur A8 et sa connectivité sans fil. Enfin, la somme de toutes ces améliorations, avec en outre iOS 8, rendent l'iPhone 6 plus fort.
L'iPhone 6 est sans aucun doute le meilleur iPhone sorti jusqu'à présent. Il n'est pas sans défaut ; l'appareil photo qui dépasse et les bandes dans le dos sont des bizarreries inhabituelles. Mais il s'agit de défauts vraiment mineurs en regard de tout ce que l'on gagne. L'iPhone 6 prend la relève haut la main.